France : l'étranger, ce mot qui dérange


Par M'barek Housni
Lundi 30 Août 2010

 Faute politique ? Manœuvre électorale ? Démarche sécuritaire ? Relance du débat républicain ? Ou décision dans l'ordre et les prérogatives présidentielles ? Ce sont-là les questions « graves » qui font les unes et les éditos des journaux français depuis bien des jours en cet août pluvieux, suite aux déclarations du Président français sur la déchéance de la nationalité pour les Français d'origine étrangère (récemment naturalisés aux yeux d'une frange de la droite), et ce, suite à l'agression dont ont été victimes des policiers à Grenoble dans un quartier dit sensible.
Un événement qui vient se greffer sur l'expulsion des Roms, ces romanichels européens de surcroît mais itinérants et jaloux de leur indépendance et qui habitaient dans des baraques insalubres.
 Et le débat est lancé. Chacun y va de son point de vue. Les uns décortiquent les dessous de l'expression, les autres puisent dans les annales de droit tandis que les troisièmes parlent de principe et de morale.
Mais tout le monde est d'accord qu'il y a une gaffe quelque part et de taille et qui remet en question bien des acquis ! La politique se trouve mêlée à l'individualisme, à la surenchère, à un combat entre partis et sensibilités de tout bord.
Mais rien n'est tranché. Et la question se pose et beaucoup de Français se la posent: Est-ce que les incidents cités ci-haut ont vraiment l'ampleur qu'on veut leur donner ? Sont-ils aussi dangereux qu'ils sont prétendus l'être ? Et que vient faire l'immigration une fois de plus dans tout cela ?
 En fait, des accrochages entre les forces de l'ordre et des voyous sont toujours prévisibles. Surtout dans les quartiers pauvres. Ces démunis dont la pauvreté peut engendrer des réactions violentes!
Vieux dilemme de la pauvreté et de l'étalage des signes de richesses.
 Ceci d'une part, par contre expulser un Européen, appartenant à un pays membre de l'Union européenne soulève aux yeux de tous un problème d'un genre nouveau. A quoi sert d'appartenir à l'Union si on ne peut pas y circuler librement ou résider dans l'un ou l'autre pays selon le choix?
Evoquer cette population itinérante, c'est l'européanisme entier qui est mis entre parenthèses et repensé à la lumière de la présence de ces Européens « différents ».
 Ainsi c'est comme si l'identité de l'Européen se définit de nouveau, ici en France, ou plutôt on essaie de la mettre sur le tapis. A dessein. Et c'est la question du comment qualifier ceux qui vivent en Europe et qui créent problème par la difficulté de leur situation. Que cela soit lié à l'appartenance au pays d'origine extra-européen qui a une autre coutume et une autre culture que l'arrivant apporte avec lui, ou par le mode de vie considéré comme différent de la « normale » et des acquis consensuels de la république. Bref, l'Européen nouveau et ancien mais qui dérange une certaine quiétude acquise et admise. Et on le sait depuis belle lurette, tout passe par l'autre que moi !
 Mais le fait est qu'ici à Paris les choses et les gens sont autres. C'est une ville qui offre un panorama de populations venues de tous les coins du monde. Une image différente de ce que le débat cité ci-haut occulte ou ne reflète pas tellement.
 Les Chinois dans les boutiques de fringues le long de l'avenue Voltaire, côté Bastille. Les Hindous vendeurs de souvenirs de Paris à Montmartre ou dans les petites boutiques d'alimentation. Les Arabes qu'on trouve tenanciers de cafés, vendeurs, épiciers un peu partout comme à Saint-Ouen.
Les Africains vendeurs de souvenirs, eux aussi, comme ils s'en trouvent du côté de la tour Eiffel ou faisant bien d'autres boulots… Et tout ce bon monde mouvant affiche ses habits d'origine, sa langue maternelle. Et personne ne s'en offusque. Apparemment. Ils sont là et ils sont Français ou résidents. A se demander s'il y a vraiment un problème dans ce très beau pays de l'égalité, de la fraternité et de la liberté !


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