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Journée internationale des forêts


Chady Chaabi
Mercredi 21 Mars 2018

En commémoration de cet évènement, placé cette année sous le thème « Forêts et villes durables », nous allons conclure notre exploration des massifs forestiers, à travers la découverte de trois espèces enracinées au Royaume, le cyprès de l’Atlas, le sapin du Maroc et le thuya de Berbérie. 


Le cyprès de l’Atlas
Longtemps considéré comme une variété du cyprès commun, il a fallu attendre l’expertise du botaniste et biogéographe français, Marcel-Henri Gaussen, pour que le cyprès de l’Atlas soit élevé au rang d’espèce.
Proliférant en Asie et en Amérique du Nord, il peut également, du haut de ses 30 m, être observé autour de la Méditerranée. Dans cette partie du globe, il existe une subspontanée qui est le cyprès toujours vert, et trois espèces introduites : le cyprès de l’Arizona, le cyprès Lambert et le cyprès de Goa. L’une des caractéristiques du cyprès de l’Atlas, se matérialise à travers ses deux variétés, l’une intitulée horizontale et l’autre pyramidale.
Au Maroc, on peut le contempler sur une étendue de 6.000 ha sur le versant nord du Haut Atlas, dans la forêt de l’Aghbar vers le Tizi n’Test, dont le sommet culmine à plus de 2000 m d’altitude. Ainsi, il peut aisément s’adapter à des conditions drastiques. Bien qu’il soit xérophile, à savoir peut vorace en eau, il peut aussi prospérer dans des climats assez humides.
En s’intercalant entre le thuya en bas et le chêne vert en haut, le cyprès de l’Atlas s’élève entre 1.000 et 2.000m au-dessus du niveau de la mer. Au cours du demi-siècle que dure généralement sa vie, il partage sa superficie avec le genévrier rouge au sein d’une atmosphère de climat semi-aride penchant vers le froid.
Les riverains du Haut Atlas sont des fervents utilisateurs de son bois. Ils l’utilisent comme perches et bois de services, mais encore pour fabriquer les planchettes d’école coranique. Plus surprenant, le bétail s’en délecte puisqu’il lui est servi comme nourriture.
Malheureusement, le cyprès de l’Atlas est classé parmi les 17 espèces forestières mondiales dont le patrimoine génétique s’appauvrit. Alarmante, sa régression est aujourd’hui la conséquence d’une forte pression, résultant de la combinaison de prélèvement excessif de bois et des ressources naturelles au même titre que des facteurs liés à la sécheresse ou encore l’impact des ravageurs des cônes et des graines.

Le sapin du Maroc :
Même si phonétiquement, « Abies », la seconde appellation du sapin du Maroc invoque ces créatures tout droit sorties des romans « Wayward Pines » de Blake Crouch, la comparaison s’arrête là. Car si les «Abies» dans ladite œuvre imaginaire sont des aberrations de la nature, le sapin du Maroc est quant à lui un cadeau inestimable. Très répandu dans la moitié nord du globe terrestre, et notamment le sapin argenté ou sapin des Vosges qui est l’une des grandes essences forestières d’Europe, il l’est tout autant en Asie et en Amérique (sapin de Vancouver), à l’instar du contour méditerranéen, en Grèce, en Turquie et évidemment au Maroc (Abies marocana).
Endémique dans le Royaume, cette espèce est exclusivement observable dans les montagnes de Chefchaouen où elle couvre quelques milliers d'hectares (3.800 à 5.500) et plus précisément sur les hauteurs de Talassentane. Une localisation qui sied parfaitement à la prolifération des forêts de sapin, c’est-à-dire entre 1.600 et 2.100 m d’altitude.
Fortement menacées par les champignons, les forêts de sapin au Maroc, n’ont certes pas la même qualité de bois que celle du cèdre. Lourd et souvent noueux, il n’est pas pour autant moins utilisé pour la menuiserie courante, la caisserie ainsi que pour la confection des traverses de chemin de fer.

Le thuya de Berbérie
Les deux petites stations situées à Malte et Almeria en Espagne, n’éclipsent pas la réalité qui fait du thuya de Berbérie une espèce quasi-exclusivement enracinée en Afrique du Nord. Outre quelques hectares en Libye, Tunisie et Algérie, c’est dans le Royaume qu’est localisé cet arbre qui occupe la troisième place du classement des massifs forestiers du pays, dominé par le chêne vert et l’arganier en termes de superficie. Sa distribution géographique s’y présente sous trois blocs distincts.
Le bloc oriental et du Moyen Atlas comprend les boisements du Maroc oriental, du Rif et ceux du Moyen Atlas. Au sud du détroit Sud rifain, le thuya ne couvre qu’une petite surface dans la grande zone forestière du Moyen Atlas. On le trouve dans la région de Taza, à El Aderj et dans la vallée du Guigou. Il est absent à Azrou et Itzer et ne réapparaît que vers Khénifra.
Le bloc central est caractérisé par des thuyas s’étendant aussi bien dans les vallées de l’Oued Beht et de l’Oued Grou que dans celles des cours d’eau côtiers entre Rabat et Casablanca.
Le bloc méridional jouit, quant à lui, de la plus grande masse de thuya. Il constitue dans le Haut Atlas une frange à la base du chêne vert.
Tolérant à une pluviométrie réduite (entre 350 et 400 mm), on ne le verra  jamais en haute altitude à cause de son aversion au froid. Il est plutôt friand du bord de mer, avec une altitude maximum de 1.800 m. Une exigence altitudinale qui tranche avec celle du point de vue sol, puisqu’il est indifférent à l’humidité et à la composition chimique de ce dernier.
Prisé dans l’antiquité, le bois de thuya est un matériau d’une rare beauté, servant principalement à la production du bois de service, bois de mine, perches et occasionnellement comme bois de menuiserie fine et d’ébénisterie. Il peut aussi offrir un bois de chauffage et son charbon léger est de bonne qualité. Cependant, comme tout autre flore dans le monde, le thuya a un féroce opposant, le feu d’incendie. Et quand il survient, mû par sa remarquable capacité de rejeter des souches même après incendie, à y résister ; les défrichements et les mutilations graves,  conséquences de la récolte d’une gomme, la sandaraque, entretiennent le danger de disparition qui le menace.


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