De grands chantiers pour un meilleur repositionnement de Marrakech


Mohamed RAMI
Samedi 25 Avril 2009

De grands chantiers pour un meilleur repositionnement de Marrakech
La place de choix qu’occupe actuellement la ville de Marrakech à plusieurs niveaux en tant que capitale de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz, n’est pas fortuite. Outre les potentialités sociales, économiques, culturelles et naturelles, dont regorge cette cité, un grand travail a été entrepris, depuis des années déjà, par toutes les parties en charge de la gestion de la chose locale.
La réputation de la cité ocre n’est plus, désormais, limitée au seul cadre territorial, mais le dépasse largement pour être connue à l’échelle internationale. C’est grâce à une volonté politique et à une implication effective des différentes composantes de la société de faire de cette ville une référence et une image d’un Maroc, à la fois, moderne et ouvert sur l’avenir mais combien aussi attaché à son histoire, à sa culture et ses racines identitaires.
C’est sous cette optique d’ailleurs et compte tenu de sa portée historique et des ses atouts naturels, que la ville est devenue en quelques années seulement, une capitale du tourisme national et une destination des plus prisées au monde. Cette qualité lui a valu de continuer à drainer, en dépit d’une conjoncture économique et financière internationale difficile, d’importants investissements notamment étrangers, orientés essentiellement vers le secteur touristique.  
Cet engouement pour la ville de Marrakech s’explique, selon les observateurs, essentiellement par l’excellent travail accompli par les pouvoirs publics. Cela consiste en l’aménagement de nouvelles zones touristiques après un choix minutieux de leur position géographique et stratégique, notamment avec l’ouverture pour les investisseurs de deux zones : l’Agdal et Zahrat Annakhil, outre l’adoption d’une batterie de mesures incitatives.     
L’intérêt porté à la promotion de l’activité touristique dans cette région a été couronné, jeudi 28 février 2008, par le coup d’envoi donné à Marrakech, par le Souverain aux travaux d’aménagement et de développement de plusieurs grands projets touristiques, d’une valeur globale de près de 30 milliards de DH.
Parmi ces projets  on note,  entre autres, “Chrifia” d’un coût global de 4 milliards 600 millions de DH, “Assoufid” qui sera réalisé sur une superficie de 222 ha, pour un investissement global d’un milliard 700 millions de DH, et le “Samanah Country Club” prévu sur une superficie totale de 282 ha pour un investissement de 3 milliards de DH.
Si les premiers mois de 2009 ont connu l’inauguration de nombre d’unités touristiques luxueuses, dont le «Naoura Barrière» du groupe Lucien Barrière et le Kenzi Palace à l’Agdal, d’autres devront également ouvrir leurs portes, cette année, ce qui permet déjà d’affirmer que la cité a misé aussi sur le tourisme de luxe.
En chiffres, les projets validés par la commission ad-hoc et qui seront opérationnels à compter de 2012 à Marrakech sont au nombre de 106, dont 16 projets touristiques grandioses, des projets touristiques classés ainsi que des maisons d’hôtes. Avec l’achèvement de ces projets, on estime que la capacité litière de la ville devrait atteindre 80.000 lits, toutes catégories confondues.
Aussi, entre 2003 et 2007, 913 projets touristiques, d’un investissement global de près de 112 milliards de DH, ont été validés permettant ainsi la création de 75.888 postes d’emploi et l’augmentation de la capacité litière des établissements hôteliers pour atteindre 95.616 lits. Le secteur touristique représente 71% du montant global des investissements dans la région et la capacité d’accueil est passée de 5.000 à 40.000 lits entre 2003 et 2008.
Sûr de l’avenir de cette activité, un groupe émirati “Abu Dhabi Investment House” a décidé récemment de réaliser, sur une superficie de 30 ha, une cité touristique luxueuse, d’un investissement total de 400 millions de dollars, baptisée “Porta Moda de Marrakech”
Ces actions menées sur le terrain ont été accompagnées d’un grand effort pour le renforcement et la promotion de la desserte Marrakech, par voie terrestre et aérienne. C’est ainsi que la ville a eu la chance d’être raccordée au réseau autoroutier national après l’ouverture de l’autoroute Marrakech-Casablanca. Cette infrastructure a permis d’améliorer les conditions de voyage et de trafic et surtout d’économiser du temps (Casa-Marrakech en 2 heures).
Marrakech sera connectée aussi à Agadir via autoroute à partir de 2010, d’autant plus que la ville a connu la création de nombre de rocades afin d’atténuer la pression et de fluidifier la circulation.
La cité a connu également l’ouverture en 2008 d’une nouvelle gare ferroviaire alliant à la fois tradition et modernité. Réalisée en deux étages, cette gare en abritant des espaces commerciaux, des cafés et des restaurants, se veut désormais une référence à l’échelle nationale.
Sur le plan aérien, l’aéroport de Marrakech-Ménara a fait récemment l’objet de grands travaux d’extension, de manière à permettre l’accompagnement des grands changements. Objectif : assurer aux passagers le maximum de confort et de sécurité, via le renforcement de sa capacité d’accueil et sa dotation en équipements sophistiqués en matière de contrôle et d’enregistrement, et ce conformément aux standards internationaux.
Sur le plan urbanistique, l’engouement pour la ville a été de taille. De nouvelles zones ont été ouvertes à l’urbanisation et de nouveaux quartiers ont fait leur apparition, grâce à une implication effective des secteurs public et privé, pour faire face à une demande de plus en plus croissante.
Néanmoins, la forte pression exercée sur la ville et l’impératif de  la décongestionner, se sont soldés par le lancement il y a un peu plus de 4 ans d’une nouvelle ville satellite baptisée «Tamensourt», une appellation qui remonte au 12ème siècle faisant référence à un village situé près de Marrakech, à proximité de la porte Bab Aylane. Cette localité était connue, sous le règne des Almohades, par l’érudition, scientifique et littéraire, de ses hommes qui entretenaient des échanges avec les savants andalous.
Etalée sur 1200 hectares avec un budget de 24,5 milliards de dirhams dont 2,3 milliards destinés aux travaux d’équipement en infrastructures, la nouvelle cité aura une capacité de 58.000 logements. La population estimée à terme est de 300.000 habitants. Sur 160 hectares, les promoteurs ont prévu des équipements divers, entre autres, des établissements scolaires et administratifs ainsi que des centres commerciaux. A cela s’ajoutent, des zones d’activités économiques sur 70 hectares et des îlots sur 170 hectares pour les promoteurs privés.
Selon des statistiques disponibles, le déficit en logements à Marrakech est évalué actuellement à 32.000 unités mais qui s’aggrave chaque année de 10.000 unités malgré les efforts entrepris dans ce secteur. Entre 2003 et 2005, on estime que le nombre des autorisations de construction était de 14.500.          Dans ce sens, il a été décidé l’ouverture de plusieurs zones urbaines dont celle située à Loudaya sur une superficie de 120 hectares, une autre au niveau de Chichaoua de 32 ha et une troisième à Tahannaout de 900 hectares.
Afin de garantir un cadre de vie agréable et de préserver l’environnement, plusieurs actions et projets ont été mis en œuvre, dont l’équipement de la ville d’une station d’épuration des eaux usées, l’aménagement de plusieurs nouveaux espaces verts et la réfection des jardins historiques, entre autres, Jnane Al Harti, Arsat Albilk, Arsat Moulay Abdessalam et les Jardins de la Ménara. Autre projet grandiose pour la préservation de l’environnement est, celui de la réhabilitation de la palmeraie de la ville, avec la plantation de milliers de nouveaux palmiers.


Pour un développement harmonieux de la ville

Sur le plan hydrique, compte tenu de la forte pression sur les ressources en eau au niveau de la ville et de la région, des projets colossaux ont vu le jour ces dernières années, dont l’inauguration du barrage de Ouirgane (province d’Al Haouz) et le lancement des travaux de celui de Taskourt (province de Chichaoua).
Marrakech mène également le renforcement du réseau d’assainissement liquide et la programmation du traitement secondaire des eaux usées pour l’arrosage des espaces verts.
Côté santé, l’infrastructure hospitalière a été renforcée avec l’ouverture d’un nouveau Centre hospitalier universitaire (CHU) Mohammed VI, d’une capacité de 629 lits, répartis en deux hôpitaux : hôpital Ibn Toufaïl à vocation médico- chirurgicale et gynéco-obstétricale d’une capacité de 409 lits et l’hôpital Ibn Nafiss pour les soins psychiatriques d’une capacité de 220 lits.
   L’offre du CHU s’est renforcée, en 2008, par l’ouverture de l’hôpital Mère et Enfant de 247 lits, d’autant plus que le Centre sera doté, à moyen terme, d’un hôpital des spécialités d’une capacité de 586 lits, dont les travaux sont en cours et d’un Centre d’hémato-oncologie de 83 lits toujours de construction.
Sur le plan industriel, la tendance est de donner priorité aux industries non polluantes, à savoir l’artisanat, l’agroalimentaire, l’habitat, le tourisme, les services et l’offshoring.
Malgré de grands efforts déployés en vue d’assurer un développement harmonieux de la ville, les déséquilibres socio-économiques sont tels qu’on se demande si ces projets, à eux seuls, seront en mesure de résoudre tous les problèmes dus à une urbanisation accélérée conjuguée à une forte croissance démographique. Seul l’avenir pourra apporter des réponses.
 



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