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Chèques: Halte à l’irrégularité !


Libé
Mercredi 12 Mai 2021

Le chèque, instrument de paiement privilégié par les commerçants et les entreprises pour son caractère contraignant, se veut plus que jamais contrôlé et suivi tout au long de sa vie, et ce, grâce au nouveau service de centralisation des chèques irréguliers (SCCI) de Bank Al-Maghrib. De par son mode de fonctionnement, ce service, qui s’inscrit dans le cadre des efforts consentis par la Banque centrale en vue de contribuer à l’amélioration de l’environnement des affaires, donnera certainement un coup de pouce majeur au chèque pour regagner en crédibilité. En effet, le SCCI est basé sur une collecte quotidienne des données auprès du système bancaire dans l’objectif de pouvoir détecter toute irrégularité pour le chèque (interdiction bancaire ou judiciaire, opposition, falsification, etc) et aussi les comptes frappés d’indisponibilité ou clôturés. L’idée est de permettre aux clients, ayant opté pour un chèque afin de régler leurs transactions, de s’assurer de la régularité de cet instrument de paiement à tout moment et surtout le plus tôt possible afin d’agir en conséquence. Ledit service, tel qu’il a été présenté au public, est “séduisant” dans la mesure où il permet de sonder la capacité d’un débiteur à honorer un chèque à l’instant, indique Abdelaziz Arji, expertcomptable, auditeur, commissaire aux comptes et fondateur du cabinet Eurodefi-Audit. Il s’agit d’une “grande avancée”, estime M.Arji qui souligne, cependant, que “l’efficacité est toute relative”. “En effet, un compte bancaire peut être déclaré comme suffisamment doté, mais aucune information ne peut être obtenue sur les engagements imminents sur ce compte. C’est le cas des chèques en cours de paiement, des impôts en cours de débit ou encore des salaires en cours de virement”, explique-t-il dans un entretien à la MAP. Ces engagements, qui sont programmés avant le chèque que le fournisseur est en train de se faire délivrer par son client, sont prioritaires et peuvent mettre en échec son honorabilité, relève M. Arji. “Dans tel cas, quelle serait la responsabilité de cet organisme qui délivre l’information sur la solvabilité du client ?”, s’interroge-til. Parallèlement, rappelons-le, Bank Al-Maghrib promet l’enrichissement du SCCI par d’autres produits, comme le blocage en ligne de provisions ou encore l’élargissement des canaux de consultation à des lecteurs automatiques de chèques et aux terminaux de paiement électronique. “Le chèque a la peau dure, mais sa disparition est programmée” ! Malgré toutes les sécurités et les technologies qui peuvent être mises autour du chèque, cet instrument devrait, selon M. Arji, disparaître à long terme, comme c’était le cas dans d’autres pays. D’ailleurs, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a contribué au changement du comportement de plusieurs clients qui exigent de plus en plus le virement comme mode de paiement. En plus, cette crise a fait augmenter significativement le rejet de chèques. Un phénomène qui a été observé même chez les “grands” comptes, eu égard aux tensions sur la trésorerie des entreprises. “Les habitudes qui veulent que le fournisseur se déplace chez son client et perde du temps à palabrer et à quémander pour récupérer son chèque ont tendance à disparaître. C’est ce qui me laisse dire que le chèque continuera à être exigé dans un seul cas: Quand le fournisseur n’a pas confiance en son client”, fait valoir M. Arji. Dans ce cas, a-t-il soutenu, le client incapable d’effectuer un virement faute de provision aura tendance à remettre des chèques en guise de garantie pour la transaction, notant que cette pratique transcende la sphère des transactions commerciales. Compte tenu de cette situation et des risques que le “traditionnel” chèque papier présente, le moment pourrait s’avérer opportun pour tabler sur la digitalisation et franchir le pas vers une nouvelle ère numérique. Encore faut-il une “véritable” adaptation avec ce monde complexe qui nécessite de mener de profondes réflexions autour de ses différents axes, dont la signature numérique et la cybersécurité. Par Hicham Louraoui (MAP)


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