Elle aurait pu être classée parmi des faits divers sans importance ou, tout au plus, insolites, si la grosse farce de ce triste énergumène, sa cupidité et sa stupidité n’avaient pas brisé les espoirs de ceux qui avaient cru en lui et même coûté la vie à d’autres.
Il y aurait certes lieu de se réjouir du fait d’avoir mis le faux toubib, faux cardiologue, faux chirurgien et faux professeur en fac de médecine (son autre titre) hors d’état de nuire. Mais ce qui met du coup un bémol à cette petite, mais légitime satisfaction, c’est qu’il y a tant de faux qui courent toujours. Et pas qu’en médecine.
Il y a plus grave. Il y a ceux qui ont bel et bien fait de vraies et authentiques études, qui ont plus ou moins brillamment soutenu, et qui ont tout aussi bien que bon nombre de confrères compétents, honnêtes et dévoués, prêté Serment, mais qui ont de toute évidence oublié les nobles recommandations d’Hippocrate et jusqu’à son existence. Ceux-là, et peu en importe le nombre ou la proportion, infectent et dénaturent l’image de marque d’une corporation qui se doit de les dénoncer et même de les rejeter.
Un médecin qui, depuis qu’il a quitté la fac, n’a jamais plongé le nez dans quelque bouquin ayant trait à sa profession ou à sa spécialité, ou quelqu’un qui ne s’est jamais soucié de prendre part à quelque congrès ou réunion de formation ou de recyclage, est-ce un vrai ou un faux ?
Un médecin censé être responsable de quelque service, quand ce n’est pas de tout un établissement hospitalier ou un CHU qui refuse un lit à un malade en phase cruciale sous le prétexte fallacieux de « manque de place », mais qui se fait plus coopératif pour un autre cas parce qu’il y aurait eu un coup de fil copain ou imposant, ou parce que… (on n’ose le penser). Serait-ce un responsable qui se respecte ?
Un médecin qui passe des heures et des heures, tout au long de journées, de semaines, des mois et des années que compte un calendrier normalement confectionné, dans ses chantiers bien à lui ou ses propres fabriques et qui n’ont rien à voir ni de près ni de loin avec la médecine et ses nobles objectifs, ou encore dans ses fermes contemplant arbustes juteux et bétails généreux, bien à lui… est-il un adepte d’Hippocrate, un promoteur immobilier intéressé ou un vulgaire affairiste, un businessman toutes options ?
Heureusement qu’il nous reste les honnêtes gens qui font honneur à la confrérie et qui sont loin d’être une minorité.