​La France triomphe, l’Italie repart bredouille

«Dheepan», histoire d'amour et de violence, remporte la Palme d'or 2015


Mehdi Ouasst
Mardi 26 Mai 2015

​La France triomphe, l’Italie repart bredouille
La Palme d'or pour «Dheepan» de Jacques Audiard, le prix d'interprétation masculine pour Vincent Lindon et le prix d'interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot: le cinéma français a triomphé dimanche soir lors de la cérémonie de clôture du 68ème Festival de Cannes.  Contre toute attente, la France s'est donc taillé la part du lion, en remportant trois prix majeurs, alors que les Italiens sont repartis bredouilles, bien que ce soit la première fois depuis vingt ans, qu’ils arrivaient avec trois films en lice. La brève explication est venue d'Ethan Cohen, co-président du jury avec  son frère Joel. «Nous n'avions pas de prix pour tout le monde», a-t-il souligné, avant de préciser que tout le monde était enthousiasmé par le film. De son côté, le Premier ministre français, Manuel Valls, n’a pas manqué de se réjouir du sacre de ses compatriotes. «Jacques Audiard, Emmanuelle Bercot, Vincent Lindon et Agnès Varda: le cinéma français rayonne ce soir à Cannes et dans le monde», a-t-il déclaré sur Twitter.
«Dheepan» est ainsi la troisième Palme d'or en sept ans pour un film français après «La vie d'Adèle» d'Abdellatif Kechiche (2013) et «Entre les murs», de Laurent Cantet (2008). «Recevoir un prix de la part des frères Coen qui président le jury, c'est une chose assez exceptionnelle», a déclaré Jacques Audiard, qui avait déjà reçu à Cannes le prix du scénario en 1996 et le Grand prix en 2009. «Une grande pensée à mon père», a ajouté le réalisateur, fils du dialoguiste et scénariste Michel Audiard. Son film d'amour et de violence traite du parcours de réfugiés sri-lankais en France. 
C’est l'histoire de trois exilés, un ancien combattant des Tigres tamouls, une femme et une petite fille qu'il ne  connaît pas. Ils fuient tous trois la guerre civile de leur pays en se faisant  passer pour une famille.
 Ils vont chercher à démarrer une nouvelle vie en France dans une cité  sensible de la banlieue parisienne en proie à la délinquance.  «Dans «Dheepan», il y avait une idée très revigorante: trois étrangers qui  deviennent une famille (...) C'est quelque chose que je n'ai jamais vraiment vu  traiter de cette façon», a déclaré l'acteur Jake Gyllenhaal, membre du jury.
La Palme d'or du court-métrage a, par ailleurs, récompensé le film «Waves 98»  réalisé par le Libanais Ely Dagher, qui raconte, en 15 minutes, les errances  d'un homme dans les rues de Beyrouth. «Immergé dans un monde familier mais étranger à sa réalité, il se retrouve en lutte pour sauvegarder ses attaches», indique le synopsis du film. Rappelons enfin que neuf courts métrages étaient en lice dans cette compétition arbitrée par un jury dédié.
D’autre part, les 19 films qui étaient en compétition officielle ont été régulièrement critiqués par la presse. Pour l'hebdomadaire français L'Express, seuls «six films devaient rester»: ceux de  Moretti, Audiard, Sorrentino, Brizé, Kurzel, et Nemes. Pour ce qui est des 13 autres films, ils sont «pour la plupart des exercices de style un peu froids», estime le journal. La sélection était «décevante» pour Le Journal du Dimanche, qui la juge  «inégale, artificielle». Plus nuancé, le Financial Times dit avoir été «tour à  tour ébloui et déçu». 
Une majorité de la presse française a, par ailleurs, salué la qualité des films de la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle du Festival où a été projeté le film du Marocain Nabil Ayouch qui suscite une virulente polémique au Maroc, notamment en ce qui concerne le langage cru utilisé dans certaines scènes. Pour une partie de la presse, certains de ces longs métrages auraient pu figurer dans la compétition officielle. 

​Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon pour «La loi du marché»

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L’acteur Vincent Lindon, 55 ans, a reçu le prix d’interprétation pour «La loi du marché» de Stéphane Brizé, film cinglant sur la brutalité du monde du travail, dans lequel il interprète un chômeur de longue durée qui se bat pour retrouver un emploi.
La voix brisée par l’émotion, l’acteur, qui a été ovationné par la salle, a chaleureusement remercié le réalisateur et dédié son prix «aux citoyens laissés pour compte», estimant que ce prix était «un acte politique». «C’est la première fois que je reçois un prix d’interprétation», a-t-il souligné, avant d’ajouter : «C’est l’un des trois plus beaux jours de ma vie».

​Prix d’interprétation féminine : Emmanuelle Bercot et Rooney Mara

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L’actrice Emmanuelle Bercot, 47 ans, a reçu de son côté le prix d’interprétation féminine pour «Mon roi» de Maïwenn, ex aequo avec l’actrice américaine Rooney Mara dans «Carol» de l’Américain Todd Haynes, romance entre deux femmes dans les années 50 avec Cate Blanchett et Rooney Mara.
 «Maïwenn, tu as cru en moi comme personne avant, tu m’as regardée comme personne avant», a dit Emmanuelle Bercot, en longue robe noire. Ce prix récompense «l’audace, le sens aigu de la liberté» de Maïwenn, a encore déclaré l’actrice, qui interprète dans ce film une avocate qui se souvient de la passion destructrice qu’elle a vécue pendant dix ans avec Georgio (Vincent Cassel), un séducteur et beau parleur.
Rooney Mara, qui n’était pas présente à la cérémonie, campe dans «Carol» le personnage d’une toute jeune vendeuse qui va se laisser séduire par une femme bourgeoise à la beauté fatale (Cate Blanchett).

Prix du jury : «The Lobster» du réalisateur Yorgos Lanthimos

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Le prix du jury a été attribué au Grec Yorgos Lanthimos pour «The Lobster», fable grinçante et dérangeante sur la solitude, le couple et l’amour.

 

Prix de la mise en scène : Hou Hsiao-Hsien pour «The Assassin»

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Le prix de la mise en scène est revenu au cinéaste taïwanais Hou Hsiao-Hsien pour «The Assassin», histoire d’une justicière dans la Chine du IXe siècle, à l’esthétique ciselée.

 

Prix du scénario : Michel Franco pour «Chronic»

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Le réalisateur mexicain Michel Franco a reçu de son côté le prix du scénario pour «Chronic», portrait tout en retenue d’un infirmier, interprété par Tim Roth, totalement dévoué à l’accompagnement de patients en fin de vie.

 

Palme d’honneur : La réalisatrice Agnès Varda

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La cinéaste Agnès Varda, émue aux larmes à l’évocation de son ex-compagnon Jacques Demy, a reçu quant à elle une Palme d’honneur, une récompense seulement décernée à ce jour à Woody Allen, Clint Eastwood et Bernardo Bertolucci.

 

Caméra d’or : «La Tierra y la Sombra» du réalisateur César Augusto Acevedo

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La Caméra d’or du Festival de Cannes a été  attribuée au Colombien César Augusto Acevedo pour “La Tierra y la sombra”, film  consacré à la vie des paysans colombiens.
 “Je dédie ce prix à tous les paysans de mon pays qui sont de véritables  héros et je veux leur dire qu’ils ne sont pas seuls”, a déclaré César Augusto  Acevedo en recevant son prix.


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