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Malgré ses nombreuses occupations et un programme très chargé, David Serero a bien voulu nous consacrer un peu de son temps. L’occasion de revenir sur la carrière de cet acteur, producteur et chanteur d’opéra dont les prestations sur scène, au cinéma et les œuvres discographiques ont été maintes fois saluées à travers le monde.
Libé : Vous êtes à la base de la création de la première compagnie d’opéra nationale du Maroc dont on a pu apprécier la prestation lors du gala d’ouverture de l’Opéra Royal du Maroc. Quels en sont les objectifs ?
David Serero : Le premier, c’est d’amener l’opéra au Maroc tout en y apportant une touche locale. Il s’agit donc d’un opéra pour le Maroc. Ensuite, promouvoir l’opéra en darija. Et le premier opéra sera sur la « Marche Verte ».
Il est aussi question de former la nouvelle génération de chanteurs d’opéra marocains. Car, il n’en y a malheureusement pas plus d’une dizaine à travers le monde. En revanche, il existe une cinquantaine d’étudiants sur l’ensemble du territoire national qu’il faut toutefois former. Tout comme les professeurs qui sont plus dans le chant classique, donc bien loin de l’opéra qui est la diction, la projection et plein de choses.
Parlons un peu de votre carrière. Vous avez démarré en tant que pianiste avant de devenir l’immense chanteur d’opéra que l’on connaît. Comment en êtes-vous arrivé là ?
J’ai effectivement démarré en tant que pianiste avant d’être pris d’une envie de faire plein de choses comme me mettre en scène, incarner un rôle sur scène ou à l'écran, produire un festival, une pièce ou encore un concert d’opéra.
A vrai dire, j’ai toujours considéré que jouer au cinéma, chanter à l’opéra et monter un festival d’opéra ou de films font partie d’un même métier, d’autant plus que tous ces métiers se complètent. Mais avant tout, je dois dire que j’aime travailler.
Vous vous êtes produit dans des salles internationales prestigieuses et plusieurs stations de métro. Y a-t-il encore des lieux, des villes et des pays où vous souhaitez jouer un jour ?
A ce jour, je crois avoir donné plus de 2.500 concerts et performances à travers le monde, dans une soixantaine de pays. J’ai tellement joué dans des salles prestigieuses qu’elles ne me disent maintenant plus rien, même si j’ai toujours été plus attiré par le public qu’on y retrouve.
J’aimerais désormais me rendre en Afrique subsaharienne où je n’ai pas encore eu l’honneur de me produire, donner des spectacles et des performances dans des petites contrées lointaines et lors d’occasions autres que celles que j’ai connues. Par exemple, j’ai été invité à un dîner de gala annuel de bienfaisance organisé par la Fondation diplomatique avec la République fédérale du Nigéria et présidé par SAR la Princesse Lalla Hasnaa. Lors de cette soirée, des groupes de musique africaine y ont presté et, au milieu de cette ambiance, je suis venu chanter de l’opéra. C’était magnifique !
D’où votre prestation à l’improviste en plein air à la Médina…
Ça fait partie de ma volonté d’amener l’opéra au plus près du public. L’accueil était extraordinaire : ils étaient curieux, tapaient des mains et chantaient. Si vous voulez que des gens vous écoutent, il faut aller vers eux comme dans les souks et Médinas, les écoles, et même dans les lieux qui font partie du patrimoine marocain. C’est ce que l’Opéra Royal du Maroc compte en tout cas faire. Donc, si vous n’allez pas à l’Opéra, c’est à l’opéra d’aller vers vous.
Vous êtes sur scène au théâtre, au cinéma et dans la discographie. Parvenez-vous à trouver du temps pour vous ?
Non, malheureusement pas. Il faut dire que chaque fois que j’arrive à prendre du temps, je me dis que j’ai ma retraite pour y réfléchir. D’un autre côté, je n’arrive pas à me reposer quand bien même rien ne se passe : je me dis «ce n’est pas bien. Il doit y avoir un sale truc qui va arriver» (rires). Finalement, j’ai choisi de battre le fer pendant qu’il est chaud.
Vous appréciez bien le Maroc que vous ne manquez pas d’évoquer à chaque occasion. Qu'y a-t-il de marocain dans votre longue carrière et riche expérience?
L’envie d’ouvrir les portes et quand elles ne s’ouvrent pas, je construis moi-même ma porte. Ce qui est très marocain, c’est aussi cette envie de travailler avec les gens sur le long terme, pas froidement avec des emails.
Vous avez commencé votre carrière dans les comédies musicales. Quels souvenirs gardez-vous de ces années-là? Qu’est-ce que ce passage a apporté à votre carrière?
Ma chance, c’est d’avoir connu pratiquement tous les styles, le hard rock, le jazz avant d’aller dans l’opéra. Et pour répondre à votre question, ce que les comédies musicales m’ont apporté, c’est d’être capable de jouer tous les jours, de répéter un spectacle l’après-midi et de jouer un autre le soir. Les gens préfèrent avoir deux ou trois jours de repos, deux jours de repos avant, entre chaque représentation et pendant qu’ils sont sur un rôle, ils ne font rien d’autre. Donc, cela m’a apporté ça et en plus, je travaillais dans un restaurant pendant la journée. Cela dit, c’était une époque où l’on avait plein de rêves.
En 2019, vous avez été désigné parmi les 15 Marocains les plus influents du monde. C’est important d’être ainsi considéré ?
Oui, parce qu’en plus, c’était Royal Air Maroc qui avait fait ça et qui plus est la compagnie aérienne nationale d’un pays. Cela fait donc plaisir d’autant plus que d’autres personnalités y étaient sélectionnées comme le grand acteur Saïd Taghmaoui ; le président de LVMH Fashion Group et de Christian Dior, Sidney Toledano, puis de grands scientifiques et athlètes. C’était très beau et, encore une fois, cet amour réciproque vous donne envie de faire beaucoup plus.
Vous êtes très ouvert, toujours de bonne humeur et plein d’humour. C’est important que ces traits soient présents dans votre carrière ?
Bien sûr. Tout d’abord, ça fait partie de mon univers de divertir les gens. En même temps, quand je suis sur scène, j’explique ce qui se passe et improvise avec le public. J’ai un tel respect pour le fait qu’il ne vous connaisse pas, vienne, se déplace pour vous et s’assied vous regarder.
J’aime l’humour, faire rire les gens et divertir, mais en donnant du bon contenu parce que la comédie, c'est quelque chose de très sérieux finalement.
Propos recueillis par Alain Bouithy
Libé : Vous êtes à la base de la création de la première compagnie d’opéra nationale du Maroc dont on a pu apprécier la prestation lors du gala d’ouverture de l’Opéra Royal du Maroc. Quels en sont les objectifs ?
David Serero : Le premier, c’est d’amener l’opéra au Maroc tout en y apportant une touche locale. Il s’agit donc d’un opéra pour le Maroc. Ensuite, promouvoir l’opéra en darija. Et le premier opéra sera sur la « Marche Verte ».
Il est aussi question de former la nouvelle génération de chanteurs d’opéra marocains. Car, il n’en y a malheureusement pas plus d’une dizaine à travers le monde. En revanche, il existe une cinquantaine d’étudiants sur l’ensemble du territoire national qu’il faut toutefois former. Tout comme les professeurs qui sont plus dans le chant classique, donc bien loin de l’opéra qui est la diction, la projection et plein de choses.
Parlons un peu de votre carrière. Vous avez démarré en tant que pianiste avant de devenir l’immense chanteur d’opéra que l’on connaît. Comment en êtes-vous arrivé là ?
J’ai effectivement démarré en tant que pianiste avant d’être pris d’une envie de faire plein de choses comme me mettre en scène, incarner un rôle sur scène ou à l'écran, produire un festival, une pièce ou encore un concert d’opéra.
A vrai dire, j’ai toujours considéré que jouer au cinéma, chanter à l’opéra et monter un festival d’opéra ou de films font partie d’un même métier, d’autant plus que tous ces métiers se complètent. Mais avant tout, je dois dire que j’aime travailler.
Vous vous êtes produit dans des salles internationales prestigieuses et plusieurs stations de métro. Y a-t-il encore des lieux, des villes et des pays où vous souhaitez jouer un jour ?
A ce jour, je crois avoir donné plus de 2.500 concerts et performances à travers le monde, dans une soixantaine de pays. J’ai tellement joué dans des salles prestigieuses qu’elles ne me disent maintenant plus rien, même si j’ai toujours été plus attiré par le public qu’on y retrouve.
J’aimerais désormais me rendre en Afrique subsaharienne où je n’ai pas encore eu l’honneur de me produire, donner des spectacles et des performances dans des petites contrées lointaines et lors d’occasions autres que celles que j’ai connues. Par exemple, j’ai été invité à un dîner de gala annuel de bienfaisance organisé par la Fondation diplomatique avec la République fédérale du Nigéria et présidé par SAR la Princesse Lalla Hasnaa. Lors de cette soirée, des groupes de musique africaine y ont presté et, au milieu de cette ambiance, je suis venu chanter de l’opéra. C’était magnifique !
D’où votre prestation à l’improviste en plein air à la Médina…
Ça fait partie de ma volonté d’amener l’opéra au plus près du public. L’accueil était extraordinaire : ils étaient curieux, tapaient des mains et chantaient. Si vous voulez que des gens vous écoutent, il faut aller vers eux comme dans les souks et Médinas, les écoles, et même dans les lieux qui font partie du patrimoine marocain. C’est ce que l’Opéra Royal du Maroc compte en tout cas faire. Donc, si vous n’allez pas à l’Opéra, c’est à l’opéra d’aller vers vous.
Vous êtes sur scène au théâtre, au cinéma et dans la discographie. Parvenez-vous à trouver du temps pour vous ?
Non, malheureusement pas. Il faut dire que chaque fois que j’arrive à prendre du temps, je me dis que j’ai ma retraite pour y réfléchir. D’un autre côté, je n’arrive pas à me reposer quand bien même rien ne se passe : je me dis «ce n’est pas bien. Il doit y avoir un sale truc qui va arriver» (rires). Finalement, j’ai choisi de battre le fer pendant qu’il est chaud.
Vous appréciez bien le Maroc que vous ne manquez pas d’évoquer à chaque occasion. Qu'y a-t-il de marocain dans votre longue carrière et riche expérience?
L’envie d’ouvrir les portes et quand elles ne s’ouvrent pas, je construis moi-même ma porte. Ce qui est très marocain, c’est aussi cette envie de travailler avec les gens sur le long terme, pas froidement avec des emails.
Vous avez commencé votre carrière dans les comédies musicales. Quels souvenirs gardez-vous de ces années-là? Qu’est-ce que ce passage a apporté à votre carrière?
Ma chance, c’est d’avoir connu pratiquement tous les styles, le hard rock, le jazz avant d’aller dans l’opéra. Et pour répondre à votre question, ce que les comédies musicales m’ont apporté, c’est d’être capable de jouer tous les jours, de répéter un spectacle l’après-midi et de jouer un autre le soir. Les gens préfèrent avoir deux ou trois jours de repos, deux jours de repos avant, entre chaque représentation et pendant qu’ils sont sur un rôle, ils ne font rien d’autre. Donc, cela m’a apporté ça et en plus, je travaillais dans un restaurant pendant la journée. Cela dit, c’était une époque où l’on avait plein de rêves.
En 2019, vous avez été désigné parmi les 15 Marocains les plus influents du monde. C’est important d’être ainsi considéré ?
Oui, parce qu’en plus, c’était Royal Air Maroc qui avait fait ça et qui plus est la compagnie aérienne nationale d’un pays. Cela fait donc plaisir d’autant plus que d’autres personnalités y étaient sélectionnées comme le grand acteur Saïd Taghmaoui ; le président de LVMH Fashion Group et de Christian Dior, Sidney Toledano, puis de grands scientifiques et athlètes. C’était très beau et, encore une fois, cet amour réciproque vous donne envie de faire beaucoup plus.
Vous êtes très ouvert, toujours de bonne humeur et plein d’humour. C’est important que ces traits soient présents dans votre carrière ?
Bien sûr. Tout d’abord, ça fait partie de mon univers de divertir les gens. En même temps, quand je suis sur scène, j’explique ce qui se passe et improvise avec le public. J’ai un tel respect pour le fait qu’il ne vous connaisse pas, vienne, se déplace pour vous et s’assied vous regarder.
J’aime l’humour, faire rire les gens et divertir, mais en donnant du bon contenu parce que la comédie, c'est quelque chose de très sérieux finalement.
Propos recueillis par Alain Bouithy