Ces chiffres, effarants, traduisent certes la nécessité d’inscrire la sécurité routière comme un enjeu de gouvernance, mais attestent aussi du fait que les innombrables campagnes de sensibilisation sont nécessaires, mais sans doute pas suffisantes pour infléchir la courbe ascendante de ces sinistres.
Tout le monde en convient : le dispositif réglementaire en cours est suffisamment répressif, la rigueur du contrôle est indéniable et la répression des infractions de la circulation et du roulage tellement sévère qu’on ne comprend toujours pas qu’ils n’aient guère produit leur effet salvateur.
Tout le monde convient aussi du fait que ce dispositif coercitif ne peut pas empêcher les dérives dans un parc roulant aussi disparate que celui qui circule sur nos routes et autoroutes à longueur d’années. Bien que le segment des véhicules particuliers ait été largement rénové, il subsiste, en effet, une flotte impressionnante de véhicules utilitaires anciens et mal entretenus.
Ce sont ces véhicules-là qui sont les plus dangereux pour les usagers de la route. Au-delà d’une période de circulation constante supérieure à dix ans, un taxi, un camion ou un car ne devrait plus être admis à transporter des voyageurs ou des marchandises. De plus, il y aura inévitablement des accidents meurtriers si des taxis collectifs ou autobus qui apparaissent à l’œil nu comme rafistolés continuent de circuler sur nos voies qui sont en mauvais état, engorgées et peu susceptibles de résister au volume et à la cadence du flux routier. De l’huile sur le feu !
Lapalisse en aurait certainement fait l’annonce d’une manière si péremptoire qu’on l’aurait cru en train de réinventer la roue, mais un tronçon en bon état ne peut que limiter considérablement les risques de collision.
Ce qui n’est pas le cas sur une route crevassée ou parsemée d’obstacles improbables.
Les services compétents ont donc beau répéter que les accidents de la circulation sont principalement dus au défaut de maîtrise des véhicules, à l’excès de vitesse, à l’inadvertance des piétons, au non-respect du Code de la route, des feux de signalisation, du stop, à la conduite en état d’ivresse, au dépassement non autorisé et à la circulation sur la voie de gauche et en sens interdit. La réalité sera toujours plus complexe à appréhender et le problème plus ardu à solutionner.
En effet, la maintenance d’un réseau routier fiable est l’une des parades à cette montée en régime de la guerre des routes à laquelle le département du Transport ne veut trouver d’autres parades que celle d’édicter un nouveau Code autrement plus répressif que l’actuel. La répression sera, à n’en pas douter, plus utile si ce département se donnait la peine de ne point continuer à éluder l’incontournable corrélation entre l’état des routes et de la signalisation routière et celle des accidents de la circulation.