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Censé protéger le consommateur contre la pratique illégale et non réglementée de la profession, le projet de loi n° 25-14, viserait selon l’ONMD « dentiste, mécanicien dentaire, ingénieur dentiste, technicien dentiste, denturologue, arracheur de dents, fabricant de dents… des titres que s’octroient les charlatans qui travestissent la profession de médecine dentaire et celle des prothésistes dentaires professionnels pour abuser le citoyen», comme indiqué dans le communiqué.
Afin de justifier sa montée au créneau, l’ONMD avance l’argument de nuisance à la bonne santé publique : «Plus de 3300 faux médecins dentistes mettent quotidiennement la vie des citoyens en danger, entraînant par leurs pratiques moyenâgeuses, des maladies infectieuses et contagieuses pouvant causer des handicaps et dans certains cas la mort ».
S’il est difficile de vérifier les chiffres avancés, le danger sanitaire confine en revanche à l’évidence. En atteste le décès d’un enfant suite à de graves complications, après extraction d'une dent chez un prothésiste dentaire qui exerçait sous le nom d’un dentiste à la municipalité d'Oued Laou, selon le site ‘’le 360’’.
Pour sa part, le Syndicat des prothésistes dentaires entend apporter des amendements audit projet de loi. Une manœuvre assimilée à une campagne de désinformation de la part de l’Ordre national des médecins dentistes « Cette tentative, que l’ONMD dénonce, est vaine. En effet, les membres honorables de la Chambre des conseillers ne sauraient se laisser tromper par cette duperie, qui ne cherche qu’à atténuer la gravité d’un grand problème de santé publique», s’insurge le président de l’Ordre. Et d’ajouter : « Néanmoins, il faut le préciser, l’amendement escompté par ces charlatans est à prendre au sérieux. Ce serait une voie vers la reconnaissance et la normalisation d’une pseudo-profession qui représente un grand fléau de santé publique pour le Maroc. »
A vrai dire, cette inquiétude n’est pas uniquement animée par le danger sanitaire représenté par l’exercice illégal de la médecine dentaire, le courrier envoyé par la Fédération dentaire internationale (FDI) à l’ONMD, y est certainement aussi pour quelque chose. En effet, à travers sa présidente, la FDI, une ONG qui regroupe 900.000 médecins dentistes dans 137 pays pour faire la promotion d’une santé bucco-dentaire saine pour tous les peuples, a exprimé son indignation à l’encontre de l'exercice illégal de la médecine dentaire au Maroc. «J’ai été surprise de savoir que certains faux pratiquants pouvaient toujours exercer et même se mettre en avant dans les médias. Sachant que le Maroc, doté de sa nouvelle Constitution, cherche à protéger l'intégrité physique de ses citoyens, en leur offrant des soins sûrs et de qualité », conclut-elle dans une diatribe qui pose question. Forcément.
Certes on ne peut nier que certaines traditions marocaines ont la dent dure, à l’instar du fameux arracheur de dents dans les souks des régions les plus éloignées du pays. Mais malgré des conditions d’hygiène qui laissent à désirer, force est de constater qu’ils soulagent bien des souffrances. Le mal de dents n’a ni frontière ni statut social. Il concerne tout le monde. Donc admettons que le Maroc parte en croisade contre ces arracheurs de dents, seront-ils remplacés par des médecins dentistes réglementés ? Ces derniers auront-ils vraiment envie d’ouvrir leurs cabinets dans les contrées les plus éloignées et enclavées du Royaume ? La question mérite d’être posée, ainsi que celle liée aux prix pratiqués par les médecins dentistes, qui sont souvent exorbitants et poussent parfois le citoyen à prendre le risque de passer par d’autres circuits.
Une chose est sûre, la volonté de combattre l’exercice illégal de la médecine dentaire au Maroc, soutenue par l’ONDM est parfaitement justifiée, comme le projet de loi n° 25-14, notamment dans les zones urbaines, là où l’offre dépasse par endroits la demande. Toutefois, il serait judicieux de trouver un substitut à cette pratique illégale, et non pas la combattre seulement, dans les régions les plus isolées notamment.