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Hassan Kharij, un créateur dans la ville

Dans son showroom r’bati, ce conseiller en images détourne le traditionnel et réinvente la modernité


Narjis Rerhaye
Mardi 26 Mars 2013

Hassan Kharij, un créateur dans la ville
«Je ne suis pas un décorateur, ni un architecte d’intérieur. Je suis conseiller en image, quelle que soit l’image ». Hassan Kharij plante le décor et, justement, la décoration est un monde qu’il a su apprivoiser, adapter, détourner. L’homme s’est fait une prédilection, celle de détourner les éléments, les récupérer, les replacer exactement là où ils ne sont pas attendus. Des mariages inattendus, où la briquette se mêle à un lustre customisé. A l’évidence, Hassan Kharij aime à sortir du cadre. Et désormais son cadre est entre Paris, où il vit et travaille depuis 1989, et Rabat où il vient tout juste d’ouvrir son showroom. Un appartement au centre-ville, au dernier étage d’un immeuble qui date des années 1950, avec une vue imprenable sur les murailles en cours de restauration de Bab Al Had. « J’ai entièrement refait cet appartement, et j’ai essayé d’y montrer tout ce que je sais faire en termes de réaménagement et de décoration. Une sorte d’échantillon vivant puisque j’y vis quand je suis à Rabat et que je propose aux gens. Je m’adapte à tous les budgets, l’essentiel est de trouver le style qui conviendrait le mieux à la personne qui sollicite mes conseils», explique ce spécialiste en relooking qui, en France, a collaboré à des émissions de télé-réalité comme « Star Academy », « Bachelor » ou encore « L’île de la tentation ».
 Dans le monde de Hassan Kharij, les carrelages fabriqués à l’ancienne avec du ciment et du sable trouvent leur place dans les salles de bains. Les galets deviennent des anti-dérapants qui n’ont pas leurs pareils dans une douche. Détournée des façades de villas, la pierre noire du Jorf investit son intérieur. Des coussins à l’effigie de Marylin Monroe sont jetés sur les banquettes d’un salon posé sur du moucharabieh. Dans une ambiance très Andy Warhol, les éléments de l’artisanat ont trouvé toute leur place. « Mais il fallait d’abord les détourner, les revisiter, les malaxer, les marteler ! », s’exclame ce passionné de la matière, y compris celle la plus simple et la plus modeste qu’il déniche à Salé, à « Souk El Kalb ». Martelée et vernie, la  briquette  habille le mur du salon. Des broderies bien de chez nous se font embrasses de rideau. Sur un mur, la calligraphie arabe se confond avec un papier aux motifs noirs et blancs. « J’aime mixer le traditionnel qui regorge de très belles choses avec le moderne. J’aime bousculer le traditionnel et en même temps le moderniser, le personnaliser » dit ce conseiller en image.
A Rabat et Salé, Hassan Kharij aime à déambuler dans les ruelles, les venelles, les souks et tous ces marchés de l’inattendu où « la clinique de la cocote minute » côtoie les brodeuses aux fils d’or. Il hume le temps, les traditions, les tendances.
Puise son inspiration dans ces mètres et mètres de tissus qu’il n’en finit pas de toucher.  Mais il ne résistera  pour rien au monde à la tentation de mettre sa touche, son empreinte, sa signature.
Diplômé de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat, actuel ISIC, Hassan Kharij ne s’est jamais destiné au journalisme. A Paris, il décroche un DES en sociologie de la communication. Et comme souvent le hasard fait bien les choses, celui  des stages qu’il effectue le conduit tout droit au monde de l’événementiel entre mode, mannequinat et stylisme.  Une amie, Barbara Layachi, l’une des fondatrices de « caftans du Maroc », finit de lui mettre le pied à l’étrier. Il prend alors son envol et fonde sa propre boîte « Créastylekharij ». « Le journalisme mène à tout mais à condition de vraiment en sortir ! » s’exclame-t-il.
Aujourd’hui, H. Kharij a choisi de faire le voyage à l’envers,  tenter l’expérience à Rabat, donner à voir ce qu’il sait faire dans son pays d’origine. « J’ai des compétences et j’ai eu envie de les mettre au service de mon pays. Le Maroc est un pays moderne, un pays qui se développe très vite. Je trouve dommage que ce savoir-faire des artisans se perde. C’est pour cela que j’ai voulu le récupérer à ma manière ».  Et à sa manière, les objets, les étoffes de rideaux ou de couvre-lits, les lustres retrouvent vie et un cachet entre ici et ailleurs.


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