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Driss Lachguar : L’USFP ouvre grand ses bras à toutes les Ittihadies et à tous les Ittihadis

Notre parti est omniprésent au niveau des organismes professionnels, estudiantins et autres


Mourad Tabet
Vendredi 15 Mars 2019

Il n’y a pas eu de sujet tabou pour le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, lors de l’entretien qu’il a accordé mercredi dernier à Chouf TV. Aucune question n’a été éludée. A commencer par la situation politique actuelle, la participation de l’USFP au gouvernement, les tractations pour la formation du gouvernement Saâd Eddine El Otmani, les sorties médiatiques de Benkirane, la vie interne du parti de la Rose et la problématique des enseignants contractuels.
Driss Chahtan, directeur du journal Al Michaal et de Chouf TV, a, d’entrée de jeu, donné le ton en focalisant sa question sur le marasme politique au Maroc.
La réponse du Premier secrétaire de l’USFP s’est inscrite en faux contre pareil jugement de valeur qui est, de surcroît, pessimiste. Selon lui, une évaluation objective de la situation politique au Maroc doit prendre en considération la situation qui prévaut aussi bien dans le monde que dans la région à laquelle appartient le Maroc. « Nous devons être fiers que notre pays soit resté stable alors que des Etats de notre région se sont effondrés et d’autres ont sombré dans le chaos. Le Maroc est le seul pays qui a tenu bon et conforté sa sécurité et sa stabilité », a-t-il affirmé. Et de rappeler que « les pays de la rive Nord de la Méditerranée connaissent une montée en puissance des mouvements chauvinistes et xénophobes »…
Concernant les mouvements de protestation, Driss Lachguar a souligné que ceux-ci ont secoué le pays depuis l’indépendance en 1956 et l’ont « immunisé » contre les chaos. « Les protestations du passé étaient plus fortes que celles que nous vivons aujourd’hui », a-t-il expliqué dans cette interview qui a duré près une heure et 40 minutes.
« Tout le monde se rappelle les étapes douloureuses et les luttes fortes que le Maroc avait connues dans le passé », a-t-il souligné en affirmant que le consensus entre le pouvoir politique et les forces vives du pays ont permis de construire une démocratie « qui se développe progressivement en fonction du développement de la société elle-même ».
S’agissant de la position de l’USFP concernant ces mouvements de protestation et notamment celle des enseignants contractuels, le dirigeant ittihadi a souligné que l’USFP  n’est pas un parti qui défend une seule catégorie sociale, mais toutes les strates de la société marocaine. « Dans le passé, la lutte était menée pour accaparer le pouvoir. Les choses ont complètement changé aujourd’hui. La lutte porte sur la manière de régler les problèmes sociétaux », a-t-il indiqué.
S’agissant de la question des enseignants contractuels, le Premier secrétaire de l’USFP a mis en avant le fait que le gouvernement actuel a hérité de ce dossier de celui qui l’a précédé, à savoir le gouvernement Benkirane, estimant que « les véritables raisons qui ont sous-tendu ce problème tiennent au fait que nous nous trouvions face à un surpeuplement des classes dont chacune comptait entre 70 et 80 élèves ». Il a, dans ce sens, reconnu que « la mise en place du système de contractualisation a été entaché de nombreuses erreurs », soulignant que ce problème peut être résolu par un dialogue où « chaque partie fait des concessions », notant que « lors de la dernière réunion de la majorité gouvernementale, nous avons dû retirer le mot "contrat", car il s’agit en fin de compte de cadres pédagogiques dépendant des AREF qui sont des institutions publiques comme toutes les institutions officielles  de l’Etat ».
Et le dirigeant socialiste de préciser : « Pour sortir de la crise, les enseignants contractuels doivent avoir les mêmes droits que les autres professeurs, mais nous devons être clairs. Le contractant sait qu'il travaillera dans la région qu’il a choisie ». « Honnêtement, les hôpitaux des régions éloignées font des offres d’emploi mais les diplômés des facultés de médecine marocaines refusent de les pourvoir ; aussi nous recherchons des médecins d'Afrique et de Chine pour les occuper. Afin que pareil problème ne se repose pas, nous avons garanti aux enseignants contractuels tous les droits associés à la promotion et à la discipline, sauf qu'ils ne sont pas des fonctionnaires rattachés à l’administration centrale mais des fonctionnaires régionaux».
L’USFP est fortement représentée dans toutes les organisations professionnelles telles que le SNE-Sup et dans les organisations de médecins, de pharmaciens, de journalistes, etc. Les étudiants ittihadis sont également présents dans la plupart des conseils des facultés et des universités du Royaume. Mais les choses deviennent  différentes lorsque des facteurs comme la charité entrent en ligne de compte. « Nous ne pouvons pas distribuer des moutons de l’Aïd ou des paniers du Ramadan comme d’autres le font. Nous n’en avons pas les moyens et nous ne sommes pas membres d’une internationale qui pourrait financer ces projets caritatifs. Et plus encore, nous ne sommes pas des créatures électoralistes qui faussent le jeu électoral en achetant les votes des citoyens en usant de pareilles méthodes. Nous avons des candidats compétents et honnêtes ».
Concernant la participation de l’USFP au gouvernement, Driss Lachguar a rappelé que le gouvernement Abdelilah Benkirane a été induit par le discours de S.M le Roi Mohammed VI en 2011 et la Constitution adoptée la même année. « Vous vous rappelez qu’aux élections de 2011, l’opinion publique a voté pour le changement et l’alternance et on l’a, à l’époque,  applaudi. Nous avions souhaité que les partis qui faisaient partie de la Koutla démocratique s’arment de patience et laissent le PJD constituer son propre gouvernement. Mais malheureusement deux partis de ladite Koutla ont décidé de faire partie du gouvernement formé par ce parti ». L’USFP a, pour sa part, décidé de ne pas prendre part à cette majorité gouvernementale, car ses militants l’ont décidé.
Driss Lachguar a, par la suite, relaté les tractations entre l’USFP et Abdelilah Benkirane concernant la formation du gouvernement après les élections 2016, tout en soulignant que le parti de la Rose avait l’intention de faire partie de la coalition gouvernementale en s’alliant au PJD qui ne disposait pas du nombre suffisant de sièges qui lui auraient permis  de  former le gouvernement tout seul. « Durant ces tractations, nous nous sommes rendu compte que Abdelilah Benkirane n’avait pas la volonté de voir l’USFP faire partie du gouvernement ». Et de préciser : « Ce qui importe pour notre parti, ce n’est pas cette position, mais le programme gouvernemental et la structuration du gouvernement ».
Sur une question de Chouf TV prétendant que l’USFP a fait chanter Abdelilah Benkirane, le Premier secrétaire de l’USFP a nié catégoriquement cette assertion et mis les points sur les i. « Durant les tractations, nous avons proposé le nom de Habib El Malki pour la présidence de la Chambre des représentants si le PJD ne dispose pas d’une personnalité qui pourrait assumer cette responsabilité.
J’ai fait cette proposition et j’ai demandé à Benkirane de ne pas répondre tout de suite. Et j’ai fait la même démarche auprès des autres partis politiques. Exception faite du PJD, de l’Istiqlal et du PPS, la plupart d’entre eux étaient favorables à ma proposition ». Et de rappeler que d’aucuns avaient argué du fait que le nombre de sièges que l’USFP a remportés lors des élections ne lui permettait pas de proposer un candidat à la présidence de la Chambre des représentants. « Je leur avais affirmé que lorsque le PJD n’avait récolté que 12 ou 20 sièges, il avait quand même proposé Abdellah Baha ou Lahcen Daoudi pour occuper le Perchoir. L’USFP a donc le droit de présenter un candidat à ce poste ».
Selon le dirigeant ittihadi, Abdelilah Benkirane n’avait pas compris que son parti ne pouvait pas, à lui seul, former un gouvernement et qu’il avait besoin d’autres partis pour le constituer. « Il a attaqué à tort et à travers tout le monde. Outre l’USFP, il s’en était pris au MP, à l’UC et au RNI, et, en fin de compte, il s’est retrouvé tout seul. Tout le monde avait perdu confiance en lui. L’une des qualités de tout homme d’Etat, c’est d’être à l’écoute. Il n’a pas compris que le fait d’être chargé par S.M le Roi de former le gouvernement ne signifiait  absolument pas que tous les partis devaient se soumettre à lui ni qu’il avait le droit de les classer selon ses caprices. Il a donc a échoué dans sa mission de mener à bien les tractations visant à former une majorité gouvernementale. D’où la décision prise par le Souverain de confier cette mission à son collègue au sein du PJD, Saâd Dine El Otmani ».
A propos des récentes sorties médiatiques du « citoyen » Abdelilah Benkirane sur les réseaux sociaux, le Premier secrétaire de l’USFP s’est limité à lui rappeler ce verset du Coran : « C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas ». Et de rappeler les propos dénonçant la retraite des parlementaires tenus par Benkirane sous la Coupole alors qu’il était chef du gouvernement. « Quelle ne fut ma surprise lorsque j’ai appris qu’il se permettait de percevoir cette retraite alors qu’il en avait privé  les autres députés au prétexte de contribuer au sauvetage de leur caisse de retraite qui avait connu des dysfonctionnements », a-t-il mis en exergue, tout en affirmant qu’il ne s’opposait pas à ce que l’ancien chef de l’Exécutif jouisse des avantages alloués à tous les ex-chefs de gouvernement.
Il a, par ailleurs critiqué le comportement de Benkirane qui « contrevient à l’obligation de réserve qui incombe à toutes les personnes qui ont assumé des responsabilités publiques».
Pis encore, ses sorties médiatiques sont source des difficultés que la majorité gouvernementale rencontre actuellement et elles mettent en difficulté le PJD lui-même. L’exemple donné par Driss Lachguar pour illustrer cette situation concerne le projet de loi-cadre relative à l’enseignement. « C’est le chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani qui l’a transmis au Parlement pour examen et approbation. Mais Benkirane a quand même critiqué ce texte et l’a même qualifié de colonialiste alors qu’il savait pertinemment qu’El Otmani est également secrétaire général du PJD. D’où le fait que le parti qui dirige ce gouvernement se trouve confronté à des difficultés internes à cause de son ancien secrétaire général».
Par ailleurs, Driss Lachguar a affirmé qu’à cause des fraudes qui avaient entaché les élections de 2016, l’USFP a perdu 20 sièges environ. Il a aussi critiqué ceux qui veulent imposer une prétendue bipolarité. « Pour que celle-ci puisse exister, elle devra d’abord avoir pignon sur rue dans la société, dans les organisations professionnelles, dans les associations de la société civile ». Et de s’interroger : « Pourquoi les militants de l’USFP occupent-ils la première place au sein de ces organisations ?». Pour cette raison, le Premier secrétaire appelle à ce que le processus électoral soit remis sur le tapis.  
Concernant la question des alliances, il a mis en avant le fait que ce qui lie l’USFP aux partis de la majorité c’est uniquement le programme gouvernemental, tout en soutenant qu’il y a des divergences profondes à propos de la conception du nouveau modèle de développement. « Le projet que défend l’USFP est fort différent de ceux des autres partis de la majorité gouvernementale », a-t-il précisé.
Concernant la vie interne du parti de la Rose, Driss Lachguar a affirmé qu’il ne briguera pas de troisième mandat à la tête du parti, soulignant que l’USFP regorge de cadres compétents qui peuvent assumer pareille responsabilité.
Il a, par ailleurs, assuré que l’action de tous les militants ittihadis permettra au parti d’arriver au prochain congrès dans une situation confortable. « Je saisis cette occasion pour m’adresser à tous les Ittihadis pour leur dire que toutes les décisions disciplinaires qui ont été prises à l’encontre de quelques personnes sont nulles et non avenues. L’USFP est et reste la demeure de tous les Ittihadis y compris ceux qui ont quitté le parti ».


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