A droite comme à gauche, on lorgne allégrement du côté du voisin du Sud, seul capable de rendre le sourire à des commerçants à la mine renfrognée. La vérité, c’est que ce n’est pas sans nous flatter. Ce n’est pas rien quand c’est votre puissant voisin appartenant, qui plus est, à l’autre rive, celle supposée des nantis et autres aisés, qui s’adresse à vous par les temps de récession qui courent. La crise, c’est donc pas chez nous, c’est plutôt chez les autres, doit-on en déduire. Ils disaient donc vrai l’ami Mezouar et tous ses amis ministres ! Mais pourquoi, diable, s’entête-t-on à ne pas les croire ?
Pour sauver donc le commerce sebtaoui et mellilianais, il suffirait de dispenser les Marocains, du reste du pays, de visa. Ils afflueront donc par certaines, par milliers ou par millions, tous les week-ends, tous les jours de semaine, jours fériés ou ouvrables pour renflouer d’autres caisses que les leurs, pour rentrer au bled balluchons et coffres de voitures pleins à craquer d’objets hétéroclites estampillés «made in Spain», pour se gaver en chocolats et confiseries bas de gamme ou en produits cosmétiques valant beaucoup plus par leur quantité que par leur qualité. Et assez paradoxalement, la solution pensée par nos voisins et non moins amis n’est pas sans les empêcher de dormir.
Ils appréhendent un raz-de-marée qu’ils auraient du mal à endiguer. Aussi leurs solutionneurs attitrés proposeraient-ils de ne dispenser de visa que les Marocains BC BG, ceux attestant d’un boulot imposant et d’un salaire juteux. Enfin, ceux qui n’ont jamais de problème pour l’obtention d’un visa. Sauf que l’attestation de salaire, à elle seule, ne suffit pas. Il va bien falloir procéder à une fouille méticuleuse pour s’assurer que le client-sauveur est plein aux as. Il va falloir aussi lui faire signer une déclaration sur l’honneur aux termes de laquelle il s’engage à tout dépenser avant de reprendre le chemin du retour.
Trêve de plaisanterie, de maladresse et d’obstination stupide. Il y a une seule issue et elle doit reposer sur la légitimité historique, la logique géographique et la logique tout court. Sebta et Mellilia se trouvent de ce côté-ci de la Méditerranée.
De quelles frontières parle-t-on alors?