En hommage à Abdeljebbar Shimi : Un beau nom du Maroc

Mercredi 2 Mai 2012

C’est la quête adolescente dans votre quotidien des échos des stades de football qui a scellé ma rencontre avec vos chroniques inquiètes, vos aphorismes au désespoir élégant et vos nouvelles à la langue, concise et inventive, sobre et enivrante. C’est cette rencontre  qui m’a donné le goût de la quête des belles-lettres de toutes rives.
 Je me souviens de vos variations décapantes sur  la scène sartrienne de « l’enfer c’est les Autres ».
Je me souviens de votre méditation sur les femmes, les brisures d’amour et les plats et les assiettes.
Je me souviens de vos palimpsestes qui  sont  autant de maximes et de métaphores du Maroc de l’étrange familier.
Je me souviens des ondes radieuses de poèmes et de chansons de votre émission radiophonique à la RTM au temps où elle était une seconde école.
Je me souviens de votre revue « 2000 » comme du Maroc d’antan où le ciel était si bas que les étoiles étaient à la portée des yeux et des songes.
Je me souviens des vendredis où  le censeur nous dérobait le supplément littéraire de votre journal nous privant du surcroît feu hebdomadaire de votre fanal.
Je me souviens du chant éclaté de vos vers.
Je me souviens des frissons que j’ai eus à arpenter « La fourgonnette ».
Je me souviens de votre voix d’aube dans la nuit disgracieuse scandant le chant cristallin de la liberté chaque fois elle était dans les fers.
Je me souviens vous avoir vu lumineux dans une photo de votre procès en feuilletant un magazine en noir et blanc.
Je me souviens que vous chérissiez la mer, son miroir et sa mélodie plaintive.
Je me souviens de l’éblouissant « Al moumkin mina Al moustahil », à la phrase brève comme le vertige, ciselé de déchirures  poignantes dans leur inexorable destin, de tristesse, d’angoisse et de tendresse.
Je me souviens de votre nouvelle, « A minuit », dont le personnage central est une mouche irritante comme la fièvre hôte d’Al Moutanabbi dont les odes surgissaient sous votre plume comme allégeances à la mémoire et à la part commune du futur.
 En ce printemps à la grisaille d’hiver, votre visage, sourit à notre deuil, vif d’un soleil à jamais perdu, en écho de René Char : « Nous n’avons qu’une ressource avec la mort, faire de l’art avant elle ». 

PAR Rédouane Taouil

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