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Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences


PROPOS RECUEILLIS PAR M. TALEB
Samedi 8 Septembre 2012

Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences
L’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) a organisé, en collaboration avec l’Association jordanienne « Femmes contre la violence », un séminaire international à Casablanca sous le thème « Pour des sociétés sécurisées ».
Au menu de ce débat qui a regroupé des militantes et des militants venus de différents pays arabes figurait une panoplie d’activités. Ainsi, des participants de la Jordanie, de  la Tunisie, de l’Irak, de l’Egypte, de la Mauritanie, du Yémen ainsi que du Mali  ont animé des discussions ouvertes. Ils ont mis sous la lumière tous les détails qui touchent de près ou de loin le thème de la rencontre. Ainsi, des ateliers et des séances de réflexions scientifiques sur le phénomène de la violence contre les femmes ont été au rendez-vous. Jeudi dernier, la cérémonie d’ouverture a connu l’intervention respective de  la ministre de la Femme, de la Famille, de la Solidarité et du Développement social, Bassima Hakkaoui, du président de l’OMDH, Mohamed Neshnash et de Kholoud Khariss, présidente de l’Association «Femmes contre la violence ».
Au cours de son intervention, cette dernière a affirmé que « ce séminaire survient dans un contexte exceptionnel, du fait qu’on assiste ces derniers temps au développement de ce phénomène. Ce qui pousse à multiplier les efforts et à mettre la main dans la main pour y faire face».
Pour sa part, Bassima Hakkaoui a avancé des chiffres qui font froid dans le dos :  « Au Maroc, six millions de femmes sont victimes de violences. Pire, 55% d’entre elles sont victimes de violence conjugale », précisant que « la nouvelle stratégie de son département est axée sur la construction de nouveaux centres de soutien et de nouvelles procédures d’alerte».
Elle a également précisé qu’« il n’y a pas que la violence physique et verbale qu’il faut prendre en compte. Toutes sortes de discriminations idéologiques ou autres constituent une sorte de violence.  « Lorsqu’on écarte une femme d’une fonction, c’est une violence qu’on exerce sur elle », a-t-elle martelé.
Mme Hakkaoui a annoncé travailler  «dans le cadre de la continuité, sur un projet de loi pour la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, dans le cadre d’une commission mixte avec le ministère de la Justice », en compagnie duquel, elle va élaborer une loi qu’elle va  intégrer dans le Code pénal.
Pour ce qui est du « Conseil consultatif de la famille et de l’enfant », elle a indiqué que le projet est en cours d’étude.
Le président de l’OMDH,  Mohamed Neshnash a, quant à lui, salué les femmes présentes en les incitant à déployer plus d’efforts pour améliorer la situation des droits de la femme au Maroc ainsi que dans les autres pays arabes.
Les travaux du premier jour de ce séminaire ont été rehaussés par la présence de plusieurs militantes. Notamment Aicha Bellarbi, ancienne ambassadrice du Maroc auprès de l’Union européenne et membre du Conseil national de l’USFP, Aicha Loukhmas, membre du bureau politique de l’USFP, Nouzha Skalli, ancienne ministre de  la Femme, de la Famille, de la Solidarité et du Développement social et membre du Bureau politique du PPS, Aicha Echenna, présidente de l’Association des femmes contre la violence ainsi que plusieurs autres personnalités.
Les travaux du séminaire ont été également marqués par l’intervention d’Aicha Bah Bah, activiste féministe mauritanienne, qui a attiré l’attention des participantes sur le fait que «plus de sept adolescentes ou préadolescentes sur dix subissent des amputations  génitales en Mauritanie ».
Un autre phénomène répandu en Mauritanie et dans certaines  provinces du Sahara marocain, que Mme Bah Bah a dénoncé, est le Hgoune (engraissement provoqué des filles), qui entraîne un surpoids considéré dans  cette région du monde  comme un facteur de beauté.
Concernant la violence conjugale, elle a souligné que  « les femmes mauritaniennes sont constamment battues. « On ne juge pas comme péjoratif le fait de battre sa femme ». Pour les Mauritaniens, le fait de frapper son épouse est considéré comme l’expression d’une volonté de protéger le foyer conjugal. Dans certaines régions, les nouveaux mariés reçoivent des fouets comme cadeaux de mariage », a-t-elle ironisé.
Les femmes et l'immigration « forcée » ont également dominé les débats du congrès, qui s'est ouvert mercredi pour deux jours dans la plus grande ville du Maroc.
Foune Bintou, une activiste malienne doctorante en droit et ancienne enseignante à l’université de Bamako, a brossé un tableau significatif des violences que connaît actuellement  son pays ravagé par le  salafisme, en mettant en exergue les violences dont les femmes sont victimes. « Ces dernières années ont été marquées par une forte migration des femmes africaines, souvent enceintes ou avec leurs enfants à l'intérieur du continent et en Europe. Elles sont souvent victimes de violences de toutes sortes », a-t-elle souligné. «Fragilisées car étrangères et démunies, elles se trouvent parfois obligées de se prostituer pour survivre », a-t-elle ajouté.
«  Quand les salafistes ont envahi   ma ville, une femme est venue se réfugier chez moi. Elle m’a raconté qu’elle a été violée devant ses deux filles qui ont été violées à leur tour devant elle», a-t-elle raconté, les larmes aux yeux.

Déclarations

Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences
Aicha Lakhmas, membre
du B.P et députée USFP


« Le processus de lutte contre la violence touchant les femmes a commencé il y a près de deux décennies. En 1993, ses prémisses étaient en gestation.  Mais cela n’a  pris d’ampleur qu’après l’arrivée au pouvoir du gouvernement de l’alternance. A l’époque, il y avait un véritable engagement pour cette cause qui a figuré au programme du gouvernement  El Youssoufi. Lequel a par la suite établi une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’encontre des femmes grâce à une approche participative qui a regroupé des organismes gouvernementaux et des ONG.
Mais notre évaluation des retombées de cette stratégie qui a été mise au placard depuis déjà cinq ans, nous pousse à dire  qu’il y a un énorme travail à faire dans ce sens.
Cette cause nécessite une forte mobilisation, au niveau des ONG. On constate qu’elles sont entrées dans une phase avancée de leur organisation à travers des réseaux comme le «Printemps de la dignité » qui regroupe 22 associations et qui a déposé un mémorandum auprès des différents départements ministériels concernés et en particulier le ministère de la Justice ».
« Pour ce qui est de l’actuel gouvernement, on ne sait pas encore quelle orientation il a prise  dans ce domaine. Il n’a pas encore dévoilé son plan législatif. On ne  sait pas s’il va adopter  l’avant-projet du Code pénal élaboré par l’ancienne équipe gouvernementale ou bien qu’il dispose d’une autre vision ».

Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences
Khadija Yamlahi, membre
du Conseil national
et députée USFP


« La violence est un phénomène très répandu. Le  Maroc en tant que pays du Sud n’est pas préservé de ce phénomène. La particularité de cette conférence est qu’elle  intervient dans un contexte exceptionnel.
Certes un tel forum va nous permettre d’échanger nos expériences dans ce domaine. Or, que va-t-on échanger ?  Notre expérience n’a pas encore atteint ses objectifs. La loi-cadre relative à la lutte contre la violence faite aux femmes continue à faire du surplace. Les gouvernements se succèdent et je ne sais pas quand cette loi verra le jour. Dans ce sens, j’appelle tous les acteurs à multiplier leurs efforts pour que cette loi voie le jour.
Pour ce qui est de la prestation gouvernementale, force est de constater que huit mois après son investiture, il n’a  pas encore pu  nous éclairer sur son plan d’action. Il en a tracé les grandes lignes, mais il doit y avoir une approche participative, c’est-à-dire que le gouvernement doit coordonner son action avec la société civile ».

Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences
Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme, de la Famille,
de la Solidarité et du Développement social


«De tels événements constituent des occasions pour traiter les moyens à travers lesquels on peut faire face à de tels phénomènes. Les moyens législatifs en termes de lois à travers lesquels on peut cerner ce phénomène mais aussi la sensibilisation de la société du fait que le degré de civisme d’une société est jaugé à l’aune de la minimisation de la violence. Ça doit être une priorité pour les pouvoirs publics, la société civile, pour qu’on puisse aller de l’avant et  rompre avec pareilles pratiques».
La présence d’une seule femme au gouvernement ne constitue pas une sorte de violence. C’est seulement une anomalie qui doit être corrigée et dépassée dans le futur. On doit motiver les partis politiques afin qu’ils désignent des femmes aux postes de décision ». 

Séminaire de l’OMDH sous le thème “Pour des sociétés sécurisées” : Six millions de Marocaines victimes de violences
Mohammed Neshnash,
président de l’OMDH


« Le thème de cette rencontre a trait à de nombreuses sortes de violences : le terrorisme, les conflits armés…. Mais  ces derniers temps, on constate qu’il y a une montée des  violences opposant les pouvoir publics à leurs sociétés. La confrontation entre les manifestants pacifiques et les forces de l’ordre débouchent partout dans le monde arabe, y compris au Maroc, sur une violence inacceptable. On voit dernièrement que les pouvoirs publics commencent à déraper en agissant violemment contre les manifestations pacifiques. Surtout lorsqu’il s’agit des jeunes ».
Jusqu’à présent, le gouvernement a fait machine arrière dans le domaine de l’équité entre les hommes et les femmes. C’était très clair au moment de la formation du gouvernement.
Le fait qu’il n’y ait qu’une seule femme parmi 38 hommes signifie que l’Exécutif n’a pas accordé de l’importance au rôle joué par les femmes. D’un autre côté, on attend toujours l’application des dispositions constitutionnelles relatives à la parité. Le gouvernement n’a pas fait preuve d’équité dans toutes les mesures qui ont été prises en faveur des femmes. On attend avec impatience la promulgation des lois organiques pour y voir un peu plus clair».



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1.Posté par ONG AUTRE VIE le 08/09/2012 17:51
je salut cette initiative et souhaite une forte coopérations avec les organisateurs et l'ONG AUTRE VIE. www.ongautrevie.org. merci de nous rejoindre pour une lutte multisectorielle afin de finir avec la violence faite aux femmes et aux filles en Afrique regardé ces temoignage sur le site web http://www.ongautrevie.org/?cat=21

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