Antonio Costa, un socialiste pragmatique


Libé
Mardi 1 Février 2022

Antonio Costa a obtenu la majorité absolue à l’issue des élections législatives de dimanche au Portugal

Antonio Costa, un socialiste pragmatique
Antonio Costa, qui a obtenu la majorité absolue à l’issue des élections législatives de dimanche au Portugal, est un socialiste pragmatique arrivé au pouvoir en s’alliant avec la gauche radicale mais qui n’a jamais renoncé à l’ambition de gouverner seul. “C’est la victoire de l’humilité, de la confiance et pour la stabilité”, s’est félicité le Premier ministre portugais lors de son discours de victoire. D’origine indienne, cet avocat de 60 ans tout en rondeurs, aux cheveux blancs et aux lunettes fines, avait dû remettre son mandat en jeu en raison d’une rupture sur le budget avec ses anciens alliés. C’est pourtant grâce au pacte inédit scellé avec la gauche radicale et les communistes que l’ancien maire de Lisbonne est arrivé au pouvoir en 2015... à l’issue d’un scrutin qu’il avait perdu! L’alliance s’est montrée plus solide qu’escompté et cet amateur de cuisine, de cinéma et de fado est allé jusqu’au bout de son premier mandat de quatre ans. Profitant d’une conjoncture favorable pour détricoter les mesures d’austérité mises en oeuvre par la droite en échange d’un plan de sauvetage international accordé en 2011, M. Costa a, dans le même temps, continué à assainir les comptes publics pour afficher le premier excédent budgétaire de l’histoire récente du Portugal. Il a ensuite remporté les législatives d’octobre 2019 sans disposer de majorité absolue. Mais il n’a pas souhaité renouveler son alliance avec ses soutiens de la gauche radicale, qui ont fini par le lâcher après l’échec des négociations autour du budget 2022. Contrairement au score serré que prévoyaient les sondages, les socialistes ont remporté les élections de dimanche en élisant au moins 117 députés sur un total de 230, selon des résultats encore partiels. “Une majorité absolue ce n’est pas le pouvoir absolu”, a affirmé M. Costa, parfois décrit comme quelqu’un d’opiniâtre, qui prend des décisions seul. Il s’est engagé à diriger “une majorité ouverte au dialogue” avec toutes les formations politiques représentées au Parlement, à l’exception du parti d’extrême droite Chega (assez), propulsé au rang de troisième force du pays avec 12 députés. Le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, son ancien professeur à la faculté de droit de Lisbonne, railla un jour son “optimisme chronique et légèrement agaçant”. Saillie à laquelle Costa répondit en revendiquant son “optimisme militant”. Persévérant, ce supporter du club de football du Benfica, marié à une enseignante et père de deux enfants, a bâti sa carrière avec la même patience dont il fait preuve face aux puzzles, son passe-temps favori. Né le 17 juillet 1961 à Lisbonne, Antonio Costa a grandi dans les milieux intellectuels fréquentés par ses parents, la journaliste Maria Antonia Palla, une socialiste, et l’écrivain communiste Orlando da Costa, descendant d’une grande famille de Goa, ancien comptoir colonial portugais en Inde. Dès 14 ans, “Babush” (“enfant” en konkani, la langue de Goa), qui affirme avoir souffert du divorce de ses parents mais pas de sa couleur de peau, s’engage dans la Jeunesse socialiste. Une licence en droit et sciences politiques en poche, il devient avocat en 1988. A 34 ans, il est nommé secrétaire d’Etat aux Affaires parlementaires, un poste clef dans le gouvernement minoritaire d’Antonio Guterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU, avant de devenir son ministre de la Justice. Après un bref passage au Parlement européen, il revient aux affaires en 2005 comme ministre de l’Intérieur, mais quitte le gouvernement au bout de deux ans pour la mairie de Lisbonne, où il fait ses premiers pas à la tête d’une union de la gauche. Cette fonction lui permet aussi de prendre ses distances avec l’ancien Premier ministre José Socrates, évincé du pouvoir en 2011, puis mis en examen pour corruption en 2014, deux mois après l’élection de M. Costa à la tête du Parti socialiste.


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