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Tour du Maroc cycliste : Une épreuve prestigieuse qui ne mérite pas son classement actuel


M’BARK CHBANI
Samedi 27 Mars 2010

L’organisation de la 23e édition du Tour du Maroc qui a démarré hier à Settat va mettre au-devant de la scène sportive nationale une discipline qui a connu (et connaît toujours) des fortunes diverses et qui ravira la vedette aux autres sports, football compris,  pendant dix jours, du 26 mars au 4 avril prochain.
Autrefois, le Tour du Maroc drainait les foules et la caravane publicitaire qui précédait le peloton ameutait tout le monde sur son passage, annonçant ainsi l’arrivée des coureurs. De son côté, la Radio commentait les péripéties de la course en direct avec un rare professionnalisme. C’était le temps des pionniers du journalisme sportif, avec à leur tête le magicien des ondes, Ahmed El Gharbi. Grâce à eux tout le monde était de la fête. Les instituteurs des écoles situées sur la route du Tour faisaient sortir leurs élèves pour voir passer la caravane et cela donnait lieu, bien sûr, à de petites rédactions en classe. Dans les champs, les paysans lâchaient leurs outils et couraient au bord de la route pour applaudir l’échappée, encourager les autres et certains n’hésitaient pas à les asperger d’eau pour les rafraîchir un peu. Mais que reste-t-il aujourd’hui de toute cette ambiance festive?
Depuis le début des années 2000, le Tour du Maroc n’est plus organisé par intermittence comme par le passé. Il a beaucoup perdu de son prestige d’antan. Sa durée a été écourtée (dix étapes au lieu de douze, quinze et plus), les distances raccourcies (étapes de 80 km à 135km), les parcours  monotones, le niveau de la participation plus faible…
Mais ce qui est vraiment regrettable, c’est de voir, aujourd’hui, cette prestigieuse épreuve parmi les tours de 2ème catégorie (2.2) avec des tours dont les plus anciens sont nés avec le circuit africain en 2005 que  la Tropicale Amissa Bongo du Gabon, qui appartenait à cette classe jusqu’en 2007 est passée en première catégorie(2.1) en 2008. Et pourtant, vu son ancienneté, son histoire, son prestige, le Tour du Maroc mérite d’être classé parmi les tours hors-catégorie (2.HC) lui,qui était déjà classé Tour ‘’A’’ avant la réforme de 2005.
Il est à rappeler que le  Tour du Maroc est l’épreuve la  plus ancienne de tout le continent dont la première édition a eu lieu en 1937 et a été remportée par l’Espagnol Mariano Cañardo. C’était d’ailleurs l’époque du grand Tour du Maroc aux allures de course professionnelle. C’était aussi l’époque où l’on surnommait les coureurs du Tour les  forçats de la route, car la pratique du cyclisme sur route à cette époque n’avait rien à voir avec les courses d’aujourd’hui où le coureur bénéficie d’une assistance technique rapide et performante, ce qui n’était pas le cas autrefois où celui qui crevait un boyau devait le changer tout seul. C’est pour cela, qu’au départ, tous les coureurs avaient au moins deux à trois boyaux de secours qu’ils portaient sous le guidon, sous la selle et sur les épaules, en plus de deux bidons sur le vélo et un, voire deux autres dans les poches arrières du maillot. El Gourche, feu Abderrahmane Farak, feu Gandora Lacheb et Abdallah Kaddour avaient connu cela vers la  fin des années 50,début des années 60 parce que les étapes étaient longues (plus de 200 km) et très difficiles et en particulier l’étape Agadir-Marrakech par le fameux col du Tizi N’test.
Feu Haj Mohamed Bahloul (Mohamed Ben Ahmed) était d’ailleurs le seul Marocain de sa génération à avoir remporté une étape du Tour du Maroc devant les cracks du vélo européen, comme l’a fait des années plus tard sous sa férule, Abdallah Kaddour qui a réussi l’exploit de battre les coureurs des pays de l’Est, chez eux, à la Course de la Paix, en remportant une étape; un exploit qui n’a d’ailleurs jamais été égalé.
Plus tard, El Gourche fera mieux en portant la barre encore plus haut puisqu’il est toujours le détenteur d’un record vieux de 45 ans. En effet, il est non seulement le seul coureur marocain à avoir remporté le Tour du Maroc, mais il l’a fait à trois reprises en 1960,1964 et 1965 qui fut, sans doute, l’une des plus belles éditions du Tour du Maroc.
Mustapha Nejjari et les coureurs de sa génération, les Afandi, Belkahla, Adlaoui, Benbouila,  Rhaïli, Rbib, Lahmami, Touzani, Laâfissi, Belcadi,…ont certes réussi à remporter une ou deux étapes, mais jamais le Tour qui a toujours été l’affaire des étrangers et notamment les Russes,les Allemands de l’Est et les Tchèques. Mais en ce temps-là, la concurrence était quand même de taille.
Voilà donc le contexte historique dans lequel se déroule cette 23e édition du Tour. Ses organisateurs comptent sur les membres du groupe de Maâmora, avec à sa tête les vétérans Mohamed Erregragui et Abdelaâti Saâdoune, qui a bêtement perdu la tête du classement africain, pour engranger des points permettant au Maroc de reprendre la tête des deux classements(individuel et par nation) perdue au profit de son poursuivant immédiat l’Afrique du Sud, ce qui est peu probable étant donné que les Sud-Africains, qui connaissent parfaitement le parcours de cette édition, seront de la partie.
Mais le grand défi à relever reste l’inscription du Tour du Maroc parmi les épreuves hors-catégorie (2.HC) ou tout au moins de première catégorie (2.1) pour mettre fin à cette situation humiliante qui n’a que trop duré. 


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