On aurait aimé qu’il porte sur autre chose, ailleurs par exemple (n’oublions pas que l’Europe aussi vote en ce mois de juin) ce sont les sondages et les performances supposés des uns et des autres qui mobilisent les opinions et offrent au débat un contenu et un sens. Ici, certaines analyses s’essoufflent à trouver (à justifier ?) mille et une raisons qui expliquent à l’avance la désaffection des citoyens…nous sommes désolés de le dire, mais il y a comme une vague impression que certains se délectent à affirmer de telles évidences qui ne permettent nullement par ailleurs un progrès de la vie civile et publique. Nous vivons réellement des temps bizarres où le dénigrement de la chose publique est devenu une pratique dominante ; nous assistons à l’émergence d’un véritable mode de production d’une nouvelle variante de la pensée unique se servant de l’espace ouvert par la démocratie pour dénigrer les pratiques démocratiques. Autres temps, autres mœurs…mais revenons à cette question d’abstention que l’on ressort comme ultime argument pour tirer sur l’expérience de transition menée par les forces démocratiques. On oublie tout simplement, ou on tente de faire oublier que l’abstention est elle-même une composante du processus électoral ; elle est une forme d’expression qui légitime, par défaut certes, l’acte électoral lui-même. Aller voter ou ne pas aller voter relève intrinsèquement du même droit ; celui de la libre autodétermination du citoyen. Dans le contexte marocain, c’est un acquis immense quand on sait que notre expérience en la matière a connu des pratiques où le « citoyen » était acculé à des choix outrepassant sa volonté ; elle n’est pas loin l’époque où les chiffres annoncés ne tenaient nullement compte de son propre comportement. Le livre noir d’une telle période reste à écrire bourrage des urnes, falsification des votes, enlèvement de candidats…des taux de participation et des scores frisant les records olympiques. On revient de loin. Le citoyen marocain baigne aujourd’hui dans un autre climat. Plus serein, plus libre… S.M le Roi vient de relancer le gouvernement sur l’engagement d’assurer à ce scrutin les meilleures conditions de réussite. Y compris la condition d’assurer à tout citoyen le libre choix de son comportement le jour J. C’est la meilleure façon de le responsabiliser. Mais devant cet acte libre et souverain qui est le sien, qu’il nous permette de lui dire que sa liberté ne peut progresser que s’il contribue à la nourrir d’engagement et de participation. En la matière, les acquis ne sont jamais définitifs : il faut en permanence les sauvegarder, les améliorer, leur offrir une couverture et un plafond. En votant, je protège ma liberté en lui donnant un sens.
Au nom de la rose : De l’abstention…Mehdi Benomar
Mercredi 3 Juin 2009
C’est devenu pratiquement une donne récurrente de notre système politique : le phénomène majeur qui mobilise l’attention lors de chaque processus électoral est la question de la participation. Lors du dernier scrutin législatif, le taux d’abstention a secoué le microcosme politique. Cela a donné lieu à une inflation de discours, à une boulimie d’analyses et de commentaires, non sans une dose de scepticisme. Aujourd’hui encore, certains observateurs assurent que, étant donné que les mêmes causes produisent les mêmes effets, on s’achemine vers un taux élevé d’abstention le 12 juin prochain. Avouons que ce n’est pas très originale comme analyse mais le débat est ouvert.
On aurait aimé qu’il porte sur autre chose, ailleurs par exemple (n’oublions pas que l’Europe aussi vote en ce mois de juin) ce sont les sondages et les performances supposés des uns et des autres qui mobilisent les opinions et offrent au débat un contenu et un sens. Ici, certaines analyses s’essoufflent à trouver (à justifier ?) mille et une raisons qui expliquent à l’avance la désaffection des citoyens…nous sommes désolés de le dire, mais il y a comme une vague impression que certains se délectent à affirmer de telles évidences qui ne permettent nullement par ailleurs un progrès de la vie civile et publique. Nous vivons réellement des temps bizarres où le dénigrement de la chose publique est devenu une pratique dominante ; nous assistons à l’émergence d’un véritable mode de production d’une nouvelle variante de la pensée unique se servant de l’espace ouvert par la démocratie pour dénigrer les pratiques démocratiques. Autres temps, autres mœurs…mais revenons à cette question d’abstention que l’on ressort comme ultime argument pour tirer sur l’expérience de transition menée par les forces démocratiques. On oublie tout simplement, ou on tente de faire oublier que l’abstention est elle-même une composante du processus électoral ; elle est une forme d’expression qui légitime, par défaut certes, l’acte électoral lui-même. Aller voter ou ne pas aller voter relève intrinsèquement du même droit ; celui de la libre autodétermination du citoyen. Dans le contexte marocain, c’est un acquis immense quand on sait que notre expérience en la matière a connu des pratiques où le « citoyen » était acculé à des choix outrepassant sa volonté ; elle n’est pas loin l’époque où les chiffres annoncés ne tenaient nullement compte de son propre comportement. Le livre noir d’une telle période reste à écrire bourrage des urnes, falsification des votes, enlèvement de candidats…des taux de participation et des scores frisant les records olympiques. On revient de loin. Le citoyen marocain baigne aujourd’hui dans un autre climat. Plus serein, plus libre… S.M le Roi vient de relancer le gouvernement sur l’engagement d’assurer à ce scrutin les meilleures conditions de réussite. Y compris la condition d’assurer à tout citoyen le libre choix de son comportement le jour J. C’est la meilleure façon de le responsabiliser. Mais devant cet acte libre et souverain qui est le sien, qu’il nous permette de lui dire que sa liberté ne peut progresser que s’il contribue à la nourrir d’engagement et de participation. En la matière, les acquis ne sont jamais définitifs : il faut en permanence les sauvegarder, les améliorer, leur offrir une couverture et un plafond. En votant, je protège ma liberté en lui donnant un sens. Lu 514 fois
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