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Au Niger, la menace d' une crise alimentaire s'ajoute à la peur des attaques jihadistes


Libé
Mardi 14 Septembre 2021

"Les terroristes ont tué nos maris, ils ont brûlé nos vivres, ils ont emporté notre bétail". Comme de nombreux habitants de l'Anzourou, dans l'ouest du Niger, le quotidien de Maïmouna Moukaïla est rythmé par des attaques jihadistes meurtrières qui font désormais planer la menace d'une crise alimentaire. "Nous n'avons plus de vie, soupire t-elle, drapée dans un grand voile blanc. L'Anzourou, composée d'une cinquantaine de villages et hameaux fait partie de l'immense et instable région de Tillabéri (100.000 km2),riveraine de la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali), théâtre depuis des années d'actions sanglantes de groupes jihadistes liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique (EI). Ces derniers mois, les attaques, souvent perpétrées par des assaillants à moto, se sont intensifiées contre les civils de cette zone aux vallées très boisées. "Nous dormons la peur au ventre et la main sur le coeur, au moindre bruit de moteur on sursaute", confie à l'AFP Abdou Oumarou, natif de Gadabo, un autre village ciblé. Selon Maïmouna Moukaïla, "craignant pour leur vie, infirmiers et enseignants ne veulent plus rester" et "beaucoup de femmes ont perdu des nouveaux-nésfaute d'assistance sanitaire". "Les vols, pillages, incendies de greniers à céréales, assassinats ciblés persistent. Les terroristes tirent sur tout ce qui bougent y compris sur des enfants", confirme Halidou Zibo, le maire d'Anzourou, arborant une écharpe aux couleurs du Niger. En mars, les autorités ont réinstallé 12.000 habitants qui avaient fui à Tillabéri, la capitale régionale, après une série d'attaques et d'ultimatumslancés par des groupes jihadistes. Des soldats lourdement armés ont depuis été déployés pour veiller sur les habitants. Mais la vie est loin d'avoir repris son cours normal, a constaté un journaliste de l'AFP, début septembre. Le dernier massacre de civils dans l'Anzourou remonte au 21 août, dans le village de Theim, où des individus armés "venus à pieds" ont tué 19 personnes dans une mosquée. L'attaque, assortie d'un ultimatum des assaillants pour vider les lieux, a poussé près de 2.000 personnes de plusieurs villages situés plus au Nord et échappant au contrôle de l'armée à se réfugier à Sara-Koira,selon les autorités. "Ceux qui ont osé aller au champ ont été tués, ils(les assaillants) noustraquent dansles cases et jusque dansles mosquées", détaille Hadjia Sibti, la présidente de l'Association des femmes d'Anzourou, hijab bleu sur la tête. "Nos champs sont lointains, nous n'avons pas pu les cultiver, par peur, nous noussommestousrepliés dans les villagessécurisés parl'armée", crie Mamoudou Sabo, courte barbe blanche et boubou jaune délavé. Originaire d'un village voisin, il s'est réfugié à Sara-Koira pour bénéficier de la protection de l'armée. Il appelle les autorités à "vite renforcer la sécurité" et "nettoyerla zone de ces maudits terroristes". Si l'agriculteurse félicite de la solidarité des résidents de Sara-Koira qui ont offert des lopins des terres aux paysans démunis afin qu'ils puissent produire du mil, du maïs et du haricot, il déplore la grande précarité dans laquelle il se retrouve. "Je cultivais dix hectares de terre, alors ditesmoi comment je vaisfaire pour nourrir mes onze enfants ?", demande-til. "Une crise alimentaire se profile", s'alarme le maire Halidou Zibo. Des députés de la région de Tillabéri qui affirment que les assaillants opèrent désormais "à dos de chameau et à vélo", ont réclamé un renforcement des mesures de sécurité. Samedi, pour sa première visite dans cette zone enclavée depuis son élection fin février, le président nigérien, Mohamed Bazoum a promis de poursuivre l'assistance alimentaire ainsi que la mise en place d'un dispositif sécuritaire plus musclé. Devant des ressortissants de Sara-Koira , le chef de l'Etat a annoncé vouloir combattre "le problème à la racine" en "fermant la porte d'Inates", la commune la plus proche du Mali "parlaquelle lesterroristes viennent", selon lui.


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