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En marge de la 28ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, qui a eu lieu récemment, John Hodian, fondateur de l’Ensemble Naghash (Arménie), a partagé, dans un entretien à MAP, les fondements de la démarche artistique unique du groupe.
Il a expliqué comment son ensemble tisse des liens entre des influences musicales variées, la manière dont les poèmes médiévaux de Mkrtich Naghash prennent vie aujourd'hui, et la résonance de leur musique avec le thème des "Renaissances" de cette édition du festival.
Votre musique mêle des influences très diverses, allant du chant lyrique classique aux mélodies folk arméniennes, en passant par le jazz et la pop. Comment parvenez-vous à créer une harmonie entre ces univers musicaux si différents ?
Pour être honnête, je ne planifie pas consciemment ce mélange d'influences. Toute notre musique est construite autour des textes d'un poète et prêtre arménien du Moyen-Âge, Mkrtich Naghash. J'ai consacré quinze ans à mettre ses poèmes en musique. Mon approche n'est pas de me dire "Tiens, ici, ça devrait sonner folk arménien, là, plutôt jazz." Bien sûr, ces sonorités peuvent émerger, mais ce n'est pas un objectif en soi. Je réponds simplement aux mots, musicalement. Ce qui en découle est le fruit de cette réponse.
Parfois, cela peut évoquer la musique néo-classique, parfois des formes populaires, ou encore une musique spirituelle très ancienne, qu'elle soit arménienne ou européenne. Ma propre formation est celle d'un compositeur classique occidental, mais j'ai grandi dans un foyer arménien, imprégné de musique folklorique et spirituelle. Etant une personne contemporaine, arménienne mais ayant grandi à New York, toutes ces influences, la culture new-yorkaise, la musique spirituelle ancestrale d'Arménie, se combinent naturellement pour donner naissance à notre son.
Les textes que vous interprétez sont issus des poèmes de Mkrtich Naghash, prêtre et poète du Moyen-Âge. Qu’est-ce qui vous touche particulièrement dans sa poésie, et comment la rendez-vous vivante et actuelle pour le public d’aujourd’hui?
Mkrtich Naghash était à la fois poète et prêtre, vivant à Diarbékir, aujourd'hui en Turquie. A cette époque, bien que sous domination musulmane, des chrétiens, y compris des Arméniens, ainsi que des Arabes et des Juifs, cohabitaient. Cette coexistence, initialement pacifique, s'est malheureusement dégradée. Naghash, qui avait une immense influence en tant que prêtre et guide spirituel pour de nombreux Arméniens, a été contraint à l'exil. Il est mort sans jamais revoir ses fidèles.
Ce qui nous reste de lui, ce sont quinze poèmes. Ce qui me touche profondément, c'est qu'ils représentent une sorte de testament, le résumé d'une vie de sagesse, écrits alors qu'il quittait tout, sans savoir si quiconque les lirait un jour. Ce sont, en quelque sorte, ses dernières paroles. Curieusement, il n'est pas très connu, même en Arménie. Pour moi, ces poèmes sont d'une beauté et d'une profondeur exceptionnelles, et c'est cette dimension que nous essayons de rendre vivante et pertinente pour le public d'aujourd'hui, en transmettant l'émotion et la sagesse qu'ils contiennent.
Le Festival de Fès célèbre cette année le thème des «Renaissances». En quoi votre projet artistique s’inscrit-il dans cette idée de renaissance, tant sur le plan musical que spirituel ?
Le thème des "Renaissances" est très inspirant. Je l'interprète comme une idée de renouveau, une floraison de la culture et de l'esprit. Nous ne pouvons qu'espérer que de nombreuses renaissances continueront de se produire. L'histoire est faite de cycles (nous traversons des périodes sombres, puis des périodes lumineuses), des moments de régression, suivis par des élans de croissance formidable.
Notre projet artistique s'inscrit dans cette idée en cherchant à apporter quelque chose de positif et d'édifiant. Dans nos concerts, nous essayons de transmettre cette dimension spirituelle et émotionnelle. Face aux aspects sombres du monde, il y a toujours des choses positives. La question est '’de quel côté choisissons-nous d'être?’’, C'est une décision consciente à prendre. Personnellement, je trouve que je dois refaire ce choix chaque matin.
Il est facile de se laisser submerger par le négatif, mais nous essayons, à travers notre musique, de viser quelque chose de plus élevé, d'offrir un espace d'espoir et de connexion. C'est notre manière de contribuer à une forme de "renaissance" intérieure et, espérons-le, collective.
Il a expliqué comment son ensemble tisse des liens entre des influences musicales variées, la manière dont les poèmes médiévaux de Mkrtich Naghash prennent vie aujourd'hui, et la résonance de leur musique avec le thème des "Renaissances" de cette édition du festival.
Votre musique mêle des influences très diverses, allant du chant lyrique classique aux mélodies folk arméniennes, en passant par le jazz et la pop. Comment parvenez-vous à créer une harmonie entre ces univers musicaux si différents ?
Pour être honnête, je ne planifie pas consciemment ce mélange d'influences. Toute notre musique est construite autour des textes d'un poète et prêtre arménien du Moyen-Âge, Mkrtich Naghash. J'ai consacré quinze ans à mettre ses poèmes en musique. Mon approche n'est pas de me dire "Tiens, ici, ça devrait sonner folk arménien, là, plutôt jazz." Bien sûr, ces sonorités peuvent émerger, mais ce n'est pas un objectif en soi. Je réponds simplement aux mots, musicalement. Ce qui en découle est le fruit de cette réponse.
Parfois, cela peut évoquer la musique néo-classique, parfois des formes populaires, ou encore une musique spirituelle très ancienne, qu'elle soit arménienne ou européenne. Ma propre formation est celle d'un compositeur classique occidental, mais j'ai grandi dans un foyer arménien, imprégné de musique folklorique et spirituelle. Etant une personne contemporaine, arménienne mais ayant grandi à New York, toutes ces influences, la culture new-yorkaise, la musique spirituelle ancestrale d'Arménie, se combinent naturellement pour donner naissance à notre son.
Les textes que vous interprétez sont issus des poèmes de Mkrtich Naghash, prêtre et poète du Moyen-Âge. Qu’est-ce qui vous touche particulièrement dans sa poésie, et comment la rendez-vous vivante et actuelle pour le public d’aujourd’hui?
Mkrtich Naghash était à la fois poète et prêtre, vivant à Diarbékir, aujourd'hui en Turquie. A cette époque, bien que sous domination musulmane, des chrétiens, y compris des Arméniens, ainsi que des Arabes et des Juifs, cohabitaient. Cette coexistence, initialement pacifique, s'est malheureusement dégradée. Naghash, qui avait une immense influence en tant que prêtre et guide spirituel pour de nombreux Arméniens, a été contraint à l'exil. Il est mort sans jamais revoir ses fidèles.
Ce qui nous reste de lui, ce sont quinze poèmes. Ce qui me touche profondément, c'est qu'ils représentent une sorte de testament, le résumé d'une vie de sagesse, écrits alors qu'il quittait tout, sans savoir si quiconque les lirait un jour. Ce sont, en quelque sorte, ses dernières paroles. Curieusement, il n'est pas très connu, même en Arménie. Pour moi, ces poèmes sont d'une beauté et d'une profondeur exceptionnelles, et c'est cette dimension que nous essayons de rendre vivante et pertinente pour le public d'aujourd'hui, en transmettant l'émotion et la sagesse qu'ils contiennent.
Le Festival de Fès célèbre cette année le thème des «Renaissances». En quoi votre projet artistique s’inscrit-il dans cette idée de renaissance, tant sur le plan musical que spirituel ?
Le thème des "Renaissances" est très inspirant. Je l'interprète comme une idée de renouveau, une floraison de la culture et de l'esprit. Nous ne pouvons qu'espérer que de nombreuses renaissances continueront de se produire. L'histoire est faite de cycles (nous traversons des périodes sombres, puis des périodes lumineuses), des moments de régression, suivis par des élans de croissance formidable.
Notre projet artistique s'inscrit dans cette idée en cherchant à apporter quelque chose de positif et d'édifiant. Dans nos concerts, nous essayons de transmettre cette dimension spirituelle et émotionnelle. Face aux aspects sombres du monde, il y a toujours des choses positives. La question est '’de quel côté choisissons-nous d'être?’’, C'est une décision consciente à prendre. Personnellement, je trouve que je dois refaire ce choix chaque matin.
Il est facile de se laisser submerger par le négatif, mais nous essayons, à travers notre musique, de viser quelque chose de plus élevé, d'offrir un espace d'espoir et de connexion. C'est notre manière de contribuer à une forme de "renaissance" intérieure et, espérons-le, collective.