Incohérences linguistiques


AHMED SAAIDI
Mercredi 22 Juillet 2009

D’après les enseignants qui ont corrigé les épreuves de la première année du Baccalauréat, nos élèves ne maîtriseraient guère les subtilités de la langue française. Leurs copies auraient été tellement truffées de fautes d’orthographe qu’elles en seraient devenues incompréhensibles. Comment en sont-ils arrivés là ? Qui leur a fait croire que le langage des SMS et autres emails fait partie du bon usage ? Les questions sont certes nombreuses, mais la réponse est presque toujours la même. A quelques variantes près. La faute d’une telle décrépitude incomberait à la fois aux incohérences de la politique suivie par l’Etat en matière de réforme de l’enseignement, qu’à celle suivie par les instances chargées de la normalisation de cette langue étrangère, mais dominante au Maroc.
Le premier volet de la réponse a été tellement ressassé par les médias nationaux, qu’on évitera de l’évoquer en ces temps où le farniente et les langueurs océanes retiennent plus l’attention que les sempiternels problèmes de l’école marocaine.
Quant au second volet de la réponse, il mérite, de par son caractère anecdotique, d’occuper les discussions mondaines de certains plaisanciers en mal de débats.
Ceci d’autant plus que la question de la réforme de l’orthographe fait actuellement débat tant en France qu’en Belgique et ailleurs.
Normal. La langue française est une langue vivante qui s’enrichit chaque jour de mots et de concepts nouveaux. Il est également normal que l'orthographe évolue. Au cours des derniers siècles, elle a connu plusieurs réformes, dont certaines très importantes. C'est pourquoi, lorsqu'on lit aujourd'hui un texte de Voltaire, on le lit généralement dans une édition dont l'orthographe a été modernisée. En revanche, et contrairement à la langue qui évolue naturellement, l'orthographe n'évolue que très peu, voire pas du tout d’elle-même.
C'est pourquoi l'Académie française et les instances francophones compétentes ont élaboré des rectifications de l'orthographe qui touchent deux-mille mots environ.
Mais là où le bât blesse, c’est que les modifications proposées ne sont pas imposables aux usagers de cette belle langue que les aléas de l’Histoire nous font adopter et que nous utilisons dans un strict respect de sa logique et de ses règles.
Une incongruité ? Tout simplement une incohérence qui n’est pas sans nous rappeler que notre système d’enseignement en compte tellement qu’il n’arrive plus à se dépêtrer des malheurs qu’il ne cesse de générer pour les générations montantes.


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