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Né à Bruxelles, David Dumont est un artiste
sculpteur d’origine hongroise. Il a travaillé,
durant plusieurs années, à la Commission
européenne, avant de décider de s’adonner
à plein temps à sa passion première :
la sculpture.
Libé : Comment êtes-vous venu à la sculpture ? Quelle est la première manifestation de ce désir ?
David Dumont : Je ne sais pas. Très jeune, j'ai toujours bricolé et fait des assemblages. Le volume, c'est «mon truc» plus que le dessin ou la peinture. J'ai beaucoup plus de facilité à composer un portrait en pâte à modeler qu’à faire un croquis. Ça me vient naturellement. Je sens le volume entre mes doigts. Le dessin me paraît plus abstrait, moins manuel, comme une élucubration intellectuelle.
Vos sculptures sont-elles classiques ?
J'ai du mal à imaginer que mes sculptures ne sont pas classiques et directement perceptibles.
Mais vous avez aussi créé votre propre courant. On peut dire que votre sens du réel n'est pas commun.
S'il était commun, je ne serais pas sculpteur. Actuellement, nous sommes dans un courant de mode où toutes les «originalités» se ressemblent par osmose. La mode qui sévit à New York va nous arriver dans deux ans, et les gens qui l'adopteront auront l'impression d'être originaux. Aucune authenticité dans les choix et les goûts ! Tout est versatile. Je me révolte devant le triomphe du paraître sur l'être, de la Pub sur l'Art.
Que voulez-vous dire par « être original»?
Ni suivre, ni être suivi, je ne suis personne, je "suis". La création c'est l'originalité, le neuf absolu. Vous ne pouvez pas refaire ce qu'a fait quelqu'un d'autre. A partir du moment où quelqu'un fait quelque chose, qu'il en a les dons, qu'il le fait bien, vous ne faites que le suivre, mais il n'y a pas à l'admirer. C'est un plombier qui réalise bien une installation de chauffage. C'est normal. Nul n'est "admirable" en art. Il n'est que des gens à plaindre de tenter de faire quelque chose pour laquelle ils ne sont pas doués.
Chaque œuvre a une motivation aussi personnelle et aussi vive ?
Toutes ! Je ne crée pas gratuitement. Il y a toujours un motif. La beauté n'est pas un mobile suffisant. Certes, à l'origine, j'ai recherché le 'beau' - l'harmonie des choses. Aujourd'hui, je suis passé au concept, à l'idée qui me traverse l'esprit, ou la dérision. Je suis actuellement mobilisé pour réaliser "L'Infante" du tableau des "Menines", mais je n'opère pas en regardant le tableau de Velazquez comme point de départ, mais plutôt les variations qu'en a fait Picasso. Et je dirais même, en ignorant Velazquez, le paradoxe ironique est que je rends ainsi hommage à Picasso pour une œuvre dont il n'est pas l'auteur, et à travers cette sculpture, je dénonce tous ceux qui empruntent aux autres en créant une copie à partir de la copie d'une copie d'une copie. Si j'avais un autre souffle, j'écrirais un livre sur ce sujet ! Cette satire sculptée est une «économie» et plus encore elle me paraît plus forte que l'écriture car mes intentions ne sont pas évidentes, il y a l'humour en plus !
Quelle est l’œuvre du genre que vous aimeriez bien sculpter ?
Je n’ai pas en mémoire une sculpture particulière, mais j’espère avoir un jour la possibilité de réaliser une œuvre monumentale en marbre pour mon pays, la Hongrie. Autrement, j’ai toujours la tête en ”effervescence” quand il s’agit de la créativité artistique et les idées ne manquent pas.
Avez-vous déjà eu l’envie de jeter votre palette ou votre marteau pour vous consacrer à un autre métier?
Non, l’idée de changer de métier ne m’effleure même pas. La sculpture est pour moi une passion trop forte pour l’abandonner. J’exprime au plus haut point la magie de faire s’exprimer un morceau de marbre avec quelques simples outils, d’y mettre mon capital culturel et historique. Cela n’a pas son égal dans l’expression de la vie pour moi.