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Sous les préaux d'école, les nouveaux petits soldats de l'Armée rouge


AFP
Mercredi 4 Mars 2015

Sous les préaux d'école, les nouveaux petits soldats de l'Armée rouge
Vêtus de leurs uniformes bleu gris frappés de l'étoile rouge, on pourrait les prendre pour de jeunes recrues communistes de la guerre civile chinoise du siècle dernier. Mais ces gamins sont le coeur de cible d'une campagne bien contemporaine, avec l'école pour champ de bataille, pour gagner les faveurs de la jeunesse du pays.
"Nous sommes la nouvelle génération des petits guerriers de l'Armée rouge", s'égosillent en choeur les enfants, sanglés dans leurs vareuses, copiées sur celles des soldats de Mao Tsé-toung partis à la conquête de la Chine. Et, comme eux, "nous marchons de l'avant avec une fermeté incomparable", s'époumonent-ils.
L'hymne de l'Ecole élémentaire Armée rouge de Beichuan qui leur est enseigné, avec les hauts faits de l'histoire révolutionnaire, est un exemple un peu extrême de "l'éducation patriotique" remise à l'honneur par le Parti communiste chinois (PCC) pour redorer sa légitimité, même si des esprits critiques y voient surtout une nouvelle opération de bourrage de crânes.
Près de 150 de ces "Ecoles Armée rouge", un projet financé par les familles de "l'aristocratie communiste" issue de l'époque révolutionnaire, ont vu le jour depuis 2007 à travers le pays.
Les collines dentelées qui entourent le canton de Beichuan dans la province du Sichuan (sud-ouest) ont servi de refuge aux troupes communistes pourchassées dans les années 1930 par les nationalistes. Elles résonnent maintenant de l'écho des dizaines de voix enfantines chantant "L'étoile rouge scintille/Nous allons fortifier la mèrepatrie".
D'un coup, les rangs serrés s'éparpillent dans un joyeux brouhaha: c'est l'heure de rentrer en classe dans une bousculade sous le regard du président Mao et de son successeur, l'actuel président Xi Jinping, dont les portraits sont fixés au mur.
"Regardez cette gravure montrant l'Armée rouge dans les marais", dit en classe le maître d'école, Tang Jinping, devant un tableau électronique digital dernier cri. "Que ressentez-vous à l'égard des générations précédentes et de grand-papa Mao ?", demande-t-il à sa jeune assistance.
Un garçon de 12 ans lève vivement la main et débite d'un trait: "Je trouve que l'Armée rouge est très remarquable. Nous devons étudier l'esprit révolutionnaire !"
Situées dans de "vieilles zones révolutionnaires", les plus pauvres du pays, berceaux de la guérilla communiste, ces écoles particulières arborent le plus souvent les noms de dirigeants communistes.
Elles ne relèvent pas directement de l'armée mais visent à "améliorer les conditions misérables d'éducation" dans ces régions tout en "répandant l'esprit de l'Armée rouge", selon le site officiel du projet.
La plupart des parents de Beichuan sont partis travailler à la ville, confiant leurs enfants à ce "pensionnat rouge", généreusement financé depuis son ouverture en 2012.
L'initiative est venue de la veuve du maréchal He Long et de l'épouse de Li Ruihan, un retraité de la haute direction chinoise. La veuve de Deng Xiaoping a fait don de 100.000 yuans (16.000 dollars), et la mère de l'actuel président Xi Jinping, Qi Xin, 150.000 yuans, selon le site.
"Aujourd'hui, alors que la cupidité a envahi tous les aspects de la vie (...), inculquer l'idéalisme révolutionnaire est plus important que jamais", proclame le site du projet.
Ces écoles "vont fournir une grande contribution à la promotion de l'histoire du Parti et à l'éducation de la jeunesse par les méthodes révolutionnaires traditionnelles".
En chute libre après la décennie de la révolution culturelle (1966-76), "l'éducation idéologique" de la jeunesse chinoise a été remise en selle après la violente répression du mouvement étudiant à Tiananmen en 1989, sous la houlette du président Jiang Zemin, qui l'a réintroduite dès l'école primaire et même au jardin d'enfants.
Depuis, tout manuel scolaire comporte un chapitre essentiel dévolu à l'intrusion européenne en Chine au 19e siècle, intitulé "L'humiliation qui ne doit pas être oubliée", aussi important que la résistance communiste à l'occupation japonaise dans les années 1940, prélude à l'avènement du pouvoir communiste en 1949, synonyme d'ère de paix et de prospérité retrouvées. 


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