Au PJD, rien ne sert de jurer, il faut savoir expier ses erreurs


Par Nejm-Eddine Mahla
Mercredi 13 Janvier 2016

Nombreux sont les groupuscules et les leaders politiques qui sont arrivés aux rênes du pouvoir par la voie des urnes pour ensuite faire un virage à 180° en complotant pour, enfin, régner sans partage et sans rendre compte à personne de  leurs actes. Ainsi, Louis Napoléon Bonaparte, avait-il, après avoir été élu démocratiquement président de la deuxième République, ourdi un coup d’Etat avec l’aide des  nostalgiques de l’ère napoléonienne. Son aventure finit par le désastre de Sedan, l’occupation de Paris par la coalition de l’époque et le massacre des communards dans Paris. De même qu’en Italie et en Allemagne, deux hurluberlus que personne ne prenait au sérieux, ont pu arriver aux arcanes du pouvoir par des élections démocratiques, et, par la suite pris le pouvoir en investissant tous les postes clés de l’administration et en mettant sous leurs bottes, armée et grandes fortunes de leurs pays respectifs. Résultat, l’Allemagne et l’Italie, sous la férule de deux partis d’extrême droite, les Nazis et les Fascistes, qui avaient à leur tête respectivement Adolf Hitler et Bettino Mussolini, ont mené leur pays au désastre que tout le monde connaît sous le nom de la Deuxième Guerre mondiale.
On dit que pour mieux affronter l’avenir, pour éviter tout dérapage aux conséquences hasardeuses et périlleuses, il faudrait tirer les leçons du passé lointain comme celui proche de nous. Dans le cas de notre pays, le Maroc, avec l’avènement de l’arrivée au pouvoir des islamistes « modérés », tout le monde s’est dit, et le PJD en tête, puisque c’est de lui qu’il s’agit, qu’on avait évité le pire surtout avec le Printemps arabe. Avec 107 sept sièges à la première Chambre, ils ont pu constituer un gouvernement pour gérer la chose publique pour une durée de cinq ans. Les autres partis de la coalition ? C’est une autre histoire.
Jusque-là, les choses se sont déroulées comme sur des roulettes, mais avec le temps, nous assistons à un phénomène qui commence à prendre de l’ampleur et qui en dit long sur les objectifs et les finalités de ce parti, sorti de l’ombre par un tour de passe-passe singulier. De par les provinces et les villes du Royaume, on assiste à une guéguerre d’usure menée par les satellites de ce parti pour créer la zizanie dans les administrations et les établissements étatiques et amener l’administration centrale à démettre de leur fonction les responsables locaux pour «fautes professionnelles». Ce travail de sape est relayé par leurs députés qui n’hésitent pas à lancer des accusations dans le tas et sans preuves dont le but ultime est de respecter l’agenda préparé dans les officines du parti. A savoir remplacer ceux-ci par d’autres à la solde et/ou aux ordres du PJD.
Le maître mot qui circule dans les rangs des responsables locaux de ce parti, surtout syndicaux est le suivant : accélérez la cadence pour server l’étau autour de tel ou tel responsable, une fois le but atteint, nous avons  notre homme pour le remplacer. Y avait-il faute ou non ? Nul ne semble s’en préoccuper du moment que tout ce qui compte c’est l’éviction du responsable sur qui ils ont jeté leur dévolu. Et c’est la guerre des communiqués qui entre en jeu, les bureaux syndicaux  et du parti entrent dans la danse en se relayant. Ceci peut paraître une affabulation, un scénario digne d’un film policier mais les signes avant-coureurs sont là pour confirmer ces assertions. Vous n’avez qu’à consulter leurs organes de presse et ce qu’écrit leur  Chébbiha électronique. Rien ne semble arrêter cette rhinocérite1 verte qui veut s’accaparer le pouvoir par le bas. Le même scénario se déroule dans toutes les villes -d’Agadir à Tanger en passant par Errachidia- où ces hommes et ces femmes de peu de jugeote  trépignent et font des mains et des pieds pour exécuter les basses besognes du parti. Dans leurs communiqués, nous lisons, qu’un dossier consistant concernant tel ou tel responsable a été remis en main propre au chef du gouvernement. Comme si ce chef de gouvernement n’a d’oreilles que pour son parti. Sont sur la sellette tous les responsables qui n’affichent pas les signes ostentatoires de « l’islam ». Leur islam. Autrement dit : la barbe et la zébiba ou les deux avec, pour les hommes, le hijab pour les femmes. La seule échappatoire c’est de se plier à leur diktat ou l’adhésion pure et simple au parti. L’anathème est jeté sur tous ceux qui résistent.
Les détracteurs peuvent avancer que c’est de bonne guerre, que même les partis des pays les plus démocratiques font la même chose et plus encore. Possible, mais jeter des peaux de bananes et lancer des allégations sans preuves quand tout marche comme sur des roulettes dans telle ou telle administration, oubliant que ce responsable est là au service de l’Etat marocain, donc des citoyens et non de celui d’un parti quelconque serait-ce le parti qui dirige la coalition qui gouverne actuellement. Sachant que les majorités se font et se défont mais l’administration est toujours présente. Malheureusement rien ne semble les arrêter, peut-être parce qu’ils ont senti que le temps presse et que les chances de garder leurs sièges, donc de diriger le pays après les échéances de 2016 se sont diluées dans le sang des élèves-enseignants qui ont été tabassés sur le pavé des villes marocaines. Et rien ne sert de jurer, il faut savoir expier ses erreurs.


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