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Emmanuel Dupuy est président
de l'IPSE (Institut prospective et sécurité en Europe). Spécialiste des questions de sécurité
européenne et des relations
internationales, il a notamment
été conseiller politique auprès des forces françaises en Afghanistan.
Libé l’a rencontré en marge du Forum de la paix à Caen.
Entretien
Libé: Les réseaux sociaux et Internet sont-ils devenus un enjeu étatique?
Oui. Les Etats prennent conscience de l’enjeu stratégique d’Internet. C’est un outil d’influence et d’ingérence étatique. Il est devenu un Etat pour les Etats qui veulent contrôler les informations.
Je peux dire que les Etats sont impliqués dans cette question, surtout ceux qui ont une vision totalitaire des choses. Cela englobe la Chine bien évidemment. L’Union européenne veut adopter un standard européen et des critères pour faire face aux situations de monopole et éviter que des structures non étatiques ou infra-étatiques, type Facebook, puissent influencer les Etats eux-mêmes. Ces groupes sont parfois plus puissants financièrement que certains Etats au PIB moyen, cela veut dire qu'ils sont devenus aussi des acteurs qui jouent un rôle de perturbateur.
Facebook a été utilisé dans les élections américaines pour permettre à Trump de les remporter. C'est ce qu’on appelle l’affaire «Cambridge Analitica». Qu’en pensez-vous?
Cela était plus avéré pour le Brexit britannique. L’utilisation des données personnelles a eu une influence déterminante sur le référendum organisé en Grande-Bretagne.
Il y a aussi l’affaire Cambridge Analitica et les élections présidentielles aux Etats-Unis
C’était pour influencer les élections américaines, mais il ne faut pas se focaliser sur « Cambridge Analitica ». D’autres structures et d’autres cabinets ont eu recours aux mêmes pratiques. Il y a là la diplomatie de l’algorithme en termes de volume. C’est la diplomatie entre le hard power et le soft power et beaucoup de pays passent entre les mailles des filets.
Cela signifierait que Facebook ne contrôle rien. Pourrait-il être utilisé par les Russes, les Chinois ou les Américains à son insu ?
Facebook est une création américaine. Les Américains maîtrisent Facebook et tous les fournisseurs de données.
Notre monde aujourd’hui est-il menacé par des conflits majeurs pour maîtriser les réseaux sociaux ?
Il l’est déjà.
Comment voyez-vous la crise sino-américaine et la menace de la Maison Blanche d’interdire l’utilisation d’androïd par la société de téléphonie Huawei ?
Il y a cette menace sur les entreprises chinoises. Il y a aussi le fait d’imposer à toute personne qui voudrait un visa américain de donner des infos sur ses réseaux sociaux et identifiants. Il est grave de criminaliser une personne à cause de ce qu'elle dit sur le web. C’est grave sur le plan démocratique.
Quelle est la position de la France à ce sujet et peut-elle agir dans l’intérêt de ses citoyens ?
Elle ne peut rien faire toute seule. La France et l’Europe peuvent agir ensemble à partir du moment où il y a mutualisation de la réflexion au niveau des 27 pays. Evidemment, la France peut être un pays moteur pour inscrire cela dans une action qui n'est pas forcément européenne mais francophone.
On est aujourd’hui présent dans ce Forum de la paix en Normandie. Est ce que l’humanité a retenu la leçon de l’une des guerres les plus meurtrières de l’histoire qui a eu lieu dans cette région ?
La symbolique de la Normandie est toujours importante.
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Je peux dire que les Etats sont impliqués dans cette question, surtout ceux qui ont une vision totalitaire des choses. Cela englobe la Chine bien évidemment. L’Union européenne veut adopter un standard européen et des critères pour faire face aux situations de monopole et éviter que des structures non étatiques ou infra-étatiques, type Facebook, puissent influencer les Etats eux-mêmes. Ces groupes sont parfois plus puissants financièrement que certains Etats au PIB moyen, cela veut dire qu'ils sont devenus aussi des acteurs qui jouent un rôle de perturbateur.
Facebook a été utilisé dans les élections américaines pour permettre à Trump de les remporter. C'est ce qu’on appelle l’affaire «Cambridge Analitica». Qu’en pensez-vous?
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