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Bourse et capital investissement lorgnent les PME

230 milliards de dollars injectés dans les entreprises à travers le monde

Vendredi 14 Novembre 2014

Bourse et capital investissement lorgnent les PME
«Actuellement, la Bourse n'est pas uniquement réservée aux grandes entreprises et groupes, mais elle est ouverte à tout le monde», tels sont les maîtres mots de la directrice générale de CFG Capital, Soumaya Tazi.
C’est lors d'un workshop, organisé récemment à Casablanca, sous le thème "Financement des entreprises: du capital investissement à la Bourse", que cette directrice ainsi que d’autres responsables à l’instar de Philippe Couderc, Badr Benyoussef et Jean Guillaume Habay respectivement associé transactions chez PwC, directeur du développement de la Bourse de Casablanca et directeur exécutif de Swicorp, ont notamment mis en exergue la pertinence de l’introduction en Bourse dans le financement de l’entreprise…
Il va sans dire, appuie Mme Tazi dans son intervention à cette réunion co-organisée avec l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), que l’accès aux sources dites classiques de financement, à savoir le crédit bancaire, l’appel public à l’épargne ou carrément l’apport de fonds propres peut se révéler limité, voire dans certains cas impossible. D’où l’importance du capital investissement qui peut, à ce moment-là, s’avérer être une alternative opportune de financement. 
Et de réitérer que l'introduction en Bourse, sortie favorite des fonds de private equity (investisseurs en capital), est une source de financement récurrent qui permet à l'entreprise de s'institutionnaliser, assurer une meilleure liquidité du patrimoine, avoir une meilleure transparence et mieux lever des fonds. Le la est ainsi donné par Mme Tazi qui relève dans la foulée que, souvent, les PME ne sont pas forcément prêtes à entrer en Bourse de façon systématique, car il y a certaines obligations à ne pas négliger envers les investisseurs et qu'il faut honorer. Il s’agit, entre autres, d’une meilleure communication, d’un processus de gouvernance clair et last but not least, d’une présence régulière et de qualité sur le marché pour faire son marketing en permanence.
Elle a fait remarquer, dans ce sens, que les investisseurs en capital peuvent aider ces entreprises à préparer cette transition. Et qu’à travers une prise de participation pour une durée déterminée, ils pourront permettre de booster les PME en les accompagnant pour améliorer leur processus de gestion tout en se modernisant. En décodé, explique la responsable, pour ouvrir son capital, soit par placement privé (partenaires stratégiques ou financiers) ou par introduction en Bourse, l'entreprise fait appel à trois types d'intervenants. En l’occurrence, les banques d'affaires (qui font office de coordinateur global en aidant l'entreprise à la préparation d'une liste d'investisseurs potentiels et des documents de placement), les cabinets d'audit et de transactions (qui se chargent essentiellement des diligences financières, fiscales et juridiques à faire, normalisent les agrégats financiers et ajustent la valeur de l'action) et, in fine, les cabinets d'avocat (qui, dans le cadre d'un placement privé, définissent, entre autres, le cadre contractuel de la transaction, les modalités d'achat et de cession et les garanties données sur la gestion (d'actif et de passif), et s’agissant de l'introduction en Bourse (Initial public offering ou IPO), ils préparent les attestations et identifient les risques juridiques.
De fil en aiguille, Badr Benyoussef, qui avait également expliqué, en long et en large, que le Capital Investissement et la Bourse sont deux modes de financement complémentaires pour les entreprises, notamment pour les PME, a regretté, toutefois, que ces deux instruments soient finalement faiblement exploités par les entreprises en général et les PME en particulier. Et pourtant, se demande ce responsable, il s’agit là de deux canaux de financement alternatif au secteur bancaire surtout dans un environnement complexe marqué par les déficits en trésorerie et le renforcement des règles prudentielles imposées par Bank Al-Maghrib. Celles-ci poussent, en effet, les banques à être encore plus pointilleuses en matière d’octroi de crédits aux entreprises, notamment aux PME qui sont jugées plus fragiles et souvent sous_capitalisées.
Quoi qu’il en soit, environ un tiers des IPO au Maroc ont été réalisées à l'initiative des fonds de private equity durant les huit dernières années, a-t-il annoncé avant de rappeler qu’une des portes de sortie du capital investissement est justement l'introduction en Bourse (en moyenne 15 % de ces opérations (sorties) se réalisent via la Bourse).
«Après la crise de 2008, il y a eu un regain d'introduction en Bourse. La tendance a été inversée en 2012, seulement aujourd'hui la machine est en train de repartir et le nombre d'introduction commence à s'accélérer à travers le monde, les entreprises étant à la recherche de nouveaux moyens de financement car face au problème de sous-liquidité bancaire, ses structures cherchent forcément des moyens alternatifs qui peuvent être le private equity et l'IPO», a-t-il ajouté.
Et pour corroborer l’importance de ces deux modes de financement complémentaires pour les entreprises, ce responsable a relevé qu'à travers le monde, pas moins de 2.000 opérations de capital investissement sont réalisées par an en moyenne, soit près de 230 MM de dollars levés, donc injectés dans les entreprises. Parallèlement, environ 1150 entreprises se sont introduites en Bourse dans le monde, au titre de l’exercice 2013, en levant un montant cumulé de 730 MM de dollars. 
Ainsi, ces types de financements sont assez prisés dans le monde par les entreprises. En revanche, sous le ciel marocain, les entreprises sont encore effarouchées. A ce titre, Jean Guillaume Habay déclare que «le capital investisseur cible les entreprises rentables ayant un plan de développement» avant d’ajouter que les sociétés idéales pour le capital investisseur sont celles qui ont des projets de développement, de bonnes perspectives de sortie, une transparence dans la gestion, un actionnaire sérieux, un management de qualité, un positionnement de marché fort et défendable, une récurrence des flux financiers, un prix d’acquisition raisonnable, etc. 
Un avis partagé par Philippe Couderc, qui explique que c’est un business plan «réaliste, volontariste et défendable» mais essentiellement transparent qui doit être présenté aux investisseurs.  En effet, ce responsable conseille les entrepreneurs d’être transparents dans leur gestion et les avertit aussi sur le fait d’anticiper d’éventuels problèmes avant l’investisseur...
En clair, selon lui, l’entreprise doit s’engager à devenir transparente ou du moins «être prête à le devenir», car elle sera amenée à communiquer ses informations financières et commerciales aux futurs investisseurs. Et pour cause, cet accompagnement du capital investisseur porte généralement sur une collaboration active qui dure entre 3 à 7 ans voire plus suivant la maturité de l’entreprise et de la volonté des actionnaires.
Quant au placement privé qui peut intéresser certaines entreprises, M. Couderc indique qu’il restera toujours moins cher qu’une introduction en Bourse. En effet, cette dernière coûte entre 2,5% et 5% du montant levé en sus des frais supplémentaires liés aux campagnes de communication post-IPO. Et même si après l’IPO, les entreprises bénéficient de certains avantages fiscaux (réduction de 50% de l'impôt sur les sociétés (IS) pendant 3 ans ou encore une aide de 500.000 DH pour les PME destinée aux différents coûts marketing, il n’en demeure pas moins que c’est plus cher... 
Pour rappel, le capital investissement est une activité financière consistant pour un investisseur à entrer au capital de sociétés qui ont besoin de capitaux propres. Le terme de capital-investissement concerne généralement l'investissement dans des sociétés non cotées en Bourse.
Les investisseurs en capital ont pour objectif la réalisation, par la cession ou la vente de leur part à plus ou moins long terme (3 à 10 ans selon les secteurs économiques) de plus-values. Cette sortie peut se faire soit de gré à gré, soit par introduction en Bourse. 

Meyssoune Belmaza

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