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En Suède, les “déneigeurs du ciel” bravent le vertige sur les toits


Libé
Jeudi 18 Février 2021

En Suède, les “déneigeurs du ciel” bravent le vertige sur les toits
Un numéro de cascadeur rondement mené: perchés à une dizaine de mètres du sol, Andrei et Alex s’activent à déblayer l’épais manteau blanc qui recouvre la toiture d’une bâtisse du vieux Stockholm, tandis qu’en contrebas leur collègue veille pour épargner aux piétons une malheureuse chute de neige. Après une saison hivernale manquée l’an passé, la capitale suédoise est plongée depuis le début de l’année dans une torpeur blanche.

Les oiseaux ont laissé place à des armées de “balayeurs”, la plupart couvreurs à l’année. Leur mission: assurer la sécurité. En cette journée hivernale ensoleillée, du haut de sa toiture, Andrei et Alex voient doucement se réveiller Gamla Stan, le cœur historique de Stockholm, et admirent la vaste étendue blanche qui s’offre à eux. “En étant ici sur le toit et en regardant le ciel, on ressent cette liberté”, raconte Andrei, qui fait fi du froid mordant.

Cordes, mousquetons et harnais de sécurité accrochés à la taille, il gravit les quelques marches restantes d’une échelle installée sur le toit. Ses coups de pelle sur le zinc viendront bientôt bousculer la quiétude matinale qui règne dans le quartier. Si déneiger les toits signifie avant tout “assurer la sécurité des gens”, c’est aussi “entretenir des bâtiments” plusieurs fois centenaires pour certains, explique le trentenaire, couvreur depuis dix ans. “S’il y a trop de neige sur le toit, c’est trop lourd pour lui, il faut donc l’enlever”, poursuit-il. Installé sur son perchoir, son geste est fluide, et l’assurance de rigueur. Il faut aller vite, une autre toiture les attend déjà. Les habitudes ne doivent pas éclipser la sécurité. Pour le déneigeur, “c’est la règle numéro un et il n’y a pas de place pour les erreurs ici, si vous faites une erreur, ce peut être votre dernière”. Début février, dans le nord du pays, l’un de ses confrères s’est grièvement blessé en déneigeant un toit à Umeå. Selon les premières constatations, il ne portait pas de harnais.

Le danger reste donc de mise, pour les débutants comme pour les plus aguerris, même si Andrei le reconnaît: au début, la mission “était effrayante mais après un certain temps, on s’y habitue, c’est un travail comme un autre, on n’y pense plus vraiment”. Selon la loi suédoise, chaque propriétaire est tenu d’enlever neige et glace qui menacent de tomber de son toit. Si “des accidents se produisent parfois” au sol, explique à l’AFP l’organisation des compagnies d’assurance Svensk Försäkring, “la plupart du temps, les conséquences ne sont pas mortelles et très rarement même graves”. “Il n’y a eu que deux décès au cours des 20-30 dernières années”, selon Staffan Moberg, porte-parole de l’organisation. En 2002, un adolescent de 14 ans a notamment été tué par un bloc de glace qui s’est détaché d’un immeuble de Drottninggatan, la principale rue commerçante de la capitale. “Attention: risque de chutes de neige”: au pied des immeubles, des périmètres de fortune continuent d’être installés après chaque épisode neigeux pour tenir les passants éloignés des façades menaçantes, avant l’arrivée des “déneigeurs du ciel”. Pendant qu’Andrei et Alex s’affairent sur le toit, plus bas, Fredrik Ericsson est chargé de veiller à la sécurité des badauds. Sifflet à la bouche, il signale les va-et-vient des passants. Un coup de sifflet: il faut arrêter de pelleter. Deux coups de sifflet, la voie est dégagée. Une mission parfois compliquée, reconnaît Fredrik, l’ange gardien qui assure la liaison avec la terre ferme: “Les gens ne montrent pas beaucoup de respect, ils marchent juste vite, je dois donc les arrêter”. “Ils ne voient pas le danger”, tempête le jeune homme.
 


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