Amy Klobuchar, l'atout Midwest modéré


Jeudi 13 Février 2020

Affable, la plaisanterie facile, la sénatrice et candidate modérée à la Maison Blanche Amy Klobuchar admet aussi qu'elle peut être "dure". Cette femme "résolument normale", qui est aussi une politicienne expérimentée, a réussi à se hisser jusqu'au groupe des favoris lors du deuxième vote des primaires démocrates dans le New Hampshire. "Bonjour l'Amérique, je suis Amy Klobuchar et je battrai Donald Trump": montrant une assurance toute victorieuse, devant une nuée de drapeaux verts, couleur de sa campagne, la sénatrice du Minnesota âgée de 59 ans s'est réjouie mardi soir de sa troisième place dans le New Hampshire.
Elle n'est pas arrivée en tête, mais la dynamique est cruciale dans la course à l'investiture démocrate pour défier le président républicain en novembre. Et ce bon résultat était encore inattendu il y a deux semaines pour cette petite-fille d'un mineur. A 59 ans, Amy Klobuchar aime à répéter qu'elle vient de la région des Etats-Unis que les démocrates doivent absolument reconquérir s'ils veulent gagner contre Donald Trump: le Midwest rural et ouvrier, qui court du nord au centre et avait en partie basculé pour le milliardaire en 2016, lui offrant une victoire choc. "Ce qui me définit, c'est de savoir gagner largement en rassemblant", déclarait-elle au New York Times, qui lui a donné son soutien à égalité avec la sénatrice progressiste Elizabeth Warren.
Connue pour ses manières sans prétention, Amy Klobuchar a été réélue pour un troisième mandat dans le Minnesota en 2018 avec une écrasante majorité. A peine deux ans après que Donald Trump avait failli remporter l'Etat face à Hillary Clinton, sa performance a été remarquée. Ex-procureure et ancienne avocate, elle fut la première femme élue au Sénat américain par le Minnesota, en 2006. Dans cet Etat qu'elle sillonne chaque année d'un bout à l'autre, où tout le monde l'appelle "Amy", cette fille d'un célèbre journaliste sportif reste très populaire. Y compris dans les bassins miniers du Nord qui ont choisi Donald Trump. Sous la neige, par près de -10°C à Minneapolis, la sénatrice avait lancé en février 2019 sa candidature sur un message optimiste de rassemblement au-delà des lignes partisanes.
Sa réponse à Donald Trump, qui s'était moqué de son allure de "bonhomme de neige" lors de cette annonce tout en semblant nier la réalité du changement climatique, illustre bien ses deux facettes, sérieuse et humoristique: "la science est de mon côté", avait-elle taclé sur Twitter, avant d'ironiser sur la célèbre chevelure du président: "Et je me demande comment vos cheveux réagiraient dans une tempête". De la lutte contre le changement climatique à la réforme de l'immigration, en passant par les tragédies "honteuses" causées par un système d'assurance-santé inégalitaire, Amy Klobuchar la modérée n'hésite pas pour autant à défendre des positions qui divisent aux Etats-Unis. Le magazine Elle soulignait en 2010 l'aura "résolument normale" qui l'entoure... tout en déroulant une vie marquée par des épreuves qui ont nourri ses convictions politiques. Elle raconte ainsi comment la bataille de son père contre l'alcoolisme l'a poussée à présenter, dans la course à la Maison Blanche, un plan ambitieux pour renforcer les programmes de santé publique liés aux troubles mentaux et aux addictions.
Et que c'est parce qu'elle avait dû quitter l'hôpital 24 heures seulement après son accouchement, alors que sa fille était en soins intensifs, à cause d'assurances ne couvrant pas une hospitalisation plus longue, que l'avocate Klobuchar a milité puis est parvenue à faire changer la loi pour étendre cette durée. "Et c'est pourquoi je suis devenue accro à la politique et à cette idée simple que la politique permet d'améliorer la vie des gens", a-t-elle déclaré. Sa fille, Abigail, et son époux, John, font intensément campagne pour elle sur le terrain.
Malgré ses airs affables, des médias avaient fait état de sa dure réputation auprès de ses assistants, citant pour étayer ces rumeurs la grande rotation au sein de son personnel. "Oui je peux être dure, et oui je pousse parfois les gens", avait-elle admis en 2019. "J'attends beaucoup de moi-même. J'attends beaucoup des gens qui travaillent pour moi. Mais j'ai aussi de grandes attentes pour ce pays". 


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