Avec “Suspiria", la Mostra fête les héroïnes sanglantes


Libé
Lundi 3 Septembre 2018

Venise a sombré dans l'horreur samedi, entre sorcières et danses macabres, avec "Suspiria" de Luca Guadagnino, inspiré du film culte du maître du genre Dario Argento, qui est aussi un hommage aux héroïnes sanglantes du cinéma.
Les jours passent et la Mostra ne semble pas pouvoir se défaire de la question qui agite les festivals et la presse depuis des mois, celle de la place des femmes dans la société, du pouvoir, de la domination.
Le film "Suspiria", de l'Italien Luca Guadagnino, qui met en scène une assemblée de sorcières sur fond de rites occultes, n'a pas échappé à la question sur le mouvement #MeToo.
Et le réalisateur ne s'est pas défilé en conférence de presse, considérant la vague de libération de la parole des femmes comme "un point de non retour qui avait désormais envahi nos consciences".
"Suspiria a été tourné avant, mais j'aime penser que notre travail, et ceux qui viendront dans le futur, naissent d'un agréable désir de ne jamais être dans la position d'écraser l'autre avec son propre pouvoir", a ajouté le cinéaste de 47 ans, en lice pour le Lion d'Or.
Auréolé de sa nomination aux derniers Oscars avec "Call Me by Your Name", Luca Guadagnino a expliqué avoir accompli un rêve d'enfant en réalisant "Suspiria", long-métrage cofinancé par Amazon Studios.
Dans la presse, il a raconté avoir été profondément marqué par le "Suspiria" de Dario Argento (1977), qu'il a vu à 14 ans, au point de dessiner sur ses cahiers d'écolier des affiches de ce qui serait sa propre version du film.
"Le hasard a voulu que Asia Argento, fille de Dario, soit devenue la figure de proue du mouvement MeToo. Elle est aussi la cible d'une accusation d'agression sexuelle sur mineur".
"J'adore Dario, je ne serais pas ici sans lui. Je suis devenu obsédé par les maîtres de la réalisation et Dario en est un", a-t-il dit après projection destiné à la presse où le film a reçu un accueil mitigé, entre huées et applaudissements.
Il raconte l'histoire d'une jeune danseuse douée, Susie Benner (Dakota Johnson - "Cinquante nuances de Grey") qui intègre une prestigieuse académie de danse, dirigée par l'envoûtante Madame Blanc (Tilda Swinton).
Son arrivée coïncide avec la disparition d'une élève de l'académie, événement qui donnera lieu à la découverte d'inquiétants secrets que cachent les murs de l'école.
La danse contemporaine va rapidement devenir danse macabre et le film s'immerger dans l'ésotérisme, la sorcellerie et... l'hémoglobine.
Luca Guadagnino a expliqué "qu'historiquement, la sorcellerie revient à rendre le pouvoir aux femmes, le pouvoir de la femme en tant que déesse, et cela a été perverti par l'histoire officielle et les religions en le transformant en pacte avec le diable".
Le cinéaste - qui a travaillé sur le film avec le chorégraphe français Damien Jalet et le leader des Radiohead, Thom Yorke, pour la musique - a aussi confié avoir été influencé par "la vision des figures féminines du cinéma de Fassbinder.
"Il a été un maître de la cruauté et il a créé des personnages féminins, des femmes tourmentées, jamais vaincues, jamais victimes", a-t-il ajouté.
Dakota Johnson a expliqué éprouver "un sentiment d'aisance et de sécurité" avec le réalisateur italien, qu'elle retrouve après "A Bigger Splash" (2015).
"Et puis le film parle de choses que j'aime beaucoup, les danseurs, les sorcières... J'ai grandi en étant fascinée par ces groupes de femmes en imaginant combien elles étaient mystérieuses et magiques", a-t-elle expliqué.
La jeune américaine a aussi tenu à démentir les informations de presse assurant qu'elle avait eu recours à une psychothérapie à la suite du tournage.
"Je ne suis pas en psychothérapie et j'espère ne jamais l'être. Je suis une personne très pauvre (intérieurement) et parfois, lorsque je participe à un projet, je m'imprègne des sentiments des autres", a-t-elle expliqué.
"Cette expérience n'a pas du tout été dramatique mais au contraire la plus exaltante, le plus joyeuse qui soit", a conclu l'actrice, fille des acteurs Don Johnson et Melanie Griffith.


 


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