Vieillir en bonne santé

C’est une lapalissade que d’affirmer qu’on vit de plus en plus longtemps. Une idée qui a inspiré la revue scientifique médicale britannique «The lancet» en publiant une série d’articles sur la santé et le vieillissement repris pas l’OMS. «Elle avertit que si les systèmes de santé ne trouvent pas de stratégies efficaces pour résoudre les problèmes auxquels la population vieillissante est confrontée dans le monde, la charge croissante des maladies chroniques aura de lourdes répercussions sur la qualité de vie des personnes âgées. » Un grand défit à relever en somme. Une situation et des données qui se vérifient aisément au Maroc. Certes la population marocaine est relativement jeune. En effet, les moins de 15 ans représentent 27% du taux global de la population, contre 5,8% pour les plus de 65 ans. Cependant, selon les projections du Centre d’études et de recherche démographiques (CERED), la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, qui ne représentait en 2012 que 8,8% de la population, devrait augmenter jusqu’à atteindre 15,3% à l’horizon 2030. En 2050, ils prévoient même que le nombre de personnes âgées serait quasi similaire à celui des jeunes. En effet, selon leurs calculs entre 2012 et 2050, le nombre de personnes âgées passerait de 2,9 millions en 2012 à 10,1 millions en 2050, représentant alors 24,5% de la population totale. La même augmentation se vérifie à travers le monde. En 2020 et pour la première fois dans l’histoire, comme le rapporte la revue scientifique, le nombre de personnes de plus de 60 ans dépassera le nombre d’enfants de moins de 5 ans. D’ici 2050, on s’attend à ce que la population mondiale âgée de 60 ans et plus atteigne 2 milliards de personnes, contre 841 millions actuellement. Parmi elles, 80% vivront dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 
Mais il ne suffit de vivre vieux, encore faut-il être en bonne santé. Ce qui est loin d’être toujours le cas. Avec l’âge, les maladies chroniques s’installent et avec elles les problèmes de financement se font ressentir notamment ceux liés au financement des retraites, de la protection sociale et de la couverture médicale des personnes âgées. La question est d'autant plus importante qu'il ne s'agit pas uniquement d'assurer le simple maintien des systèmes de retraite en vigueur, mais de les développer en concevant un système global de protection sociale dont l'Assurance maladie obligatoire (AMO) et le Régime d'assistance médicale (RAMED) seront les noyaux de départ. 
Toutefois, selon les auteurs de la série d’articles, la responsabilité d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées dans le monde dépasse largement le secteur de la santé. Il faut des stratégies pour mieux prévenir et prendre en charge les maladies chroniques, en proposant des soins de santé abordables à tous les adultes âgés et en prenant en considération l’environnement physique et social. L’accent est ainsi mis sur la prévention peu coûteuse des maladies et sur le dépistage précoce plutôt que sur les traitements (par exemple en réduisant la consommation de sel et en favorisant l’acceptation des vaccins), une meilleure utilisation de la technologie (installer des cliniques mobiles pour les populations rurales), et la formation des personnels de santé à la prise en charge de multiples affections chroniques .