"Les journalistes doivent affronter de nombreuses privations et difficultés en zone de guerre. Nous sommes profondément inquiets du fait que, désormais, la faim menace leur survie", indiquent l'Agence France-Presse, l'américaine Associated Press, la canado-britannique Reuters et la chaîne britannique BBC News dans une déclaration conjointe.
"Nous exhortons une nouvelle fois les autorités israéliennes à autoriser l'entrée et la sortie des journalistes à Gaza. Il est essentiel que des vivres en quantités suffisantes parviennent à la population sur place", insiste ce texte.
Ces médias internationaux se disent "profondément préoccupés par la situation" de leurs journalistes à Gaza, "qui peinent de plus en plus à subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles et d'eux-mêmes". "Ces journalistes indépendants ont été les yeux et les oreilles du monde sur le terrain à Gaza. Ils font désormais face aux mêmes conditions dramatiques que celles des populations qu'ils couvrent", soulignent-ils.
L'ONU et les ONG ont poussé un cri d'alarme sur le risque de famine à Gaza. Les témoignages de journalistes en grande détresse à Gaza se sont multipliés ces derniers jours. Ils évoquent une faim extrême, un manque d'eau potable et une fatigue physique et mentale croissante, qui les contraignent parfois à réduire leur couverture de cette guerre.
"Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique" des conditions de vie de plusieurs collaborateurs de l'AFP et "leur situation est aujourd'hui intenable", affirmait un communiqué de cette agence de presse lundi, tandis que sa Société des journalistes alertait du risque de les "voir mourir".
Après avoir assiégé Gaza en octobre 2023, Israël a imposé au territoire un blocus total début mars, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
Le Committee to Protect Journalists (CPJ), organisation indépendante américaine, a aussi réclamé mercredi qu'Israël cesse d'affamer les journalistes et les populations civiles à Gaza.
"Le monde doit désormais agir: protéger (ces professionnels), les nourrir, leur permettre de se rétablir pendant que d'autres journalistes arriveraient pour les épauler", a pressé la directrice régionale du CPJ, Sara Qudah, dans un communiqué.
Depuis fin 2023, les seuls journalistes ayant pu se rendre dans la bande de Gaza à partir de l'extérieur y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à la censure militaire.
Pour la France, le "risque de famine" à Gaza est "le résultat du blocus" imposé par Israël.
"Il s'agit d'une pénurie provoquée par le Hamas", a déclaré le porte-parole israélien, David Mencer, en accusant le mouvement palestinien d'empêcher la distribution et de piller l'aide.
Le Hamas a toujours rejeté de telles accusations.
L'ONG Reporters sans frontières affirmait le 7 mai que "l'armée d'Israël a tué près de 200 journalistes, dont au moins 44 dans l'exercice de leurs fonctions", dans la bande de Gaza.