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​La participation des femmes à la vie politique disséquée à Chichaoua

Un colloque international organisé sous le thème : « Quel rôle des femmes du Maroc profond dans les prochaines échéances électorales ?»


Mourad Tabet
Vendredi 26 Juin 2015

​La participation des femmes à la vie  politique disséquée à Chichaoua
«Quel rôle des femmes du Maroc profond dans les prochaines échéances électorales : le cas de la province de Chichaoua », est le thème d’un colloque international organisé récemment par l’Association marocaine Ifoulki pour le développement et la coopération rurale en partenariat avec le Fonds de soutien à l’encouragement de la représentation des femmes, le Réseau juridique des femmes arabes et l’Observatoire des libertés et des droits de l’Homme. 
Au début des travaux, Bouchra El Aloui a fait une lecture juridique et constitutionnelle de la participation des femmes aux élections en introduisant deux principales questions : la participation de la femme est-elle un droit ou une faveur ? Les femmes ont-elles le droit de participer à la gestion de la chose publique via le recours aux mécanismes de la discrimination positive ?
Les réponses proposées lui ont permis de jeter la lumière sur les obstacles qui freinent la participation de la femme à la vie publique. Notamment la mentalité patriarcale  enracinée dans la société et au sein des institutions de l’Etat. 
A la fin de son intervention, l’oratrice a plaidé pour la préservation des acquis réalisés par les femmes durant des décennies de lutte, appelant à la mise en place d’institutions qui renforcent la culture de l’approche-genre et de discrimination positive comme mécanisme favorisant le renforcement de la participation effective des femmes dans toutes les institutions de l’Etat.
 Pour sa part, le professeur en sciences politiques, Said Khomri, a souligné que la Constitution de 2011 a mis en exergue plusieurs droits et libertés et que la mise en pratique de ceux-ci nécessite l’adoption par le Parlement de lois organiques et normales, insistant sur le fait qu’il doit prendre en compte lors de l’adoption de ces lois l’esprit de la Constitution et opérationnaliser  démocratiquement les principes constitutionnels en prenant notamment compte des droits des femmes  consacrés par la Loi suprême.
Tout cela passe, selon Said Khomri,  par l’adoption de l’approche-genre de façon transversale au niveau de la politique législative, le bannissement de la mentalité machiste enracinée dans la société et les institutions de l’Etat  et la demande aux partis politiques de réviser leur approche quant au rôle de la femme, en ne se contentant plus de lui octroyer des postes à caractère social, mais de lui permettre également d’assumer la responsabilité des postes stratégiques.
Pour sa part, Abdellatif  Bakour, professeur en sciences politiques à la Faculté polydisciplinaire de Safi, a passé en revue les projets de loi organiques relatifs aux collectivités territoriales. 
Certes, ces projets, affirme-t-il, ont apporté des innovations au niveau de l’élection directe du président de la région qui devient également ordonnateur et responsable de la préparation des projets de développement dans sa région, mais ils ont failli en ce qui concerne notamment la place des femmes dans les conseils. Ce qui explique, selon l’intervenant, que ces projets ne reflètent pas l’esprit de la Constitution. Il a, par ailleurs, souligné que l’expérience du Maroc en matière de participation des femmes à la gestion de la chose publique reste embryonnaire et nécessite la fédération de toutes les énergies pour la faire avancer.
Les expériences arabes en matière de participation de la femme à la vie politique ont été également abordées lors de ce colloque. Afaf Chaabane  a, dans ce cadre,  présenté l’expérience tunisienne. Elle a affirmé que la femme tunisienne a acquis le droit de participation politique dès l’indépendance du pays. Les  événements du Printemps arabe ont été un tournant marquant dans la lutte des femmes pour leur droit à la participation à la vie publique et pour que fin soit mise à la domination masculine sur les structures de la société tunisienne.
Fouzia Mohamed Abdellah Janahi, membre du conseil administratif du Réseau juridique des femmes arabes, a, pour sa part, présenté l’expérience de la femme du Bahreïn dans les processus électoraux, affirmant que les acquis qu’elle a réalisés depuis le troisième millénaire n’ont pas été le fruit du hasard, mais plutôt le résultat de la lutte qu’elle mène depuis des décennies.
Par ailleurs, l’avocate saoudienne Bayan Zahran a déploré la faible participation politique de la femme saoudienne. Cela est dû, selon elle, à la prégnance de la mentalité masculine et au tribalisme qui empêchent les femmes de prendre part aux échéances électorales et à la vie politique, affirmant que le renforcement de la culture de citoyenneté est la principale voie pour que celle-ci soit considérée comme une partenaire dans la lutte contre les défis auxquels fait face la société saoudienne.
Plusieurs recommandations ont été adoptées à la fin de ce colloque pour encourager la participation des femmes à la vie politique et publique. Ainsi, il a été recommandé de considérer l’étape actuelle comme un moment décisif de  l’histoire du Maroc qu’il faut saisir pour démocratiser l’Etat et la société, d’adopter des mécanismes électoraux pour garantir l’égalité des chances entre les deux sexes, d’élargir le débat public sur les questions se rapportant à la participation de la femme et d’encourager celles qui boycottent les opérations électorales à y prendre part aussi bien en milieu rural qu’urbain, d’adopter l’approche-genre et la discrimination positive dans les politiques publiques, et de renforcer la culture du réseautage entre les organisations féminines. 


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