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Régionalisation avancée et écosystème d’affaires : Comment vendre son territoire ?


Mustapha Elouizi
Mercredi 10 Mai 2017

Comment la régionalisation avancée doit-elle faire prévaloir un écosystème d’affaires propice? Et quels en sont les grands enjeux ? Ce sont les deux questions qui ont régi les actes de la première édition du colloque international qui a eu lieu les 4 et 5 mai à Fès. Initié par le Laboratoire de recherche en management international, techniques de décision et logistique, ce colloque qui s’est tenu au Centre de conférence de l’Ecole supérieure de technologie, s’est décliné, pour bien cerner ces problématiques, en conférences plénières et ateliers.
Dans un monde globalisé, les intervenants du développement tiennent surtout à anticiper les problèmes et obstacles. L’adaptation aux environnements en mutation semble constituer un enjeu majeur. Selon les organisateurs de ce colloque international, la démarche retenue pour aborder ce chantier de la régionalisation élargie et avancée se veut «un nouveau tournant dans les modes de gouvernance territoriale et un prélude à une nouvelle dynamique de réforme institutionnelle profonde», comme l’avait souligné SM le Roi Mohammed VI dans l’un de ses discours.
Il s’agit ainsi de marquer le démarrage d’une région à partir de ses propres potentialités, ses atouts et points forts. La création d’une valeur ajoutée dans la région n’est pourtant possible qu’à la faveur de ressources humaines  qualifiées et responsabilisées, bien conscientes des enjeux et challenges à relever. La valorisation des produits du terroir est certes un enjeu réel dans la mesure où l’on devrait surtout en faire un vecteur de changement. Ecotourisme, artisanat, agriculture, plantes aromatiques et médicinales, produits forestiers, etc  constituent autant de domaines à même de propulser les dynamiques mises  en synergie avec les différents acteurs locaux (coopératives, associations, artisans, paysans, administration, institutionnels…). Il faut par conséquent engager deux démarches essentielles en vue d’accompagner les mutations économiques des territoires : une piste globale (dynamique sectorielle) et une piste locale (organisation et mobilisation).

Attractivité territoriale
Plusieurs leviers sont requis pour mettre en valeur un territoire. Une conviction est cependant capitale : marquer l’existence d’une région d’un sceau identitaire déterminé. La démarche du développement territorial n’a que vingt ans d’existence, certes, mais elle intervient en tant que solution pour les politiques publiques imposées par l’Etat.  Selon la chercheuse Hind Moussaid, cela est au cœur des préoccupations des élus et des décideurs économiques. Mais, ajoute-t-elle, et afin de favoriser la mise en œuvre des projets de développement territorial, faciliter la coordination des groupes d’acteurs hétérogènes, contribuer à l’élaboration de dispositifs de concertation et décider en commun des futures voies de développement, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes complexes qui ne peuvent être appréhendés qu’à travers une gouvernance territoriale transversale.
De son côté, le chercheur Ahmed Benjelloun a souligné que l’attractivité d’une destination touristique est déterminée par la qualité de son offre et la démarche collective des différents intervenants qui œuvrent pour positionner la destination dans un environnement de forte concurrence. Dans ce contexte, le patrimoine culturel reste l’un des atouts de toute région souhaitant se positionner par rapport aux autres. Le chercheur est on ne peut plus clair : «La destination qui valorise son patrimoine culturel contribue à l’essor de son tourisme. L’exemple de Fès est pertinent, ajoute-t-il, dans la mesure où la capitale culturelle et spirituelle est dotée d’une offre riche et diversifiée alliant tourisme cultuel, patrimonial et culturel. Il serait cependant utile, voire impératif d’identifier le patrimoine comme vecteur de développement de l’attractivité de la destination.
Cependant, de nombreux participants ont indiqué lors de ce colloque que le principe de la microfinance, stipulé par la Banque mondiale dans l’objectif de lutter contre la pauvreté, est, selon plusieurs études, loin de constituer un palliatif aux problèmes des petites gens, notamment les femmes, et devient au fil du temps un lourd fardeau.

Gouvernance et
enjeu environnemental
La prise en compte de la donne environnementale dans les plans et projets de développement territorial se trouve désormais au cœur des débats entre intervenants. Si les chercheurs et les académiciens, ainsi que les militants de la société civile en indiquent l’importance et l’intérêt, les intervenants et surtout les décideurs locaux et régionaux semblent être à la traîne. La chercheuse Jihane Safi a réaffirmé que l’environnement est l’objet de nouveaux modes de gouvernance territoriale, selon deux raisons principales: d’abord, la complexité des problèmes d’ordre environnemental, ce qui nécessite impérativement la mobilisation de nombreux acteurs locaux et régionaux ; ensuite, les nouvelles formes de gouvernance ont aussi constitué un moyen à même de permettre aux politiques publiques de retrouver leur légitimité fortement critiquée.
Mettre en valeur la donne environnementale est une priorité. Cela permet de propulser des dynamiques interdépendantes, ce qui incite les territoires à mener des initiatives locales de concertation, à même de corriger ou d’inspirer les politiques publiques. Le territorial est riche par un autre type de capital, à savoir le capital social et territorial.
Potentiel humain et compétitivité territoriale
Toutes les théories économiques modernes assurent et soulignent la pertinence de l’harmonie entre le capital technique et le capital humain. Désormais, chaque entreprise est définie comme un ensemble unique de ressources (financières, techniques et humaines) et de compétences tangibles et intangibles qui expliquent l’écart de compétitivité entre les entreprises du même secteur. Dans sa communication, Sofia Loulidi met l’accent sur le fait que chaque entreprise, par conséquent, aspire à ce que ses propres ressources soient difficilement imitables par ses concurrents. Dans ce sens, les ressources humaines font souvent la différence et permettent de réaliser des avantages concurrentiels, au niveau de la valeur ajoutée, à la faveur d’un nombre de comportements, de bonnes pratiques et de politiques de gestion.
Le département des ressources humaines est donc considéré, selon les chercheurs Bouchra Benrais et Imad Andich, comme une source et un outil de rentabilité économique important pour l’entreprise, voire un maillon essentiel entre la direction générale, les cadres et les salariés. Il place sans ambages la richesse humaine au centre du débat. Il s’agit d’un moteur de changement et de mise en œuvre pertinente et appropriée de la stratégie globale de l’entreprise.  
Les participants ont tenu à marquer l’importance capitale du marketing territorial en tant qu’outil d’émergence et de développement d’une région. La marque, comme valeur tangible de promotion et d’évaluation qualitative, demeure l’un des indicateurs saillants du marketing territorial, afin de pouvoir différencier les régions et singulariser l’offre globale dans un marché concurrentiel.
Le contexte d’une mondialisation accélérée impose d’emblée une conduite stratégique afin de pouvoir être compétitif, et donc assurer un meilleur positionnement stratégique.

Abdelouafi Laftit : L'Intérieur œuvrera pour l’accélération du chantier de la régionalisation avancée

Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a assuré que son département œuvrera pour l’accélération du chantier de la régionalisation avancée, en promulguant les textes et les décrets d’application relatifs aux régions dans les délais fixés.
Intervenant devant la Commission de l’intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre de représentants, à l’occasion de l’examen du budget du ministère de l’Intérieur, il a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la régionalisation avancée, en tant que chantier structurant visant à réaliser un saut qualitatif dans la gouvernance territoriale et à promouvoir le développement territorial intégré et durable.
Les textes d’application prévus sont liés, essentiellement, au système financier des collectivités territoriales, la procédure de mise à jour du plan régional de l’aménagement territorial, les mécanismes d’accompagnement et d’appui par l’Etat aux instances territoriales et les compétences de ces dernières, a fait savoir le ministre lors de cette réunion, tenue en présence du ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Noureddine Boutayeb et des représentants de différents groupes parlementaires.
Evoquant les différentes actions entreprises, notamment en matière d’accompagnement des collectivités territoriales, il a souligné la signature de 48 conventions de partenariats avec un budget global de 27,48 MMDH, dont 5,85MMDH alloués par le ministère, dans le cadre des programmes de la mise à niveau urbaine, le programme d'approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER), pour un montant de 446,53 MDH en 2016 et le Programme d'électrification rurale global (PERG), dans le cadre duquel le ministère a poursuivi son appui aux communes n’ayant pas les moyens de financer leurs contributions (42,2 MDH en 2016). Le ministre de l’Intérieur s’est arrêté également sur les étapes franchies par le chantier de l'INDH, affirmant que 3.547 projets et activités ont été mis en place en 2016, au profit de 600.000 personnes, pour une enveloppe budgétaire de 2,4 MMDH (plus de 1,57 MMDH octroyés par le ministère).


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