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​Cosmonaute des fonds marins, de la Polynésie à l'Antarctique


Mercredi 1 Avril 2015

​Cosmonaute des fonds marins, de la Polynésie à l'Antarctique
Du gobie d'Andromède, sa première découverte en 1997, au coelacanthe, poisson cousin de nos ancêtres, le biologiste et plongeur français Laurent Ballesta se voit comme un "cosmonaute" des fonds marins, auteur en 2013 d'une première mondiale.
Il est descendu à l'été 2013 à 120 m de profondeur dans la baie de Sodwana au sud-est de l'Afrique du Sud, pour observer pour la toute première fois scientifiquement et dans son milieu naturel le coelacanthe, énorme poisson cousin de nos ancêtres. 
Des années durant, il avait rêvé de s'approcher de ce poisson placide à la robe bleue tachetée de blanc et aux gros yeux vitreux, qui porte les traces du passage vers les premiers vertébrés terrestres à quatre pattes, venus sur la terre ferme il y a 365 millions d'années. Avant 1938 et des spécimens ramenés par des pêcheurs, on pensait le coelacanthe disparu depuis 70 millions d'années.
L'expédition fut "compliquée" et demanda beaucoup de sacrifices, confie Laurent Ballesta, 40 ans, yeux bleus, cheveux châtains clairs et barbe légère. Il y a perdu de l'argent et "des nanas", lassées par ses absences. Mais malgré tout, ce passionné a mené à bien le projet.
"Dans l'eau, je change d'univers. Je suis un cosmonaute. J'ai l'habit. C'est le seul endroit exotique de la planète car les images satellites n'y passent pas", explique ce naturaliste qui conseilla pendant 12 ans son compatriote Nicolas Hulot pour sa célèbre émission télévisée Ushuaïa.
"Enfant" du commandant Cousteau qu'il a toujours admiré sans l'avoir jamais rencontré, Laurent Ballesta s'est passionné pour les profondeurs dès sa tendre enfance. Pendant que ses parents bronzaient sur la plage à Carnon (sud de la France) - en face de laquelle il a installé Andromède, sa société d'expertises et de cartographies des fonds marins -, lui "scrutait les poissons dans les roches".
Adolescent, il avait une idée fixe: devenir plongeur biologiste de la "Calypso" du commandant Cousteau. La mort de ce dernier l'a "angoissé", confie-t-il. "Je me suis demandé ce que j'allais faire de ma vie", rapporte l’AFP.
Moniteur de plongée dès 18 ans et diplômé en écologie marine méditerranéenne, il est depuis lors descendu à 201 mètres de profondeur, une prouesse. Il était encore étudiant lorsqu'il a fait sa première trouvaille, capturant en plongée de nuit l'image d'un poisson jamais vu vivant, le gobie d'Andromède (4 cm), alors qu'il procédait à une cartographie des fonds marins de la réserve de Cerbère-Banyuls (sud de la France). Le seul connu jusque-là était un spécimen retrouvé mort 20 ans auparavant dans l'Adriatique.
"Cette découverte dans cet endroit déjà très étudié m'a donné d'immenses espoirs", raconte le plongeur.
Il explique avoir fixé au fil du temps sur son objectif une cinquantaine d'autres poissons jamais illustrés auparavant. "Les fonds marins restent un monde inconnu. On ne connaît que 10% des 200.000 espèces recensées" avec un nom et prénom en latin, sur un total estimé à 2 millions d'espèces.
Aujourd'hui, les nouveaux scaphandres, "plus discrets", permettent de plonger "plus longtemps", relève Laurent Ballesta, coauteur d'un ouvrage consacré aux nouvelles méthodes de plongées. 
L'été dernier, lors de la pleine lune de juillet, en Polynésie, il est resté 24 heures sous l'eau pour filmer et comprendre "l'extraordinaire" reproduction de quelque 18.000 mérous, raconte-t-il.
 Chaque année, les mérous quittent l'atoll pour se rassembler sur une superficie équivalent à "un quart d'un terrain de football". Ils s'y rendent en file indienne, tandis que surgissent invariablement à cette occasion des centaines de requins gris, qui engloutiront 350 kg de mérous chaque jour.
Quand survient le moment de la reproduction, "c'est un feu d'artifice, avec des mérous qui jaillissent dans tous les sens", indique Laurent Ballesta.
De cette expérience étonnante naîtra un film pour la chaîne franco-allemande Arte  comme pour le coelacanthe.
S'il travaille actuellement à une cartographie plus paisible des fonds marins monégasques, le biologiste a gardé l'ivresse des profondeurs et des découvertes.


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