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Béji Caïd Essebsi hospitalisé dans un état critique

Le double attentat commis à Tunis met le pays en émoi


Samedi 29 Juin 2019

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a été hospitalisé dans un état critique jeudi, le jour où un double attentat suicide revendiqué par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) a tué un policier à Tunis, faisant ressurgir le spectre de la violence.
Agé de 92 ans et élu en 2014, M. Essebsi a été "victime d'un grave malaise et a été transféré à l'hôpital militaire de Tunis", a écrit la présidence sur sa page Facebook.
"La situation du président est critique" mais "stable", a indiqué son conseiller Firas Guefrech sur Twitter, démentant des rumeurs faisant état de sa mort.
En soirée, le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, a assuré qu'il y avait "un début d'amélioration" de l'état de son père.
Après les attentats suicide et l'hospitalisation du chef de l'Etat, le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, 85 ans, a réuni à l'Assemblée les chefs des blocs parlementaires. Chargé de l'intérim en cas de décès du président, il avait lui-même été hospitalisé la semaine dernière, selon les médias tunisiens.
En vertu de la Constitution, il revient à la Cour constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et de confier la présidence par intérim, soit au président du Parlement en cas de décès du chef de l'Etat, soit au Premier ministre Youssef Chahed en cas d'absence temporaire.
Mais huit ans après la révolution qui a mené à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie n'a toujours pas de Cour constitutionnelle. Un facteur qui accentuerait l'incertitude politique en cas d'absence prolongée du chef de l'Etat, alors que des élections présidentielle et législatives sont prévues en octobre et novembre.
Menés à l'ouverture de la saison touristique, les attentats à Tunis sont les premiers dans la capitale tunisienne depuis une attaque suicide le 30 octobre 2018 sur l'avenue Bourguiba (26 blessés, en majorité des policiers).
Dans un communiqué reproduit par son agence de propagande Amaq, l'EI, qui a déjà revendiqué des attaques sanglantes en Tunisie, a affirmé que les attentats de jeudi avaient été menés par deux de ses "combattants"
Le premier attentat a eu lieu sur l'avenue Bourguiba en plein coeur de Tunis. Un kamikaze a visé un véhicule de police tuant un policier et blessant trois civils ainsi qu'un policier, selon les autorités.
Des morceaux de chair, probablement ceux du kamikaze, jonchaient la chaussée autour du véhicule. L'attentat s'est produit non loin de l'ambassade de France.
Des passants se sont évanouis sous le choc et de nombreux commerces et administrations ont baissé leurs rideaux.
Une demi-heure plus tard, un autre kamikaze s'est fait exploser devant une entrée du complexe de Gorjani, où sont rassemblés des services de la Garde nationale, de la police judiciaire et des services d'enquête antiterroriste, selon le ministère de l'Intérieur. Quatre policiers ont été blessés.
"C'est une opération terroriste lâche" qui "vise à déstabiliser l'économie et la transition démocratique alors que nous sommes au début de la saison touristique et à quelques mois des élections", a déclaré le Premier ministre.
Le matin, un groupe extrémiste armé non identifié avait attaqué une antenne de télédiffusion dans le centre de la Tunisie, sans faire de victime, a indiqué le ministère de la Défense, sans qu'un lien ne puisse être établi entre ces attaques.
"Crise politique, crise économique, terrorisme! Nous ne serions pas en enfer?", a lancé en colère un jeune homme à Tunis, alors que la vie a repris doucement en soirée sur les terrasses de café de l'avenue Bourguiba, rouverte à la circulation.
Selon le porte-parole du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, les deux kamikazes ont utilisé une ceinture explosive. L'un des deux kamikazes a été identifié, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Sofiène Zaag à la TV nationale, sans autre précision.
Après le soulèvement en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et touristes étrangers.
En novembre 2015, l'EI avait revendiqué une attaque suicide contre un bus de la garde présidentielle à Tunis, qui avait tué 12 agents.
La même année, 60 personnes dont 59 touristes avaient été tuées dans des attentats contre le musée du Bardo à Tunis le 18 mars puis contre une plage et un hôtel près de Sousse le 26 juin. Deux attaques revendiquées également par l'EI.
Instauré depuis 2015, l'état d'urgence a été constamment renouvelé dans le pays, même si, ces dernières années, la situation sécuritaire s'était beaucoup améliorée.

Tirs devant la mosquée de Brest

Les éléments recueillis jusqu'à présent dans l'enquête sur les coups de feu tirés jeudi devant la mosquée Sunna de Brest, qui ont fait deux blessés, ne permettent pas de dire qu'il s'agit d'un "attentat", a affirmé vendredi à l'AFP le parquet de Brest.
"Les éléments recueillis à l'heure qu'il est ne permettent pas de considérer qu'il s'agit d'un attentat", a assuré le procureur de la République de Brest Jean-Philippe Récappé, soulignant par ailleurs que la section antiterroriste du parquet de Paris ne s'était pas saisie de l'affaire.
C'est la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes qui est chargée de l'enquête.
Peu après 16H00 jeudi, plusieurs coups de feu ont été tirés devant la mosquée Sunna de Brest, située dans le nord-est de la ville, blessant deux personnes dont l'imam Rachid El Jay, qui avait fait parler de lui il y a quelques années en raison de prêches controversés.
L'auteur présumé des faits a été retrouvé mort quelques heures plus tard dans une zone boisée de Guipavas, aux portes de Brest. "Tout laisse à penser qu'il se soit suicidé", a indiqué M. Récappé, précisant qu'avant les faits il avait adressé une lettre, accompagnée de la photocopie de sa carte d'identité, justifiant son passage à l'acte.
"Il avait envoyé un courrier à l'imam de Lille qui lui-même l'avait retransmis à l'imam de Brest, mais la police n'était pas au courant", a expliqué M. Récappé.
"Ce courrier "ne relève pas notamment de ce que l'on voit actuellement des attentats islamistes ou djihadistes", a-t-il ajouté.


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