Du vert-kaki au vert-de-gris ou la sénescence du pouvoir militaire algérien


Par Mohamed Lmoubariki
Mardi 23 Février 2021

La campagne abjecte menée contre l’Institution Royale marocaine par Echorouk, un média à la solde des généraux algériens, est l’expression affligeante d’un régime aux abois, en déconfiture avancée. La décence invite à ne passe mettre au niveau de ce dénigrement de caniveau. Par conséquent, il semble plus judicieux et plus éloquent de répondre par du concret, en exposant la réalité telle qu’elle est des deux côtés des confins algéro-marocains. Le mot confins est utilisé sciemment ici car il renvoie à une période où l’Algérie commençait à peine à se forger une histoire en tant que département français ! Ce fut en 1830. Parler d’une réelle entité algérienne avant cette date n’est que conjecture infondée, dépourvue de véritable épaisseur historique. Ceci explique, à mon avis, l’antagonisme savamment entretenu par les généraux qui ressassent, depuis plus d’un demi-siècle, la rengaine des exactions coloniales pour ne pas assumer les manquements de l’ère d’indépendance. En vouloir au père géniteur (sans aller jusqu’à le tuer psychologiquement parlant) est un des moyens utilisés par la junte pour continuer,soixante ans après les accords d’Evian, à chloroformer le vaillant peuple algérien et le priver de ses droits légitimes à des institutions démocratiques et à sa part de la richesse nationale. Le résultat de cette politique dictatoriale est la misère qui frappe de plein fouet des millions de citoyens qui se retrouvent acculés à faire la queue pour se procurer un litre de lait ou une manne de bananes contre une monnaie qui ne vaut plus un kopeck. Cependant, ce ne sont point les ressources qui font défaut à nos voisins de l’Est. “Le sous-sol algérien, comme l’écrit textuellement Elwatan.com dans son numéro du 02/07/ 2018, regorge de richesses dont les noms échappent au commun des mortels et l’Algérie compte des gisements à faire pâlir de jalousie les plus riches”. On y énumère, entre autres, les hydrocarbures, le cuivre, le titane, le manganèse, le zinc, l’uranium et le lithium. Cette liste de minéraux et de gisements rares ne profite en rien au peuple algérien qui vit dans la hagra et la misère. Il est, en effet, inadmissible qu’une terre généreuse en sous sol et fertile en surface, comme c’est le cas dans la Mitidja, ne subvienne pas aux besoins de ses habitants. Mais Dame Nature n’y est pour rien dans cette désolation! Les fossoyeurs sont les militaires qui ont mis la main sur l’économie algérienne en détournant son fruit financier vers des paradis fiscaux. Le peuple d’un million de martyrs s’est fait spolié sa révolution et sa victoire contre le colonisateur français. La junte militaire s’est emparée du pouvoir depuis 1962 sous couvert de slogans fanfarons. Le vert-kaki dont la chefferie se justifiait, peut-être à raison, après la longue nuit coloniale est devenu, avec le temps, un vert-de-gris qui corrode dangereusement les institutions du pays et jette dans les abîmes du dénuement un peuple fier et valeureux. Bien entendu, les militaires ont trouvé en le voisin de l’Ouest, l’ennemi idéal pour créer une soupape de décompression destinée à occuper le peuple et à le détourner de ses vrais problèmes. Leur soutien aux mercenaires du Polisario répond parfaitement à cet objectif. Agir pour le destin du soi-disant peuple sahraoui n’est que de la poudre aux yeux incessamment répandue pour masquer leur félonie, désorienter le peuple algérien frère et gêner autant que possible l’essor du Maroc. Mais comme le dit si bien le proverbe arabe, les chiens aboient, la caravane passe ! L’empire chérifien avec son histoire séculaire et sa pondération politique légendaire a su déjouer les plans ourdis à El Mouradia. Le Maroc, pays de la tempérance par excellence et de la fidélité sans faille aux peuples frères et aux causes justes a d’abord soutenu par tous les moyens la révolution algérienne. La chasse aux Marocains, orchestrée par Boumediene en décembre 1975, aurait pu générer les représailles les plus virulentes. Mais la clairvoyance édifiée tout au long de l’histoire a incité le Royaume à privilégier l’apaisement en organisant, en catastrophe, l’accueil de 45.000 familles dépouillées de leurs biens quelques jours avant la fête du sacrifice censée être un vecteur de paix et de concordance. La volonté du Maroc de laisser toujours une chance à la paix, à un avenir commun n’influe en rien sur des généraux avides de richesses et peu soucieux du destin du peuple algérien. Consciente de son incapacité à maintenir sous cloche une population assoiffée de liberté, la junte militaire a poussé l’infamie plus loin en s’attaquant, sous couvert de l’humour, à l’Institution Royale. L’ersatz pitoyable d’une émission de télévision diffusée par Echorouk est une infamie fomentée par les militaires et cautionnée par le silence complice de la présidence algérienne. La vulgarité perfide est un signe d’impuissance. Et l’abjection dans laquelle se complaisent quelques médias algériens et leurs soutiens ne peut ébranler un empire millénaire. Que les généraux se rassurent! Rien n’affectera le lien sacré qui unit le peuple à ses institutions. Le Maroc continuera sa marche en avant sous l’égide de Sa Majesté Mohammed VI, un grand Roi, proche de son peuple et très attaché à l’édification d’un Maroc démocratique, développé et bien ancré dans son espace maghrébin. Nos frères de l’Est méritent mieux que ce qu’ils endurent depuis des dizaines d’années. Le peuple qui a donné naissance à des sommités de la trempe de Mouloud Feraoun, Katib Yacine, Malek Haddad, Maïssa Bey, Rachid Boudjedra, Yasmina Khadra, Mohamed Arkoun et Mohammed Harbi finira par reprendre les rênes de sa destinée. Tôt ou tard, un gouvernement civil et démocratiquement élu verra le jour en Algérie car l’histoire avance immuablement et finit toujours par se délester des scories. C’est après cette libération intérieure que l’Algérie retrouvera sa grande place et son rôle déterminant dans l’édification du grand Maghreb.


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