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Schizophrénie : Benkirane en trouble-fête dans un curieux costume de…syndicaliste


T. Mourad
Mardi 3 Mai 2016

• Immixtion dans des affaires en cours de jugement
• Règlement de comptes mesquins avec les adversaires politiques


Il ne passe pas un jour sans que le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane , ne divague ou ne dérape. Lors des festivités du 1er Mai organisées à Casablanca par le bras syndical du PJD, il a, encore une fois, prouvé qu’il n’agissait pas en tant qu’homme d’Etat, mais comme chef d’une faction politique qui n’a de cure que de chercher des bénéfices politiques temporaires au détriment de son statut qui lui fait pourtant obligation d’être au-dessus de la mêlée.
Commentant l’affaire du caïd de Derroua à Casablanca accusé de harcèlement sexuel, le chef du gouvernement a fourré son nez dans une affaire qui est encore devant la justice, en tenant un discours moralisateur en s’adressant à cet agent d’autorité en ces termes : «C’est honteux d’entrer dans la maison d’autrui», ajoutant : «Je ne sais pas comment on poursuit le caïd en liberté, alors qu’il était dans la maison d’une femme mariée, tandis que le couple est en prison».
Il convient de rappeler que la justice a rendu récemment un jugement dans cette affaire, en infligeant un an de prison ferme à l’époux, Rachid, en sus d'une amende de 2000 DH et quatre mois ferme à sa femme Siham. Une troisième personne, l’ami de Rachid, considéré comme complice parce qu’il a filmé et diffusé la vidéo du caïd en question dans la chambre à coucher du couple incriminé, a écopé, quant à lui de huit mois de prison ferme. Les trois inculpés doivent s’acquitter de 60.000 DH au profit du caïd. Dans la même affaire un auxiliaire d’autorité a été accusé de corruption et condamné à un mois de prison et un autre a été libéré. Par ailleurs, la plainte déposée par le couple à propos du harcèlement sexuel qu’il aurait subi pour se faire délivrer une autorisation de construction demeure pendante.
Dans le même contexte, Abdelilah Benkirane a également critiqué la position du ministère de l’Intérieur qui n’a pas sanctionné le caïd de Kénitra, accusé par des associations locales et des habitants dans l’immolation, début avril, d’une vendeuse ambulante.
Le professeur de sciences politiques, Abdellatif Agnouche, a vivement critiqué l’attitude du chef du gouvernement à l’égard des agents d’autorité. «Ce jeu du PJD et de Benkirane est dangereux. Je n’ai jamais vu un chef de gouvernement flageller les agents d’autorité dans le dessein de recueillir les voix du peuple opprimé lors des élections du 7 octobre prochain!», a martelé ce chercheur dans un post sur Facebook. Et de tancer: «Les propos de Benkirane sur les agents d’autorité, le jour de la fête du travail, et devant des milliers de personnes, entre dans une campagne électorale avant terme. Je ne suis pas contre cela, mais ce que je crois, c’est qu’il n’a pas le droit de faire sa campagne au détriment de ceux qui travaillent avec lui et de donner l’impression qu’il défend « les opprimés » contre des gens qui travaillent avec lui, tout simplement pour gagner les voix des électeurs».
Contacté par nos soins, un agent d’autorité qui a requis l’anonymat, a critiqué le fait que le chef du gouvernement ait agi de cette manière à l’égard des agents d’autorité et profité de cas précis à des fins purement électoralistes. Il a affirmé que les agents d’autorité sont consternés par ses propos contre deux caïds dont l’un  a été radié de ses fonctions et est poursuivi par la justice, alors que dans le cas du caïd de Kénitra, une enquête a été diligentée par le ministère de l’Intérieur. «Le chef du gouvernement est tenu de respecter le principe de la séparation des pouvoirs. Pour cela, il ne doit pas interférer dans le déroulement de la procédure surtout que l’affaire est pendante devant la justice», a martelé notre source. Et d’ajouter que les agents d’autorité affectés à l’administration centrale du ministère de l’Intérieur à Rabat (près de 70 cadres) sont consternés par la décision prise par Benkirane de «geler» leurs primes de logement. Notre interlocuteur nous a précisé que «cette  prime a été instituée en 2008 en vertu du Dahir portant statut des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, mais, en 2014, il a été décidé de ne les en faire bénéficier qu’à partir de 2012. L’information concernant cette décision ayant  fuité à dessein, Benkirane a décidé de geler purement et simplement tout octroi de cette prime». «Juridiquement, il n’a pas le droit de geler l’application d’un Dahir dont les dispositions ne peuvent être abrogées que par un autre Dahir», a conclu la même source.


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