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Réuni à Casablanca : Un tribunal symbolique condamne la légalisation du mariage des mineures


Mohammed Taleb
Lundi 9 Avril 2012

Réuni à Casablanca : Un tribunal symbolique condamne la légalisation du mariage des mineures
«Malgré tout ce qu’on a réalisé dans le cadre de notre lutte contre toutes les formes de violation et de discrimination contre les femmes, nous avons toujours des filles qui sont violées et par leurs agresseurs et par la loi, quand elles sont données comme offrande à cet acte terrible … Ces phénomènes remontent aux temps des infanticides et malgré l’existence des lois, des valeurs etc., nos filles sont toujours menacées dans leur chair… Le mariage doit être conclu entre majeurs et il doit être conforté par le respect». C’est ce qui découle de l’intervention d’Aïcha Lakhmas, présidente de l’Union de l’action féminine lors de l’allocution d’ouverture du 13ème tribunal de la femme, tenu samedi dernier à Casablanca.
Pour Nezha Alaoui, ex-parlementaire USFP qui a joué le rôle de présidente de ce tribunal constitué de Khadija Belftouh  Mekwar, activiste associative, Hariri Abdelmounaim, avocat au barreau de Casablanca, Aïcha Naciri, présidente de l’Association des femmes juges, Khadija Ben Daoud, avocate, Aïcha Al Hiyane, membre du bureau exécutif de l’UAF, Sabah Chraibi, présidente de l’Association «Espace et point de départ», Leïla Majdouline, avocate et présidente de l’Association Solidarité féminine et Mohamed Messaoudi, avocat au barreau de Casablanca qui a joué le rôle de procureur général.
Dans son intervention, Aïcha Al Hiyane s’est exclamée : «Combien nous faut-il d’Amina pour convaincre le législateur d’abroger l’article 20 du Code de la famille? Amina a été violée à deux reprises, une fois par son agresseur et une deuxième fois par la loi».
Par la suite, ce fut au tour du père d’Amina, Lahcen Filali, d’intervenir comme premier témoin. Il a relaté chronologiquement le film des événements qui ont poussé sa fille au suicide. Par la suite, les témoignages se sont succédé, dont un était d’une fille de 17 qui a été violée par le frère de l’une de ses amies, et qui  n’a pas pu faire part de son malheur à sa propre famille. Les autres témoignages ont émané d’une certaine Fouzia qui portait son bébé sur le dos et qui a dit avoir été violée à l’âge de 15 ans,  d’une fille qui s’appelle Meryem (15 ans) violée à deux reprises par son agresseur et son ami et celui de la mère d’une fille violée à l’âge de 13 ans par un homme issu d’une famille aisée.
Après que le procureur général a demandé l’abrogation de l’article 475, qu’il a considéré comme anti-constitutionnel et contradictoire avec les dispositions de l’article 485 qui parle franchement de violence, plusieurs avocates et avocats ont fait leurs plaidoiries. Entre autres Abderrahim E. Jami, bâtonnier de Casablanca, Meryem Jamal El Idrissi, Khadija Errougani et Annaoui Mustapha.
Quant à Meryem Lemzawaq, membre du lobby féminin européen, elle a précisé que le cas d’Amina Al Filali intéresse la communauté européenne et que 600 organismes ont signé un appel qu’ils ont remis au gouvernement suédois, aux Nations unies et à l’Union européenne pour presser davantage le gouvernement marocain à abroger l’article 475.
La dernière intervention, avant le délibéré des magistrats, était celle de Stéphanie  Brancaforte, la représentante du mouvement citoyen Avaaz, qui soutient cette campagne. Cette dernière a exprimé son soutien aux femmes et a remis aux parlementaires présentes, notamment Aicha Lakhmas, Saadia Al Bahi et Naima Farah, une pétition «pour qu’il n’y est pas d’autre Amina».     
Un lâcher de 475 ballons de baudruches a précédé le prononcé du jugement par ce tribunal symbolique. Celui-ci a porté sur la révision des articles 20 et 21 du Code de la famille qui autorisent le mariage des mineures, l’abrogation de l’article 475  du Code pénal qui permet le mariage du violeur avec  sa victime pour acquérir l’impunité et l’adoption d’une nouvelle loi qui interdit la violence à l’égard des femmes et qui assure sa protection.
Il demande aussi l’installation urgente de l’Instance de parité en application de l’article 19 de la Constitution, l’amélioration de l’image de la femme dans les médias, la propagation de la culture d’égalité et la responsabilisation de l’Etat au niveau de la sensibilisation.


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