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Entretien avec l'artiste peintre Youssef Satouri : “Ma devise philosophique consiste à croire en l'absolu relatif et au relatif absolu”


PROPOS RECUEILLIS PAR Rachida Alami
Mardi 2 Novembre 2010

Entretien avec l'artiste peintre Youssef Satouri :  “Ma devise philosophique consiste à croire en l'absolu relatif et au relatif absolu”
Youssef Satouri est un artiste peintre
qui vit en Italie à Agrigente.
Il a commencé
très jeune à exposer ses toiles, à Fès
alors qu'il avait à peine accédé à la Faculté de Dhar El Mehraz. Sa carrière d'artiste l'a amené aux différentes
galeries nationales,
françaises,
espagnoles
et italiennes.
Il est actuellement en train de préparer sa contribution
à la Biennale de Venise de 2011. Entretien.

Libé : Quel regard portez-vous sur la scène des arts plastiques marocaine depuis l'Italie, pays où vous vivez?

Youssef Satouri : Bien sûr, j'ai eu ma petite expérience dans mon pays. Elle représente mes repères de base pour toute compréhension de cette scène qui n'a jamais cessé d'être riche culturellement et pauvre matériellement. On ne peut s'empêcher de comparer, d'essayer d'établir des formes de différences et de similitudes avec la scène locale, car la scène européenne s'est développée comme un grand émetteur en se transformant d'abord en géant récepteur ! Et c'est la richesse de cette ''réception'' qui manque de développement sérieux dans notre culture. Une réception a deux sens : l'autre culturellement indépendant et nous culturellement dépendant. Car, on a l’impression d'une forme de cloisonnement qui se dégage de ce libre arbitre qui doit concerner toute forme de création artistique, qui d'ailleurs n'a jamais cessé de se développer malgré tout. On peut  faire le constat avec Chaibia comme exemple, qui s'est formée en contact avec la réalité marocaine mais s'est développée grâce  à cette réception culturelle européenne ! C'est pour cela qu'il nous est très difficile de mettre en place un vrai ministère de la Culture, des manifestations culturelles authentiques qui ne cloisonnent pas nos ''traditions'' mais les mettent à nu sans aucune raison d'avoir peur de l'Autre. La liberté est le principe absolu de toute création artistique. Dans le domaine de l'art, il faut aborder tous les sujets sans pudeur et laisser le public porter son propre jugement. 

Quelle influence ont les tendances artistiques italiennes sur votre style ?

J'essaye d'être ouvert à toutes les tendances, qu’elles soient européennes, africaines, américaines…. car ce qui compte, c'est d'arriver à un résultat, celui de participer à la liberté de création et de la défendre sur le plan culturel. Ce qui fait que devant les tendances italiennes, je me sens plus africain par des formes arabes pour les mouvements et méditerranéen pour les couleurs.

De quelle tendance êtes-vous le plus proche en matière d'art plastique ?

J'essaye d'être plus proche de l'art moderne, car j'ai la sensation d'indépendance et de faire tout ce que je veux et ce que je peux. 

Vos toiles sont pleines de corps féminins dans leur abstraction la plus large, comment expliquez-vous ce choix artistique ?

D'abord au niveau de la forme, le corps féminin représente l'extase dans la conception culturelle masculine. Au niveau mouvement, c'est la représentation la plus parfaite de l'homme. Concernant la couleur c'est plus complexe. A mon avis, c'est la couleur de notre culture arabe, dans laquelle on est toujours en conflit infini pour la quête de la liberté. Ainsi j'y suis motivé par le symbole parfait, le plus complexe de notre liberté culturelle. Dès qu'on représente le corps de la femme sur la scène, on se situe déjà dans le conflit. Sur la scène européenne, c'est une forme de confirmation, mais au niveau arabe en général, c'est une forme d'engagement.    

Arrivez-vous déjà à vous situer sur la scène artistique italienne ?

Ce qui rend la création artistique plus excitante, c'est qu'elle est une aventure très hasardeuse et à haut risque personnel. Il faut un certain temps pour se placer sur la scène, malheureusement il n'y a pas que le facteur de la création, il y en a d'autres, et dès lors qu'on est étranger, ça se complique un peu plus… On n'arrive pas à se faire une place au soleil facilement.

Quelle philosophie traduit votre vision sur l'art en général ?

Ma philosophie est très simple : c'est être à la hauteur de ce qui se passe, c'est-à-dire faire partie de ceux qui participent à l'événement et non ceux qui contemplent le fait. Pour cela je devrais acquérir les moyens et croire à « l'absolu relatif et au relatif absolu ». C'est ma devise philosophique, ma formule qui caractérise le sens même de la vie. 

Repères 

- 1988: Exposition collective à Ben M’sick (Casablanca)
- 1990: Exposition individuelle à l'Université de Fès
-  mars 2000: Exposition individuelle à l'Institut Cervantès (Maroc)
- 2001: Participation avec une seule œuvre à l'exposition internationale de l'art du collage de Paris.
-juillet 2002: Exposition collective: Dialogue maroco-congolais (Festival de Rabat) 5 artistes
- mai 2003: Exposition avec l'Association française Rencontre pour   l'inauguration de la maison  euro-méditerranéenne à Fès  (expo permanente à Paris)
-mai 2004 : Exposition collective internationale à la mémoire des victimes des attentats  terroristes  du  16 mai 2003 Casablanca - (Attestation de mérite)
-13 juin 2004 : Animation collective d'un atelier d'art plastique à la Casa de Espana et exposition des  travaux dans le hall de la gare ferroviaire de Madrid.
-2009 : Exposition collective à la Valletta Malta
-2010 : Exposition à Palacongresso  di AgrigentoItalia


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