Rafiq Boubker : J’ai eu des propositions de participer à des sitcoms durant le mois de Ramadan

Mais j’ai l’habitude de refuser tout ce qui ne me paraît pas convaincant.


Propos recueillis par Mehdi Ouassat
Samedi 11 Mai 2019

Cet acteur doué, qui
a étudié le cinéma en Italie, s’insurge contre
certaines pratiques
malsaines dans
ce domaine.
Et il fulmine tout
particulièrement contre ces sitcoms débiles, improvisées de toutes pièces, pour le mois de Ramadan, par des gens sans scrupules.



Libé: Il paraît que c’est votre rôle dans le téléfilm «La Classe 8» qui vous a rendu célèbre.
Rafiq Boubker : Effectivement, c’est «La Classe 8» qui m’a fait connaître auprès d’un large public. Mais il faut dire que j’avais participé, bien avant, à plusieurs films avec Mustapha Derkaoui. J’ai aussi joué dans plusieurs films étrangers. Ce qu’il y a de particulier avec «La Classe 8», c’est que je me suis plus ou moins glissé dans le rôle de l’élève chahuteur. Et puis il ne faut pas perdre de vue que le personnage lui-même suscite l’intérêt du public. Le rôle que j’ai incarné dans ce film m’a permis également d’être remarqué par les professionnels du cinéma. Avant ce film, je travaillais presque exclusivement avec Mustapha Derkaoui. C’est ainsi que je me suis produit dans nombre de ses films, entre autres, «Gharamiyat Haj Soldi» (Les Aventures amoureuses de Haj Soldi), «Ayoub» et «Taam Al Amal» (Le Goût de l’espoir). Mais juste après la sortie de «La Classe 8», j’ai commencé à intéresser d’autres metteurs en scène.

Il semble aussi que vous avez une préférence particulière pour le rôle d’un jeune délinquant.
 En fait, ce sont les metteurs en scène qui trouvent que j’ai le profil approprié pour incarner ce rôle. Mais en réalité, je me sens tout à fait à l’aise, en interprétant différents personnages issus du Maroc profond. Disons même que cela m’aide à m’épanouir davantage.
Bien évidemment, je ne cherche nullement à me cantonner dans ces rôles. Pour preuve, j’ai campé, par la suite, des personnages totalement différents. Et ce dans des films qui sortiront prochainement, comme «Zéro» et «Doumou’ Alfidda» (Larmes d’argent).

Vous avez joué un rôle principal dans le film «La route vers Kaboul» qui a battu tous les records. Comment avez-vous vécu cette expérience?
C’est un film plein d’audace. Le metteur en scène, qui n’est autre que Ibrahim Chkiri, a tenté là une expérience tout à fait originale. Il faut vraiment lui rendre hommage. De même que le patron d’Image Factory, qui a assuré la production de ce film. Car ils étaient tous deux conscients des risques encourus, en se lançant dans pareille entreprise. Il faut dire que ce genre de film n’est pas tout à fait habituel dans notre pays. Mais malgré tout cela, le film a connu un formidable succès. Il a même battu tous les records au box-office. Et cela a duré pendant de longs mois. Je ne vous cache pas que cela me comble de joie et de satisfaction.

Qu’est-ce qui préside à votre choix de travailler avec tel ou tel metteur en scène?
Je pense, pour ma part, qu’il y a deux catégories de metteurs en scène dans notre pays. Il y a d’abord ceux qui travaillent avec dévouement et qui s’inspirent essentiellement de notre vécu en tant que Marocains.
Et puis il y a ceux qui sont alléchés par le profit matériel. Ce sont des assoiffés d’argent qui veulent se faire une fortune sur le dos des acteurs et des techniciens. Ils sont malheureusement de plus en plus nombreux et ont même tendance à s’emparer de la scène artistique.
En ce qui me concerne, je travaille avec cinq ou six metteurs en scène marocains. C’est un choix délibéré. Quant aux autres, je refuse de collaborer avec eux, car c’est une véritable «mafia» qui cherche à dicter sa loi. Je ne peux absolument pas travailler avec des gens comme ceux-là. Je préfère rester chez moi, quitte à emprunter de l’argent à mes amis, plutôt que d’avoir affaire à de pareils individus.

Vous ne paraissez pas particulièrement tenté par les sitcoms.
 J’ai eu des propositions de participer à des sitcoms, durant le mois de Ramadan. Mais j’ai l’habitude de refuser tout ce qui ne me paraît pas convaincant.
Il faut savoir que j’ai étudié le cinéma en Italie et que je suis même titulaire d’un diplôme de metteur en scène. Je pense qu’il est grand temps de mettre tout cela en pratique, en m’occupant tout naturellement de la mise en scène. Cela ne m’empêchera pas de continuer à exercer en tant que comédien, dans des œuvres de bon aloi, quitte à accepter des cachets symboliques. Mais parallèlement, et en ma qualité de metteur en scène diplômé, je prendrai la place qui est la mienne, en passant derrière la caméra.

Quel regard portez-vous sur ce qui se fait actuellement à la télévision, en matière de sitcoms et de séries télé?
Je voudrais évoquer tout particulièrement ce qui se fait durant le mois de Ramadan dans ce domaine. Je n’hésiterai pas à dire que c’est vraiment révoltant. D’ailleurs, on pourrait poser la même question à n’importe qui, à propos de ces séries. La réponse sera certainement la même. Car les gens en ont ras-le-bol. Ils ne supportent plus ces productions de bas étage. Et puis cela est tout à fait néfaste pour les artistes intègres qui refusent de cautionner cet état de fait et qui préfèrent plutôt vivre dans une grande fragilité matérielle.


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