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Dans ce pays aux 11 langues officielles, ces signes sont une "12ème langue", qui dépasse les barrières culturelles. Chacun désigne un itinéraire emprunté par les petits combis bondés.
Un index levé pour atteindre l'intérieur de Johannesburg, le poing serré façon gangster pour se rendre dans le township d'Alexandra, la main grande ouverte pour aller dans le quartier chic de Rosebank: mieux vaut maîtriser cette communication non verbale pour arriver à destination.
"Si vous faites le mauvais signe, ça montre que vous êtes perdus", explique Hlile Doshane, 52 ans, qui prend le taxi collectif tous les jours.
Héritage de l'apartheid, dont le régime voulait maintenir les Noirs à l'écart des centres urbains, l'Afrique du Sud ne dispose quasiment pas de transports en commun.
Depuis la fin du régime raciste et la perte de contrôle de l'Etat sur les transports, le secteur des minibus privés a pris de l'ampleur. Les différentes compagnies se sont parfois livrées à des luttes sanglantes pour s'octroyer les itinéraires.
Beaucoup de ces véhicules ne sont pas en état de rouler et les chauffeurs ont très souvent une conduite risquée. Mais pour la majorité des Sud-Africains, le minibus est le seul moyen de transport accessible.
"Je conduisais dans Johannesburg quand j'ai vu plein de gens faire ces signes, et j'ai trouvé ça génial", raconte l'artiste Susan Woolf, qui a aussi publié un petit fascicule pour les usagers et un livre en braille pour les non-voyants.
"J'espère que la carte et les signes deviendront un outil du quotidien, comme dans le métro londonien". "Je pense que le secteur des taxis collectifs est encore un monde très sombre. C'est un univers violent et le travail que je fais est la première chose positive à être associée à ces taxis", explique l'artiste à l'AFP.
"Je veux que les gens comprennent à quel point beaucoup de Sud-Africains sont fantastiques et innovants dans des circonstances très difficiles".