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Au Libéria, un paradis de biodiversité abandonné aux mineurs clandestins


AFP
Vendredi 30 Avril 2010

Pour les spécialistes, il s'agit d'une réserve exceptionnelle de biodiversité en Afrique de l'Ouest.
Mais le Parc national de Sapo au Liberia, pays tournant lentement la page de 14 années de guerre civile, est pour l'instant abandonné aux mineurs clandestins. Ce parc de 180.000 hectares, créé en 1983, couvre en partie la luxuriante forêt tropicale qui s'étendait auparavant sur une grande partie de la région.
De nombreuses espèces rares d'animaux y vivent, tels que l'hippopotame nain, l'éléphant de forêt, le pangolin géant ou le singe colobus rouge. Et ces deux dernières années, de nouvelles espèces de papillon, d'escargot et de plantes y ont été découvertes.
Quand la guerre civile dévastait le pays, de 1989 à 2003, une foule de personnes déplacées a trouvé refuge dans le parc qui a également accueilli des rebelles, attirés par les mines d'or clandestines, l'exploitation illégale du bois ou le commerce de la viande de brousse. Le conflit terminé, le pays était exsangue. Les ressources manquaient pour protéger ce parc situé à 320 km de Monrovia et uniquement accessible au terme d'une dizaine d'heures de trajet via une piste cahoteuse. Actuellement, environ 20.000 squatteurs vivent à l'intérieur, affirme à l'AFP Michael Abedi-Lartey, responsable de la protection de la biodiversité de l'ONG britannique Fauna and Flora International, qui assiste le gouvernement dans la gestion de la réserve. "Nous avons probablement atteint le niveau le plus élevé" d'occupants illégaux, dit-il.
Pour lui, les mineurs clandestins et les commerçants de viande de brousse -mets très apprécié par la population locale- constituent l'obstacle le plus important au développement de la recherche et de l'écotourisme. Ces dangereux "squatters", souvent armés, vivent dans une quinzaine de camps aux noms évocateurs: "Irak", "Afghanistan", "Congo", "Amérique"... Ils dissuadent les étrangers d'approcher de trop près. Et il n'a pas été possible pour les journalistes de l'AFP de les rencontrer pour des raisons de sécurité. Chaque camp est dirigé par un commandant et dispose d'un médecin, d'un magasin de vidéos. Des femmes y vivent aussi, et accouchent dans la réserve, loin de toutes infrastructures sanitaires modernes. Jusqu'à quel niveau des responsables officiels sont-ils impliqués dans ce commerce lucratif, dans un pays rongé par la corruption? Pour le directeur de l'agence gouvernementale du développement forestier (FDA), Moses Wogbeh, "il est difficile de déterminer les fonds générés par cette opération". Des villageois, installés aux principaux points d'entrée du parc, profitent également du système. Les chefs reçoivent de l'argent des trafiquants. Et des villageois acheminent des vivres et d'autres biens jusqu'aux camps. "On parle vraiment de quelque chose que ni le gouvernement ni les ONG ne peuvent combattre. Il ne s'agit pas uniquement des mineurs (clandestins) mais de toute l'industrie qui tourne autour", souligne M. Abedi-Lartey. Les communautés rurales vivent depuis longtemps de la forêt, ressource naturelle qui était également exploitée durant le conflit par de nombreux chefs de guerre. Le "bois du sang" servait alors à financer la guerre.
Alphonso Gboyee, 40 ans, est un ancien combattant reconverti dans la protection de la nature: "Nous essayons de protéger la faune mais ces gens-là la détruisent", dit-il, en accusant les commerçants de viande de brousse.
Les 27 gardes du parc, eux, ne sont pas armés. Pour le responsable du comté de Sinoe, Milton Teahjay, "le parc est devenu un paradis pour les gangsters, c'est un no man's land. Il est important d'y apporter la sécurité".


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