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Des problèmes en série à Essaouira dans l’attente d’une meilleure gestion


Abdelali Khallad
Mardi 4 Septembre 2018

Dans le cadre du large mouvement de mutations qu’a connu la direction territoriale à l’échelle nationale, Essaouira a aussi changé de gouverneur, de secrétaire général, de chef de division des affaires internes, de pachas, et de caïds. Un changement qui a touché des postes clés à tous les niveaux de l’autorité locale, et sur lequel reposent les aspirations des habitants de la province à un  changement dans le mode de gestion, la satisfaction de leurs besoins, et surtout à un travail de terrain responsable et rigoureux.
Suivant l’indice de développement local multidimensionnel (basé sur les dimensions de santé, d’éducation, d’emploi, de logement, de services sociaux et de cadre de vie) et déficits en développement selon le milieu de résidence, Essaouira a été classée quatrième à l’échelle des provinces les plus pauvres au Maroc, selon une cartographie de développement local multidimensionnel publiée par l’Observatoire national du développement humain.
Indicateurs  alarmants de précarité, services de base déficitaires, problèmes économiques, chômage des jeunes, gestion hasardeuse de la chose publique par bon nombre de conseils élus, persistance du phénomène de l’informel dans le secteur touristique, problème d’alimentation en eau potable dans plusieurs communes, pénurie du foncier, manque d’investissements, quartier industriel agonisant, des zones relevant du territoire de la commune d’Essaouira mais qui n’ont rien d’urbain, des problèmes entre autres qui interpellent les compétences, le savoir-faire et surtout l’attention des nouveaux responsables.
«Les nouveaux responsables n’ont qu’à réfléchir au mode de gestion, qui a donné lieu aux irrégularités entachant le fameux projet de réaménagement de la place Bab Marrakech, pour voir clairement quant aux vraies lacunes à combler», a fait remarquer un acteur associatif local.
Locomotive du processus de désenclavement de Mogador, le secteur touristique a joué un grand rôle dans la stimulation et le développement de certains secteurs d’activités y compris l’immobilier. Un élan ralenti toutefois depuis quelques années à cause de la conjoncture économique mondiale défavorable et du fameux problème du transport aérien.
«Les établissements touristiques arrivent à peine à assurer salaires et frais de fonctionnement. Les GRIT se sentent livrés à leur sort face à un contexte on ne peut plus étouffant», nous a déclaré un opérateur touristique demandant aux services compétents d’accorder une attention particulière à l’environnement du secteur et à la problématique de l’informel.
350 établissements non classés monopolisent toujours la quasi-totalité des acquis du secteur au niveau de la promotion, du transport aérien, de la modernisation de la ville et la mise à niveau de l’environnement du tourisme.
Ces établissements sont facilement identifiables de visu et sur le net, si l’on tient à assainir et à structurer le secteur.
Le secteur de la restauration touristique n’est pas en reste tiré vers le bas depuis plusieurs années faute de rigueur et d’organisation. La majorité des établissements ne respectent pas les normes minimales d’hygiène, de service et d’exploitation fixées par la règlementation, sachant que tout exploitant d’un restaurant touristique devrait contracter une assurance, veiller à la qualification, à la bonne tenue et à la moralité du personnel, assurer la promotion des prix, délivrer à chaque client une facture ou un ticket de caisse, respecter les règles d’usage et de déontologie admises par la profession, entre autres.
«La concurrence loyale ne nuit jamais ; elle nous motive et nous pousse à améliorer nos prestations. Par contre, la concurrence déloyale du secteur informel a des effets négatifs à la fois sur les intérêts des professionnels et sur la notoriété de la destination. Le différentiel fiscal, social et d’hygiène avec les établissements structurés reste énorme en l’absence d’une rigueur qui pourrait aider la ville à sortir de l’ère du souk vers une restauration touristique structurée et mieux organisée», avait déploré un restaurateur touristique.
La fermeture des usines ainsi que le faible apport des secteurs de l’artisanat et de la pêche ne profitent pas au développement économique de la ville. De fait, une diversification des pôles d’activités économiques s’impose.
Entre mer et forêt se situe Mogador qui semble payer le prix de son positionnement singulier. Si elle recèle une biodiversité à part et regorge de paysages naturels envoûtants, elle est assiégée par le domaine forestier qui bloque ses ambitions économiques faute de foncier.
En attendant l’aval du Haut-commissariat aux eaux et forêts, plusieurs projets visant la réorganisation de l’espace urbain, le développement et la modernisation de nombreux secteurs d’activités restent en suspens.                 
«Essaouira étouffe vraiment. Le Haut-commissariat tarde à mettre à la disposition de la ville les terrains demandés, depuis plusieurs années pourtant, pour atténuer la crise de l’immobilier, et concrétiser le programme de modernisation et de développement de la ville. Pour le moment, toutes les ambitions sont réduites à l’attentisme et à la frustration», nous a confié un édile.
Le programme de mise à niveau de la ville vise à mettre en œuvre des projets de développement et de modernisation, mettre à niveau les infrastructures de base, rehausser le paysage urbain d’une ville à vocation   touristique, revaloriser les patrimoines culturels et cultuels, préserver l’environnement, améliorer la qualité de vie des citoyens, renforcer le développement socioéconomique…, autant d’objectifs que s’est fixés ce programme étalé sur les périodes (2010-2014 et 2015-2018) au coût de 932 MDH.
Outre les irrégularités qui ont entaché la qualité des travaux réalisés, plusieurs points territoriaux n’ont pas encore bénéficié du programme, notamment Douar Laareb, Ouassn et Ghazoua. Des zones abusivement affectées au domaine urbain sans pour autant bénéficier des infrastructures et services de base requis.  
Au Ghazoua, les habitants sont toujours privés d’eau potable, d’assainissement et de voiries. A cet effet, l’ONEP avait lancé, quelques années auparavant, un projet de réalisation du réseau de distribution d’eau potable. L’Office s’était trouvé face à une zone qui ne correspond pas aux plans prévus faute de délimitation des voiries. Après plusieurs mois de blocage, le marché a été résilié et les citoyens ont été livrés à leur sort.
Pour l’enseignement supérieur, à part l’Institut supérieur de technologie, la ville ne dispose toujours pas d’une université capable d’absorber la grande demande des jeunes et des habitants de la province. Certes, les efforts du conseil de la région ont abouti à la conclusion d’un accord avec la Fondation Al Jassim pour le financement du projet de création d’une université internationale mais, deux ans après, rien de concret faute de foncier et de suivi.
Pour le rural, la tragédie de Sidi Boulaalam est toujours vivace pour nous rappeler la gravité de la situation socio-économique dans la quasi-majorité des communes rurales. Déficit en voiries, eau potable, services sanitaires, activités économiques … des problèmes, entre autres, qui persistent et confirment les aspects précaires de la province.
Instabilité du personnel de santé affecté au niveau des services hospitaliers très sensibles et des établissements de santé primaire, non remplacement des départs en retraite et des décès ainsi que du personnel de suivi des malades de longue durée , déficit de 40 médecins généralistes et 80 infirmiers toutes catégories confondues  (35 centres de santé non médicalisés, manque d’infirmiers spécialisés et de techniciens ambulanciers, entre autres), installations techniques de l’ancien bâtiment de l’hôpital provincial vétustes et dégradées (certains menaçant ruine), réseau d’assainissement  de l’hôpital provincial non fonctionnel depuis 20 ans, nombre de bâtiments des établissements de santé primaire et des logements de fonction en situation de dégradation, plateau technique et parc ambulancier de l’hôpital provincial  anciens et vétustes, nombreux  centres de santé de rattachement RAMED nécessitant renforcement et renouvellement des équipements de diagnostic et de prise en charge médicale de proximité, stratégie mobile, certes structurée, mais qui ne répond pas aux besoins pressants de la population rurale faute de moyens de mobilité et de logistique adaptés.
Voilà un constat objectif et alarmant dressé par le personnel de la santé de la province dans le cadre du plan stratégique «Vision 2021 pour l’amélioration de l’offre de soins au niveau de la province d’Essaouira». Une vision qui nécessite une mobilisation collective, société civile comprise, afin de contribuer à la résolution de certains problèmes qui dépassent vraiment les moyens du personnel médical.


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