Elections de juin 2009 : Coup de froid sur un rendez-vous estival


Mehdi Benomar
Jeudi 19 Février 2009

La nature  a fait une irruption brutale dans la précampagne  pour les  élections communales de juin 2009: en termes d’analyse du récit, on peut dire que la pluie, adjuvant pour les uns, en l’occurrence les agriculteurs,  est devenue opposant pour d’autres, à savoir les élus des différentes communes du pays. C’est un hiver meurtrier pour l’édifice fragile de la gestion communale que nous venons de vivre.
Les dernières intempéries, exceptionnelles certes, ont agi, à l’image du fameux liquide chimique des photographes d’antan, comme un formidable révélateur.
Des pluies révélatrices de dysfonctionnements, de carences et de dilapidation des deniers publics dans des constructions qui n’ont guère résisté aux premières épreuves du temps et du climat…à travers les villes, grandes ou moyennes, à travers les villages…c’est le même spectacle de désolation qui s’offre au regard de l’observateur. Les artères d’une grande ville comme Casablanca en sont le concentré éloquent.
Le boulevard d’Anfa, fleuron de notre modernité urbaine, n’est plus que l’ombre de lui-même. Livré depuis longtemps déjà aux voleurs à la tire (malheur au piéton qui ose sortir son téléphone portable!), aux différentes agressions, il offre aujourd’hui, suite aux dernières pluies, l’image d’une ville qui vient de subir un bombardement. 
Que dire alors des artères anonymes de la périphérie et des villes du Maroc d’en bas ? Aljazeera, qui aime beaucoup le Maroc,  s’en est donnée à cœur joie, livrant en boucle des images de désolation, d’un autre temps.
Triste bilan à quelques semaines d’un rendez-vous électoral censé offrir l’occasion aux citoyens de livrer un vote évaluatif de la gestion de leurs affaires au quotidien. Hélas, on s’achemine plutôt vers un vote sanction, vers un acte négatif à l’égard de l’ensemble du processus électoral. Faut-il alors dire haut ce que certains n’hésitent pas à rêver en cachette: reporter le scrutin de juin pour éviter l’affront. Si les gens se déplacent en effet pour voter, c’est pour transformer les urnes en réceptacle de leur colère. Une colère devenue une indignation qui pousse plutôt à rester chez soi. La sanction est alors terrible deux fois: ce n’est pas seulement la sanction d’une gestion donnée mais c’est aussi la remise en cause de l’ensemble de l’édifice démocratique. Une désaffection qui laisse le champ libre aux mêmes pratiques pour reprendre le dessus; pour “remettre ça” pour un nouveau mandat…pour un autre cycle de déception-désaffection. Comment y mettre fin? Comment  en sortir?



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