Ahmed Yakoub Barikallah: Boumediene a déclaré que l’Algérie n’avait aucune prétention sur le Sahara avant de parrainer le Polisario


Ahmed Yakoub
Barikallah est natif
de Lagouira dans
la région d’Oued
Eddahab Dakhla. Il a rallié la mère patrie
en 1993 où il a intégré la Fonction publique
et s’est engagé dans le monde associatif dont
il fut le pionnier
à Dakhla.
Il répond aux
questions que nous
lui avons posées,
à l’occasion du 40ème anniversaire de
la glorieuse
Marche Verte.

Entretien réalisé par Ahmadou El-Katab
Mardi 20 Octobre 2015

Libé : Il y a quarante ans, le défunt Roi Hassan II lançait la glorieuse Marche Verte qui a permis de libérer les provinces sahariennes marocaines. Quel commentaire vous inspire cet événement?   
Ahmed Yakoub Barikallah : La clairvoyance, le génie de Sa Majesté et sa conviction de la marocanité du Sahara ont présidé au discours invitant l’ensemble des Marocains à marcher pacifiquement pour la récupération de ses provinces, armés du Saint Coran et du drapeau national. Il faut rappeler qu’à l’époque, la guerre froide divisait le monde en deux blocs et que lors du sommet tripartite d’Agadir où Sa Majesté avait rencontré les présidents mauritanien et algérien, Boumediene avait béni la récupération par le  Maroc de son Sahara à propos duquel il avait  déclaré que l’Algérie n’avait aucune prétention. Déclaration qu’il réitéra lors du Sommet de Rabat auquel avaient assisté plus de 20 chefs d’Etat arabes. Il faut donc croire que, un an plus tard, ce même Boumediene, regrettant cette déclaration, a décidé d’armer et d’héberger le Polisario dont les jeunes initiateurs n’avaient aucune intention séparatiste. Malgré cela, l’Algérie continue hypocritement de dire que le conflit du Sahara ne la concerne pas.

Que diriez-vous sur les travaux de la 4ème Commission de l’ONU?
En ma qualité de connaisseur du dossier du Sahara marocain, j’aurais souhaité être associé pour pouvoir donner mon point de vue. Cela n’a pas pu se passer pour des raisons que j’ignore. J’ai eu à expliquer dans de nombreuses rencontres que la protection de l’environnement peut diligenter notre message sur l’intégrité territoriale. Le constat que j’ai fait, comme la plupart de ceux qui ont suivi le déroulement des travaux de cette commission, est que le Polisario n’est qu’un éventail et que le problème du Sahara est un problème algérien. Les interventions des représentants algériens et l’éclipse des éléments du Polisario ont révélé au monde cette  réalité.

 Vous qui avez bien connu le Polisario, que pensez-vous des déclarations d’Ould Salek menaçant de reprendre les armes ?
Je sais, comme tout le monde, que l’Algérie met tous ses moyens à la disposition du Polisario  mais de là à envoyer des Algériens combattre à la place des Sahraouis, je pense que c’est un pas que le peuple algérien n’osera pas franchir. Les éléments du Polisario susceptibles de porter des armes ont fui les camps. Soit, ils sont partis en Europe, soit, ils ont rejoint les organisations djihadistes du Sahel. Il ne reste dans les camps que des femmes, des vieillards et des enfants. Les déclarations d’Ould Salek ne sont donc qu’un bluff destiné à la consommation locale pour satisfaire les mécontents et les va-t-en guerre.

La propagande algérienne a fait un grand tapage autour de la déclaration de certains parlementaires suédois reconnaissant le Polisario qu’elle a attribuées au gouvernement suédois qui a démenti la chose. Où est la diplomatie parallèle marocaine que Sa Majesté le Roi a encouragée?
Il est une chose que nous ne devons pas oublier. La DRS algérienne qui dirige d’une main de fer  le dossier du Sahara a placé à la tête de la diplomatie du Polisario des gens qui lui sont fidèles et qui sont, pour la plupart, originaires d’Oued Eddahab. L’élection de Khattatt Ould Yenja qui est un rallié originaire, comme eux, d’Oued Eddahab, a ébranlé cette diplomatie. C’est dire que les Sahraouis regroupés dans le conglomérat d’associations qui comptent de nombreux ralliés, me répondent, chaque fois qu’on parle de diplomatie parallèle, qu’ils ne sont pas associés. Car, disent-ils, il y a parmi eux des intellectuels qui ont servi dans plusieurs représentations du Polisario et qu’ils sont en mesure de débattre avec eux et d’expliquer au monde que le Polisario ne représente pas les Sahraouis. Mais ils ne cessent de répéter qu’ils sont exclus. Moi, d’ailleurs avec eux.

Hormis les activités principales de votre association qui consistent en la défense de l’environnement, qu’avez-vous préparé pour le prochain Sommet sur le changement climatique qui aura lieu à Paris?
Lors d’un voyage à Nouakchott, j’ai rencontré Sidi El Moctar Cheiguer qui est le monsieur environnement de toute la région de l’Afrique de l’Ouest et dont les activités s’étendent jusqu’en Afrique du Sud, au Nigeria et dans de nombreux autres pays africains. Je lui ai parlé de notre association et de notre souhait de participer aux travaux du Sommet de Paris.
Il m’a répondu qu’il allait étudier l’éventualité et d’en parler avec les organisateurs du congrès. Mais la question que se posent les membres de notre association, à juste titre d’ailleurs, est de savoir pour quelles raisons on s’adresse à ce Mauritanien au lieu que l’initiative vienne du département de l’environnement de notre pays.
Pourquoi cet acharnement et ce déploiement de notre part pour assister à ce Congrès? Je dirais tout simplement ceci: tenant compte du fait que l’environnement s’inscrit dans le cadre des droits de l’Homme, nous voulons, à travers cette présence, dénoncer les violations de ces droits que subissent nos parents dans les camps de Tindouf. Nous voulons aussi démontrer que dans les provinces sahariennes, la protection de l’environnement a des défenseurs sahraouis unionistes présents sur la scène internationale.
Nous voulons, également, faire connaître notre association et ses objectifs. Sachant que le rayon d’activités de notre association dans le cadre de l’environnement n’a pas de limites.


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