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​Dérive funeste


Mercredi 1 Juillet 2015

​Dérive funeste
Ce qui s’est passé à Inzegane n’est pas un épiphénomène, c’est un vrai drame. Des policiers, alors qu’ils étaient appelés pour assurer la sécurité de deux jeunes filles face à des énergumènes incultes, sauvages, qui pensaient agir au nom de la Jamaâ, et un procureur poursuivent nos filles, toutes nos filles, au nom d’un code vestimentaire qui n’est inscrit dans aucune de nos lois.
C’est dramatique, parce que chaque semaine nous apporte son lot en faits divers où des hirsutes veulent nous imposer leur conception du non-vivre ensemble. Le problème est politique. L’Etat marocain est menacé dans son existence par sa propre compromission.
Le livre blanc sur le terrorisme relate des faits. En général, les terroristes entament leurs carrières par le taazir, c’est-à-dire le pouvoir de combattre ce qu’ils considèrent comme «Haram» et d’obliger les gens à respecter leurs codes farfelus. Parce qu’ils se pensent en tant que groupe élu, ils se croient en situation de substitution à l’Etat, pour l’application de leurs propres règles, au nom d’un islam très éloigné de la pratique sociétale.
Selon les lois marocaines en vigueur, les policiers auraient dû arrêter ceux qui ont agressé les deux jeunes filles. Rien ne justifiait leurs actes, il n’y a aucun texte qui permet à un citoyen de faire appliquer la loi au lieu de l’Etat même si une telle loi existe.
Les anciens chefs de la «La Salafia jihadia» ont reconnu que le «taazir» était une fonction régalienne de l’Etat. En d’autres termes, s’il y a atteinte à la religion, à la pudeur, notion très subjective, c’est aux institutions de réagir et non pas aux individus 
A Inzegane, police et magistrature en ont décidé autrement, c’est aux extrémistes de faire, pire, de dire la loi. Cela justifie toutes les outrances, y compris le terrorisme. Oui, ce qui s’est passé, qui se passe puisque nos deux jeunes filles sont toujours poursuivies, est un soutien au jihadisme dont l’aboutissement est le terrorisme. 
Malheureusement il n’y a pas qu’Inzegane. Dès que des individus se réclament de l’islam, des «mœurs islamiques», l’Etat cherche au mieux le match nul. C’est un fait au quotidien.
Les modernistes qui s’offusquent à juste titre, se trompent de mot d’ordre. Laisser tranquille les deux jeunes filles n’est qu’un minimum. Il faut poursuivre ceux qui les ont molestées, parce que leurs croyances, leurs fantasmes et surtout leurs problèmes sexuels, ne font pas office de lois.
Depuis plusieurs mois, les faits s’amoncellent. La police et la justice s’attaquent à des citoyens qui n’ont en rien troublé l’ordre public. Pire, ils acceptent la «Hisba».  Tout quidam peut porter plainte contre un artiste, une femme, un homme au nom de convictions religieuses qui sont les siennes, souvent de manière hypocrite par ailleurs. En Egypte, les tribunaux ont dissolu des mariages suite à des plaintes de tiers. Cela n’a pas empêché Moubarak de tomber.
Moi, je veux porter plainte contre le procureur d’Inzegane, pour abus de pouvoir. Il porte atteinte aux consensus fondateurs de «l’exception marocaine» et met ma vie en danger. C’est sérieux. J’ai besoin de bons avocats.


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