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Un feuilleton TV entretient le mythe : Pablo Escobar en Colombie


AFP
Samedi 16 Juin 2012

Un feuilleton TV entretient le mythe : Pablo Escobar en Colombie
Une série télévisée retraçant le parcours de Pablo Escobar bat des records d'audience en Colombie, faisant craindre à certains une vague de sympathie en faveur du trafiquant de drogue le plus célèbre de l'histoire, qui continue à fasciner.
Près de 20 ans après sa mort, plusieurs millions de Colombiens sont rivés chaque soir devant le programme de la chaîne Caracol "Escobar: le patron du mal", qui raconte comment le chef du cartel de Medellin est devenu dans les années 1980 le "roi de la cocaïne" qui n'a pas hésité à mener une véritable guerre contre l'Etat colombien.
Le premier épisode de cette série, inspirée du livre "La parabole de Pablo" (2001) d'Alonso Salazar, a mobilisé jusqu'à 11 millions de téléspectateurs.
"Nous nous souvenons tous d'une bombe d'Escobar, d'un attentat vécu directement ou indirectement. Mais ce qui est important et révélateur est de voir l'ensemble, comment une chose a pu en amener une autre. C'est l'analyse que nous Colombiens n'avons pas faite", explique Juana Uribe, productrice de cette fiction de 63 épisodes diffusée depuis deux semaines.
Mme Uribe assure que la superproduction de 170.000 dollars par épisode, tournée à Bogota, Medellin et Miami, vise à présenter "un Escobar dans toutes ses dimensions" et à rendre justice à "ceux qui l'ont affronté".
Les deux producteurs, Camilo Cano et Juana Uribe, ont des liens de parenté avec deux des victimes les plus emblématiques des tueurs de Pablo Escobar: l'ex-candidat à la présidentielle Luis Carlos Galan et le journaliste Guillermo Cano, assassinés en 1989 et 1986.
"C'est un programme important pour les nouvelles générations, qui n'ont pas de connaissance réelle d'Escobar et qui n'iront certainement pas dans une bibliothèque pour se documenter", argumente Andres Parra, l'acteur qui incarne le "capo" de Medellin.
A Medellin, où Pablo Escobar régnait en maître absolu jusqu'à sa mort en 1993 sous les balles de la police, il est encore considéré comme un bienfaiteur notamment au sein des classes populaires qu'il prenait soin d'arroser de narco-dollars.
L'acteur Andrés Parra a pu s'en rendre compte lors du tournage dans les quartiers déshérités de la deuxième ville du pays, située à 400 km au nord-ouest de Bogota, qui tente de tourner la page de cette époque funeste.
"Dans ces quartiers, on sent l'affection et la nostalgie des gens humbles et nécessiteux (...) Ils prenaient des photos et me remerciaient d'avoir joué son rôle", rapporte l'acteur à l'AFP.
"Les jeunes dans les zones de conflit sont fascinés par cette série. Ils s'identifient au personnage de Pablo", déplore de son côté le père Juan Carlos Velasquez, qui travaille à la réinsertion des jeunes délinquants de Medellin.
"Un jour, une jeune fille est venue vers moi et m'a dit: +Mon père, Escobar était vraiment bon, n'est-ce pas ?", raconte-t-il. Pour lui, montrer le parcours d'Escobar de sa jeunesse démunie jusqu'à son ascension fulgurante risque de générer une empathie pour cet homme accusé de plus de 1.000 assassinats.
"Certes Escobar a participé à la construction de logements, d'églises, de terrains de football, mais on ne voit pas dans la série tout le mal qu'il a causé. Lorsqu'il y a un assassinat, je ne vois pas la douleur qu'il y a derrière", regrette encore le père Velasquez.
Ancien responsable du secteur social à la mairie de Medellin, Jaime Fajardo estime pour sa part que la série s'attache trop aux personnages et devrait plutôt se focaliser sur "les problèmes structurels" que continue de poser le trafic de drogue en Colombie.
"Ce qui est grave n'est pas le fait que nous racontions cette histoire", répond la productrice Juana Uribe. "Ce qui est grave, c'est ce qui est arrivé et la menace que cela se reproduise".


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