France Gall, poupée des sixties et muse du musicien Michel Berger


Mardi 9 Janvier 2018

De la jeune fille au timbre acidulé des années 60 à l'interprète de talent des mélodies du musicien Michel Berger, de "Poupée de cire, poupée de son" à "Babacar", la populaire chanteuse France Gall a traversé plusieurs époques de la chanson française.
Depuis la mort brutale à 44 ans de son époux Michel Berger, en août 1992, suivie cinq ans plus tard de celle de leur fille, France Gall n'avait plus guère chanté.
Quelques enregistrements et quelques concerts dans les années 90 avant un long silence dont elle était sortie en 2015 pour défendre un projet qui lui tenait à cœur: la comédie musicale "Résiste" remettant au goût du jour les tubes du couple, jouée à Paris puis partout en France.
Un spectacle dans lequel elle apparaissait en vidéo - mais pas sur scène - comme narratrice se souvenant de son Pygmalion.
Avant d'être la "groupie" préférée de Michel Berger, France Gall, née le 9 octobre 1947 à Paris sous le prénom d'Isabelle, fut la "poupée" du compositeur Serge Gainsbourg, qui lui écrit en 1964 "N'écoute pas les idoles" et "Laisse tomber les filles".
La jeune fille blonde aux joues d'enfant prête encore son rire à Gainsbourg pour "Pauvre Lola" et le parolier et compositeur lui écrit bientôt "Poupée de cire, poupée de son", chanson avec laquelle elle remporte l'Eurovision en 1965 (pour le Luxembourg) et qu'elle chantera en six langues dont le japonais.
La blessure vient avec un autre titre de Gainsbourg, "Les Sucettes" (1966), dont elle ne saisit les allusions très équivoques qu'avec les moqueries et le scandale: "Je ne l'aurais jamais faite, cette chanson, si on m'avait expliqué le sens", confiera-t-elle.
A ce moment, la jeune Isabelle Gall n'a pas encore 20 ans mais déjà un solide passé musical, notamment grâce à son père, le chanteur et parolier français Robert Gall. Celui-ci a notamment écrit des chansons pour Edith Piaf ("Les amants merveilleux", 1960) ou Charles Aznavour ("La mamma", 1963).
"Mon père m'a entraînée très jeune dans les coulisses des spectacles, ma mère jouait du violoncelle, mon oncle de l'orgue, mes frères de la guitare", se souvenait celle dont le grand-père maternel, Paul Berthier, était aussi compositeur de musique liturgique.
A 16 ans, plutôt que de redoubler, elle chante "Ne sois pas si bête" (1963), d'emblée un succès.
Son directeur artistique Denis Bourgeois la rebaptise "France" pour la différencier d'une autre chanteuse et sera à l'origine de la collaboration avec Serge Gainsbourg.
Parallèlement, France Gall chantera aussi "Sacré Charlemagne" (1964) dont les paroles ont été écrites par son père, encore un succès pourtant initialement chanté à contre-coeur par peur du ridicule.
Dans ces années 60 virevoltantes, elle a une brève liaison avec le chanteur populaire Claude François auquel leur rupture inspirera la célèbre chanson "Comme d'habitude". Après "Bébé Requin" (1967), sa carrière piétine.
Elle vit cinq ans avec un autre chanteur de renom, Julien Clerc, puis le quitte. Il chantera "Souffrir par toi n'est pas souffrir".
En 1973, la rencontre avec le musicien et chanteur Michel Berger va ouvrir un nouveau chapitre. C'est "La déclaration d'amour" (1974), l'album "France Gall" et un mariage le 22 juin 1976 suivi du duo "Ça balance pas mal à Paris".
Ils auront deux enfants, Pauline en 1978 et Raphaël en 1981.
"Le bonheur dans ce métier, je l'ai trouvé avec Michel", dit France Gall qui lui doit de nouveaux tubes - "Tout pour la musique", "Résiste", "Il jouait du piano debout", "Débranche", "Diego libre dans sa tête", "Cézanne peint".
Elle retrouve la scène avec un orchestre féminin (1978), participe à l'opéra-rock "Starmania" (1979), chante avec Elton John ("Donner pour donner", 1980). L'époque est à l'humanitaire, le couple s'investit en Afrique, achète une maison à Dakar et signera la chanson "Babacar", inspirée par la détresse d'une famille sénégalaise très pauvre rencontrée par le couple.
Mais le malheur guette. Le 2 août 1992, deux mois après la sortie de leur album "Double jeu", Michel Berger meurt à 44 ans d'un infarctus. Un cancer du sein frappe France Gall l'année suivante. Elle continue encore la scène mais se retirera après la mort de leur fille Pauline, emportée par une mucoviscidose en 1997.


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