La démarche du département aux destinées duquel préside le tandem Benmoussa-Hassar est tout aussi inédite que dangereuse. Inédite, parce que le ministère de l’Intérieur – nouveau gardien du temple et de la vertu, désormais seul à même de juger des approches relatives au statut des Marocaines- fait savoir avec une rare diligence qu’il n’accorderait pas de récépissé pour une antenne marocaine de NPSM, si jamais ces dernières venaient à en formuler la demande. Dangereuse en raison même de la démarche. Ici le ministère se fait juge et partie, décide, seul, de la légitimité d’une demande de la création du bureau local d’une association. La justice est probablement invitée à regarder ailleurs. Selon le nouveau concept de l’autorité, le département de l’Intérieur est un ministère comme les autres. Un ministère développeur, de proximité et au service du citoyen.
Avec une telle décision –qui pourrait se justifier si la démarche avait été autre, c’est-à-dire non construite sur le sécuritaire mais concertée- les services de Chakib Benmoussa ouvrent la voie à toutes les interrogations. Le ministère de l’Intérieur est-il le seul dépositaire et garant du statut de la Marocaine ? Est-il le gardien du politiquement correct relatif au dossier des femmes de ce pays ? A-t-il demandé l’avis de Nouzha Skalli, la ministre en charge de la Famille ? A-t-il procédé à un sondage du mouvement féminin marocain, histoire de connaître sa perception de « Ni pute ni soumise » ?
Non, rien de tout cela n’a été fait. A l’Intérieur, on a préféré couper court à tout débat, tuer dans l’œuf toute éventuelle polémique, éviter les cris d’indignation des Tartuffe tout en barbes et voiles. Un communiqué est tombé. Comme un couperet. Les vieilles habitudes ont la vie dure autant que les mentalités rétives.