Chambre du commerce, de l’industrie et des services de Fès-Boulemane : Une assemblée générale sans fin


Par ELMEHDI LARAQUI HOUSSAINI *
Mardi 16 Février 2010

Afin d’éviter toute relation superficielle ou réductrice des faits et a fortiori  toute interprétation tendancieuse et subjective de l’action entreprise par la majorité des membres opposés à la levée systématique  de séances des sessions de l’assemblée générale de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de la région Fès-Boulemane par son président, il est impératif de préciser la nature réelle de l’enjeu et le fond du débat. Ramener le déroulement de la séance du 11/02/2009 à une simple alliance tripartite ou pis encore à un complot visant le président serait un raccourci qui ne tient compte ni de la nature et des missions dévolues à cette institution, ni de l’intégrité de ses membres dont une partie, au demeurant, a été élue sans affiliation partisane.
La dernière session de l’assemblée générale a été surtout un moment déclencheur qui a mis en exergue une série de dysfonctionnements que le président, dont les qualités humaines ou les bonnes intentions ne sont aucunement mises en doute, a malheureusement alimentés et amplifiés. L’action entreprise n’est pas une vindicte personnelle ou partisane mais dans un premier temps, et au cours de la 1ère séance de cette session tenue le 28/01/2010, la manifestation d’une exaspération devant des comportements inconsidérés confortant l’idée d’une instrumentalisation de cette institution et de la manipulation à distance de ses organes exécutifs par un parti qui prétend à une hégémonie totale qui ne souffrirait ni contestation ni même dialogue, ce qui met en péril la crédibilité de la Chambre et son autonomie vis-à-vis de la compétition, légitime au demeurant des différents partis politiques.
Le mouvement ainsi enclenché est allé crescendo entre les deux séances pour emporter l’adhésion d’une majorité absolue de membres à un constat de faillite de la gestion unilatérale et des compromissions claniques de la présidence et à l’esquisse d’un projet alternatif et participatif permettant à tous les élus d’assumer effectivement leurs fonctions dans une institution appelée à être un réservoir d’idées, d’avis et un formidable levier de développement malgré ou –peut-être même- grâce à ses fonctions, exclusivement consultatives. Dans les milieux des opérateurs économiques que représentent les membres de la nouvelle majorité autant que dans les différentes sensibilités et courants de pensée dont ils se réclament, la culture de l’anti ou de l’opposition viscérale sans projet n’est pas de mise.
Se définissant  moderniste, démocrate et progressiste, ce collectif s’est posé depuis la 1ère session de la Chambre au mois d’octobre 2009 en tant que force de réflexion et de proposition dans une démarche constructive transcendant  les collèges électoraux et rassemblant différentes listes autour d’un projet basé sur une lecture qui peut être complémentaire pour enrichir le débat et articulé autour des leitmotiv de l’ouverture, l’engagement, l’innovation, la responsabilité et l’efficacité.
Ceci étant, et au corps défendant des membres de la Chambre, le débat au sein de cette institution se trouve  au centre d’une large remise en cause de la mainmise d’un seul parti sur toutes les institutions représentatives locales avec tout ce que cela comporte comme dérives autoritaires.
Certes, le président, unanimement porté à cette fonction, a dilapidé tout le capital de confiance dont il était crédité. Sans majorité, il se trouve moralement dans une obligation de démission ou dans une situation de destitution de facto. Cependant, il lui  était toujours possible de retrouver la cohésion et le consensus au sein de cette institution en répondant à la double condition d’être d’abord le président de tous les membres de la Chambre sans exclusive partisane ni ostracisme et ensuite de préserver  l’autonomie de cette institution de toutes les influences extrinsèques.
La séance du 11 février 2010 a été abordée dans un esprit positif dans l’espoir du rétablissement d’un climat de confiance et de partenariat franc et responsable avec tous. Mais la majorité des membres a dû vite déchanter tant le président  et les membres de sa mouvance se sont enlisés dans des exigences partisanes en violation flagrante de la loi, des règles élémentaires de la démocratie, et dans le mépris total de l’intérêt général.
Ainsi, le mea culpa du président et ses professions de foi conciliantes n’ont pas résisté à l’épreuve de l’élection des membres des commissions permanentes. Dès la présentation d’une liste concurrente à celle concoctée dans l’alcôve de réunions internes du parti du président et l’appréhension d’une mise en minorité de ce dernier, le recours aux mêmes artifices, aux sempiternelles manoeuvres et forfaitures devenait le seul moyen d’éluder le verdict des urnes. Après une première interruption de séance pour consultation, le président et ses proches n’ont eu aucune vergogne à exiger ouvertement un quota pour leur parti dans les présidences des commissions. Ce qui montre, si besoin était, la duplicité du discours sur la neutralité et l’ouverture et la dépolitisation des délibérations au sein de  cette institution inscrite en tant que règle normative aussi bien dans les statuts que dans le règlement intérieur. Cette attitude prouve également une très faible culture démocratique et une approche très mercantile du droit et des institutions. Toutes les propositions de sortie de crise, présentées, dans le respect de la légalité et sans confondre compromis et compromission, se sont heurtées à une fin de non recevoir autant injustifiée que catégorique. Préférant paralyser une institution constitutionnelle dont l’arrêté de compte et le projet de budget figuraient parmi les points à l’ordre du jour de cette session et sacrifiant l’intérêt général pour de sordides et supposés équilibres partisans, le président a récidivé en levant la séance sans justification ni fondement; plantant sur place tous les membres présents et violant allègrement et dans l’impunité totale; les dispositions de l’article 500 des statuts et l’article 10 du règlement intérieur voté auparavant par l’assemblée générale.
Toute la différence entre les enfants et les adultes, c’est la valeur des jouets, et c’est bien à cette simple dimension ludique que sont ramenés l’institution et le “jeu” démocratique dans l’acception du président et des instigateurs de ses volte-face répétées. Le recours aux sbires et autres gros bras pour terroriser les membres de la Chambre de commerce contestant la dérobade du président a été le point d’orgue d’une parodie d’assemblée générale dirigée.
Devant cette confiscation des institutions avec ce qu’elle comporte comme implications dangereuses pour la démocratie, le collectif des membres attachés à la primauté du droit et des institutions (plus de trente membres signataires) ont préparé un mémorandum adressé aux autorités locales et nationales pour lever cette hypothèque qui grève la bonne marche de cette institution et en fait un otage asservi au joug d’un seul parti.
L’art de diriger consiste à savoir abandonner la baguette pour ne pas gêner l’orchestre, disait H. Van Karajan. A bon entendeur!

* Industriel, membre de la Chambre
de commerce, d’industrie et des services de la région Fès-Boulemane.


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