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De simple succursale à un géant du système bancaire national

La fabuleuse histoire du Crédit du Maroc


Libé
Dimanche 11 Avril 2021

De simple succursale à un géant du système bancaire national
C’ est en 1929 que commence l’une des plus belles et magnifiques aventures de l’histoire de la banque au Maroc. Une histoire franco-marocaine partie d’une succursale du Crédit Lyonnais, spécialisé dans le financement de l’industrie moderne et dans le commerce international, alors que le pays est sous le protectorat français.

C’est donc à cette date importante que tout commence. Poursuivant sa fulgurante expansion, le Crédit Lyonnais décide d’ouvrir une agence à Casablanca, rue Strasbourg. Objectif : chercher ses clients parmi les grandes industries installées au Maroc.

Dans les années 1930 et 1940, des sous-agences sont ouvertes à Fès (1931), à Meknès, à Rabat, à Kénitra (Port-Lyautey), à Safi et Oujda (1942). Alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein en Europe, les agences africaines du Crédit Lyonnais sont regroupées sous l’autorité de l’agence d’Alger et placées sous la tutelle d’une direction des agences de province et d’Afrique (DAPA).

En 1951, après s’être propulsé au premier rang dans l’organisation bancaire du Maroc, un nouveau siège voit le jour en plein centre-ville de la capitale économique. Quatre ans plus tard, l’agence casablancaise dépasse celle de Marseille dans le classement de la DAPA.

Après le retour à l’indépendance du Royaume, le Maroc acquiert la souveraineté monétaire. Entre temps, le dirham remplace le franc marocain et plusieurs lois bancaires encadrent des réformes majeures au sein du secteur.

Conscient des enjeux d’alors, le Crédit Lyonnais s’active de son côté pour ne pas rater le train de réformes mises en place par les autorités et décide de participer plus étroitement au développement de l’économie marocaine.

C’est ainsi qu’en 1963, il fait entrer la jeune Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) dans le capital de sa succursale à hauteur de 32% et transforme celle-ci en société de droit marocain.

L’aventure se poursuit sous une nouvelle dénomination :Crédit Lyonnais-Maroc. Une belle aventure relatée dans un bel ouvrage richement illustré intitulé « Crédit du Maroc, 90 ans en action » et préfacé par Saïda Lamrani Karin et Philippe Brassac, respectivement ancien président du conseil de surveillance du crédit du Maroc et Directeur général de Crédit Agricole S.A.

Une aventure qui ne s’arrête pas en si bon chemin. En effet, 3 ans plus tard (1966), dans le cadre de la « marocanisation », la nouvelle banque fusionne avec la Compagnie africaine de banque qui lui cède son fonds de commerce. Ainsi nait la banque que nous connaissons aujourd’hui sous l’appellation de Crédit du Maroc.

Vice-président délégué et actionnaire de la Compagnie africaine de banque, Mohammed Karim Lamrani est nommé administrateur puis président du conseil d’administration du Crédit du Maroc.

Pour la petite histoire, au sortir de cette fusion, le tour de table du Crédit du Maroc compte : leCrédit Lyonnais (48,75%), la BMCE (25%) et Sofipar, nouvelle dénomination de la Compagnie africaine de banque qui a cessé toute activité bancaire, détient 26,25% de participation.

En 1966, une série de mesures visant l’assainissement financier du pays sont mises en place parle pouvoir public.Trois ans plus tard, une loi relative à l’encadrement du crédit est instaurée en vue de consolider le système bancaire national. Le Crédit du Maroc, comme les 14 autres établissements bancaires obtient le statut de banque de dépôt.

Plus tard, la part du Crédit Lyonnais dans la banque marocaine est ramenée à 43,2%. Celle-ci fait sa première introduction en bourse.

Soulignons à ce propos que le Crédit du Maroc est l’une des premières banques à engager une partie de son capital en bourse. Nous sommes en 1976. Près de deux décennies plus tard, « en 1995, la banque crée sa propre société de bourse, Crédit du Maroc Capital (CDMC), qui réalise des transactions d’intermédiation boursière pour le compte de sa clientèle », rappelle l’ouvrage. Lequel, comme le relève Saïda Lamrani Karin danssa préface,met en lumière le Crédit du Maroc, une institution au service du royaume du Maroc, qui a toujours su s’adapter dans un monde en perpétuel mouvement pour mieux en appréhender ses changements.

Dans les années 1990, l’activité de la banque marocaine s’illustre par un niveau d’autonomie décisionnaire important et sa solidité lui confère une résistance aux soubresauts qui affaiblissent le Crédit Lyonnais.

Passé cet épisode, en 1998, le Crédit Lyonnais reprend la majorité dans le capital du Crédit du Maroc (51%) en rachetant la totalité des actions détenues par le groupe Sofipar.
Par la même occasion, la banque est transformée en société anonyme à direction et conseil de surveillance.

A souligner qu’au cours de cette année-là, la totalité de la participation de la BMCE dans le Crédit du Maroc est rachetée par Wafabank. L’année suivante (1999), le Crédit Lyonnais est privatisé avant d’être racheté 4 ans (2003) plu stard parle Crédit Agricole.

« Un an plus tard, Calyon, banque d’affaires et d’investissement issue de la fusion des deux banques françaises, acquiert une participation majoritaire dans le capital du Crédit du Maroc », peut-on lire dans cet un ouvrage qui« offre un éclairage sur les étapes de la transformation et de l’évolution des métiers et activités bancaires et met en perspective le rôle majeur du Crédit du Maroc dans le développement socioéconomique du Maroc », écrit pour sa part Philippe Brassac.

Participation qui est transférée un an plus tard (2005) au groupe Crédit Agricole S.A. qui détient dès lors 52,64% des actions du Crédit du Maroc. Cette part sera portée à 77% en 2009 puis 78,7% en 2013.

Alain Bouithy

 


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